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Policières à Gaza, l’envers du décor
mardi 21 avril 2009 - Eman Muhammad - The Palestine Telegraph

Gaza Policewomen

Il y a l’uniforme, par exemple, dans une société où les codes vestimentaires ultra modestes signifient que le vêtement usuel des femmes est une longue et large robe, appelé Jilbab, et un foulard sur la tête. Parfois, c’est même un voile couvrant le visage avec juste une fente pour les yeux.

La nouvelle force de police féminine de Gaza - constituée il y a un an et demi avec environ 1000 agents de police et qui continue de s’accroître - s’adapte avec le port d’une longue jupe bleu foncé, d’une tunique bleue et d’un foulard.

Elles ont aussi un emploi du temps spécial qui leur est propre. En plus de traiter les dossiers, elles subissent un entraînement physique afin d’aider la police à s’occuper des filles et des femmes au cours des interventions et à intervenir lors des altercations entre femmes et adolescentes.

Poussées dans de nouveaux rôles

Mais les nouvelles forces féminines de Gaza n’avaient qu’une année d’expérience quand la catastrophe a frappé. Le 27 Décembre 2008, plus de 60 commissariats et postes de police ont été touchés par des missiles israéliens durant les 23 jours de guerre. Beaucoup de policières ont dû intervenir pour évacuer les civils des bâtiments dangereux.

L’une d’elles était Mariam Al-Bursh.

À un moment donné au cours des attaques concertées de décembre dernier sur les locaux de la police, elle aidait à évacuer les gens d’un poste de police, a déclaré Eman Hasan, une de ses collègues, dans une récente entrevue téléphonique.

Hasan a expliqué qu’Al-Bursh avait eu à guider les gens et les faire passer sur le cadavre de son propre mari tué dans l’un des raids aériens sur le bâtiment.

« Mariam a été le meilleur chef de file parmi nous », a déclaré Hasan à Women’s eNews. « Tout était devenu fou et des centaines de nos collègues policiers ont été tués, dont son mari, mais, elle a en même temps fait évacuer tout le monde. » Ghada Hassan, 30 ans, membre de la division juridique de la police, aide à préparer les dossiers pour le tribunal.

« Nous sommes bien formés sur la façon de traiter les situations dangereuses et de nous défendre nous-mêmes et les autres, en particulier les femmes », dit-elle. « C’est ce sens du devoir qui nous fait aller de l’avant. Même quand les attaques ont commencé, nous avons pu garder les choses en main, même si personne ne l’avait vu venir car nous sommes des policiers et des policières, pas des terroristes. »

Peu de soutien de la famille

Beaucoup de policières disent avoir peu d’encouragement ou de soutien pour le travail de pionnier qu’elles ont choisi.

"Ma mère et mon frère n’étaient pas d’accord avec l’idée qu’une jeune fille travaille comme agent de police, ou quoi que ce soit de ce genre," témoigne Hanady Karso, 26 ans, une recrue de la division d’enquête.

Mais elle a ajouté que sa mère et son frère comprendront sans doute un jour. « Je crois que mes collègues et moi rendons un grand service aux gens qui vivent dans la bande de Gaza en protégeant les femmes et en assurant une protection accrue de leur vie privée. Nous aidons également nos collègues masculins lors des raids sur des repaires de trafiquants de drogue ou de criminels présumés. »

Aisha Abu Nada, 50 ans, est enquêteur dans la nouvelle division féminine. Mère de sept enfants, elle dit que contrairement à beaucoup de ses collègues, sa famille n’a pas montré d’opposition.

Elle attribue cela à son passé d’avocate. Elle dit avoir changé de camp parce qu’elle voulait connaître une nouvelle expérience et pensait qu’elle pourrait aider sa communauté en servant dans les forces de police. Nada a ajouté que deux de ses filles ont rejoint la police, avec ses encouragements.

Nada, cependant, a dû renoncer à son nouveau type de travail. Sa maison a été gravement endommagée quand un avion de combat israélien a bombardé la maison d’un voisin. Après cela, elle a décidé de rester à la maison pour s’occuper de ses jeunes enfants, qui ont été gravement perturbés par l’attaque, et pour aider à reconstruire leur maison.

Dans une interview avant qu’il ne soit tué lors de l’attaque du poste de police en décembre dernier, Tawfiq Jaber, directeur de la police dans la bande de Gaza, a parlé en termes élogieux des progrès accomplis par la force de police en intégrant des unités féminines et en obtenant de manière surprenante un soutien social largement étendu. « Dans un très court laps de temps nous sommes allés très loin avec la division des femmes, ce qui signifie que nous sommes sur la bonne voie. »

Jaber a été tué par un raid aérien au cours d’une fête de remise des diplômes organisée pour les élèves policiers qui allaient intégrer son unité.

19 avril 2009 - The Palestine Telegraph / Diaries -
L’article original peut être consulté ici :
http://www.paltelegraph.com/
Traduction de l’anglais par : Brigitte Cope