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« On nous demande d’être des victimes consentantes »
jeudi 26 mars 2009 - Une interview de Raji Sourani - PCHR
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Raji Sourani

Son directeur, Raji Sourani, se montre satisfait de la décision du juge Fernando Andreu d’enquêter sur la mort de 14 civils palestiniens dans un bombardement israélien en 2002. Sourani (Gaza, 1953), l’un des initiateurs de la plainte, est convaincu que la justice espagnole restera sourde aux pressions Israéliennes.

Question : Que pensez-vous de la décision de la justice espagnole d’enquêter sur la mort de 14 civils palestiniens en 2002 ?

Cela montre l’indépendance de la justice espagnole. C’est un moment historique et une victoire pour les victimes et un [premier aboutissement] des poursuites judiciaires.

Q : Pensez-vous que le procès aboutira ou qu’il sera ralenti par le gouvernement espagnol ?

J’espère et je suis convaincu que la justice espagnole conservera son indépendance.

L’ambassade d’Israël a envoyé hier au juge la documentation demandée pour tenter d’arrêter l’affaire.

Nous avons epuisé toutes les voies légales pour que le cas soit traité en Israël. Certains de nos collègues israéliens ont tenté de faire examiner l’affaire par leurs autorités et ils en ont aussi été empêchés. L’État d’Israël n’a répondu à aucune des requêtes. Le juge Andreu a demandé à plusieurs reprises les pièces concernant cette affaire et les Israéliens n’ont répondu à aucune de ses demandes.

Q : Ce procès permettra t-il de réduire l’impunité de l’armée israélienne ?

Bien sûr. Nous avons plusieurs dossiers ouverts dans d’autres pays contre les crimes israéliens. Nous défendons la valeur de l’action de la justice afin qu’elle soit plus forte que la loi de la jungle. Au cours des dernières années, Israël a amplifié les mesures pour protéger les criminels de guerre présumés.

Q : De quelles mesures parlez-vous ?

Les peines de sept ans d’emprisonnement pour ceux qui fournissent des preuves qui conduisent ses soldats devant le tribunal. Ils délivrent des passeports avec de faux noms pour que les militaires impliqués dans des crimes de guerre puissent voyager librement. Ils ont également envoyé des délégations dans plusieurs pays européens afin de faire pression sur leurs gouvernements pour qu’ils enlèvent les lois qui amèneraient à les poursuivre. Mais nous ne pardonnons ni n’oublions les crimes contre des personnes innocentes.

Q : Y aura-t-il plus de procès pour l’offensive israélienne contre Gaza et ses plus de 1300 morts ?

Il existe des obstacles juridiques, mais Olmert, Barak et Livni, finiront par rendre des comptes devant la justice pour les crimes perpétrés dans la bande de Gaza. Les crimes qui ont été vus en direct à la télévision.

Q : Israël accuse le Hamas d’utiliser des civils comme boucliers humains.

C’est quelque chose que nous devons démontrer preuves à l’appui. Si le Hamas les ont utilisés comme boucliers humains, ça ne donne pas à Israël de justification pour attaquer de façon brutale des sites qu’ils savent remplis de civils. Dans les discussions sur les auteurs du bombardement de 2002 on peut entendre comment l’un d’entre eux a mis en garde contre le risque sur la population civile et l’armée lui ordonné de passer à l’attaque.

Israël continue d’accumuler, comme une boule de neige, les crimes contre la population civile palestinienne. L’attaque de Gaza n’était pas dirigée contre le Hamas ou le Fatah, mais contre le peuple palestinien. Pendant que tout le monde nous demande d’être des victimes consentantes.

Q : En tant que centre indépendant avez-vous eu des problèmes avec le Hamas et le Fatah.

C’est très sain. Si nous n’avions pas de problèmes avec les deux parties c’est que quelque chose irait mal. Tout d’abord nous déplorons les abus commis par le Fatah et ensuite ceux du Hamas.

Q : Croyez-vous à la réconciliation palestinienne ?

Je suis optimiste. Mais nous avons besoin d’unité pour retrouver la force. Nous demandons à Israël, à l’Europe et aux États-Unis de cesser d’interférer dans la politique palestinienne en faisant pression sur le président Mahmoud Abbas pour qu’il choisisse entre eux (Hamas) ou la communauté internationale.

Q : Que pensez-vous du rôle que joue l’Europe dans le conflit israélo-palestinien ?

La position européenne est stupide, injuste et moche au niveau gouvernemental. Dans le travail de base sur le terrain, c’est le rapport humain qui es génial et nous en sommes très fiers. L’Europe a amélioré ses accords avec Israël alors que des crimes étaient commis contre les Palestiniens. C’est une honte. Nous demandons la suspension des accords commerciaux préférentiels entre l’Europe et Israël.

Raji Sourani est interviewé par Oscar Abou-Kassem

1° février 2009 - Al Qods Palestina - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.alquds-palestina.org/mod...
Traduction de l’espagnol : Charlotte