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Elias Khoury, écrivain et journaliste
dimanche 19 avril 2009 - Interview par Aguilar Andrea - El Païs
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Elias Khoury - Photo : Jon Uriarte

Et il a rejoint les mouvements clandestins qui se sont mis en place dans les camps. En 1968, cet écrivain, l’un des plus respectés dans le monde arabe, est venu en Jordanie. Il a rejoint le Fatah et a commencé à travailler dans une revue.

Khoury a grandi dans une famille chrétienne, mais, agnostique déclaré depuis sa jeunesse, il est rentré au Liban et a combattu dans la guerre civile, où, à la suite d’une blessure il a temporairement perdu la vue. Il a travaillé avec les poètes Adonis et Mahmoud Darwish dans des revues comme Shu’un Falastini (Palestine Affairs) et Al-Karmel. A Beyrouth, il a étudié l’histoire, et à Paris, la sociologie. A New York il a été sous l’inspiration de son ami Edward Saïd. Il a écrit 11 romans et 4 livres de critique littéraire et dirige le supplément littéraire du principal quotidien libanais An-Nahar Daily.

En 1998, Khoury a publié « la grotte du soleil » (Alfaguara), le grand roman sur l’exode palestinien qui a maintenant été traduit en castillan. Ce livre, sur lequel il a travaillé pendant sept ans et qui a eu une grande influence sur sa vie, il en parle dans le café du Village, près de l’université de New York où il enseigne la littérature. Il est inquiet de l’accueil que le public palestinien réservera au livre (loin du langage de propagande politique). Dans des centaines de débats il a constaté que de nombreuses personnes s’identifient et confondent réalité et fiction. « Le lecteur ajoute ou supprime, projette. La littérature ouvre l’imagination », dit-il.

L’idée initiale qu’avait Khoury sur « La grotte du soleil » était de raconter l’histoire d’un homme qui va au Liban et sur sa femme qui reste en Galilée et sur les dangers qu’ils rencontrent pour se retrouver. Mais il a très vite compris que la Nakba, l’exode palestinien de 1948, n’avait jamais été comptabilisé. « J’ai dû partir de zéro et rechercher tous les détails là-dessus même si ce n’était pas l’élément principal du livre. »

Khoury est retourné dans les camps de réfugiés. Une femme âgée l’a pris sous son aile et lentement les portes se sont ouvertes. « J’ai commencé à comprendre comment les gens parlent, comment ils imaginent, comment ils se souviennent. Quand on a subi un traumatisme majeur on ne peut pas en parler. » Et par cette voie, il a aussi découvert l’autre, le côté israélien. « Tu ne peux pas l’intégrer dans ton histoire si tu ne le comprends pas. »

L’écrivain défend le pouvoir de la fiction. « Les histoires sont le seul refuge pour les opprimés. Il s’agit de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas. Mon problème n’est pas la Palestine, mais les Palestiniens. Ce qui m’intéresse c’est leur droit à une vie décente. Raconter la façon dont ils ont été traités dans le monde arabe a été un de mes combats. »

Khoury distingue le traumatisme et la nostalgie. « Pour un Palestinien en Jordanie, au Liban ou à Gaza, l’histoire n’est pas un souvenir, mais c’est le quotidien. Ils ont passé 61 ans dans les mêmes conditions. Pendant que nous parlons la catastrophe [Nakba] continue ». Il a passé beaucoup de temps avec ces personnages et n’exclut pas de retourner les rencontrer. « Je ne suis pas un porte-parole des Palestiniens, j’essaie juste de raconter le désastre d’un peuple qui appartient à une nation qui a disparue ».

Le roman « La grotte du soleil » sur l’exode palestinien, est publiée en castillan

12 avril 2009 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/cult...
Traduction de l’espagnol : Charlotte