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Les bombes au phosphore pleuvent sur Gaza
mercredi 14 janvier 2009 - Hiyam Noir
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8 janvier 2009 - Ville de Gaza - La barbarie de l’armée israélienne ne connait pas de bornes - Photo Fady Awan

Des nuages blancs couvrent le ciel de Gaza, comme sur les camps de réfugiés de Khan Younis, Beit Lahia et sur la ville de Gaza elle-même. Samedi, des avions F16 israéliens ont lancé des attaques en jetant des bombes au phosphore sur le bloc 2 du camp de réfugiés à forte densité de population de Jabalya. Beaucoup d’habitants de Jabalya se sont enfuis de la zone en couvrant leurs visages, à la recherche d’un abri dans la maison de parents ou d’amis près de là, à Beit Lahia, pour se protéger des Israéliens et de leurs attaques.

Gaza a toujours été pour les Israéliens « un terrain d’essai » - depuis les produits agissant sur le système nerveux comme à Khan Younis en 2003, jusqu’aux bombes sonores « des raids aériens fantômes », et l’utilisation de DIME durant les massacres perpétrés par les Israéliens lors de l’opération appelée « Pluie d’été » contre la bande de Gaza en 2006.

Dans la nuit noire, le bruit terrifiant des drones [petits avions sans pilote] peut être entendu alors qu’ils survolent la partie nord de la bande de Gaza.Beaucoup de morts et de blessés à cause des frappes israéliennes, sont causés par des drones. Les drones utilisent avec précision des dispositifs de commande à distance pour lancer des missiles contre des cibles. Un drone peut lancer des bombes, prendre des photos de petites plaques d’immatriculation de voitures à plusieurs milliers de mètres de distance, et aussi reconnaître et pister l’origine de signaux de téléphones portables.

Ce vendredi, le PCHR, le Centre palestinien pour les droits de l’homme à Gaza, a accusé dans un communiqué les Israéliens d’utiliser des bombes au phosphore sur la bande de Gaza. Raji Sourani, le président du Centre palestinien, a déclaré : « ce n’est pas la première fois que nous [PCHR] avons constaté que les Israéliens utilisent des armes chimiques interdites contre les populations civiles de Gaza.

Marc Garlasco, analyste au HRW [Human Rights Watch], a déclaré dans une interview à la télévision française (chaîne 4) que « l’artillerie israélienne a tiré des obus incendiaires au phosphore blanc sur la ville de Gaza ». Garlasco a ajouté : « J’étais à la frontière au cours des derniers jours, et j’ai vu l’artillerie israélienne tirer des obus au phosphore blanc sur les camps de réfugiés ».

Dimanche, les militaires israéliens ont nié les accusations en disant : « nous ne voulons pas parler des armes que nous utilisons ».

« Je peux vous assurer que nous n’utilisons pas les armes qui sont interdites par le droit international. Nous savons que d’autres nations utilisent des bombes de phosphore, et nous avons le droit de ne pas faire de commentaire sur ce sujet », a déclaré le porte-parole militaire israélien.

Au cours de l’invasion de l’Irak, les forces d’occupation des Etats-Unis ont utilisé des bombes au phosphore contre la population civile dans Falluya. Les Israéliens ont été également accusés d’utiliser des bombes au phosphore contre des cibles civiles au Liban durant la guerre de 2006. Au début les Israéliens ont nié ces accusations, mais lorsqu’à la suite d’une enquête ces faits ont été très largement prouvés et confirmés, les Israéliens n’ont pu nier l’évidence.

Le directeur des services d’urgence à l’hôpital Shuhada Al-Aqsa dans la ville de Gaza, Habas Al-Wahis, a déclaré à des journalistes il y a de cela 3 ans, que dans plusieurs cas, les jambes et les bras des victimes ont été tranchés à partir de leur corps ; Al Wahis disait : « comme si un engin puissant avait été utilisé pour couper à travers l’os, mais il n’y avait pas de les habituels éclats de métal visibles à proximité des blessures. » À l’hôpital Al Shifa, à Gaza aussi, le Dr. Juma Saka avait déclaré alors en 2006 que : « notre hôpital a trouvé de petites entrées de blessures sur leurs corps des morts et des blessés, et une poudre répandue sur les corps des victimes, ainsi que dans leurs organes internes. »

Selon le Dr Saka « la poudre est comme des éclats microscopiques d’obus, et elle cause probablement les blessures ». Des journalistes italiens de TV Ray, la chaîne 24, ont rapporté des échantillons de cette poudre de la bande de Gaza, de retour à Parme en Italie. Carmela Vaccaio, médecin à l’Université de Parme, a examiné des échantillons de cette poudre, et il s’est avéré qu’ils contenaient une forte concentration de carbone, de cuivre, d’aluminium et de tungstène. « Ces conclusions pourraient être en cohérence avec l’hypothèse que l’arme en question était un métal inerte dense et explosif, ou DIME » a déclaré Valesco.

Un DIME [Dence Inert Metal Explosive] est un missile enrobé de carbone qui produit des éclats minuscules sur la cible. Le missile déclenche une explosion qui répand des lames chargées d’énergie, faites de métaux lourds en alliage de tungstène en poudre (HMTA), tels que le cobalt, le nickel ou le fer, et de fibres de carbone. Sur l’impact la matière se transforme en poussière, tandis qu’elle perd très rapidement de l’énergie à cause de la résistance de l’air, brûlant et détruisant tout dans un rayon de 4 mètres par opposition à des éclats d’obus qui résultent de la fragmentation d’une enveloppe métallique.

Le métal est dit « inerte », car il ne contribue pas au souffle réel, et non parce qu’il est chimiquement ou biologiquement inerte. Dans de nombreux cas, les médecins ont constaté que leurs patients mouraient subitement durant les premiers jours suivant l’attaque, alors qu’apparemment ils se remettaient. « Nous ne savons pas ce que cela signifie, s’il s’agit de nouvelles armes ou de quelque chose qui aurait été ajouté à des armes déjà existantes » a déclaré Saied Joudda, le directeur-adjoint de l’hôpital Kamal Edwan dans Beit Lahia.

Ces blessures ont d’abord été vues en juillet 2006, après que les Israéliens aient lancé une vaste offensive militaire contre Gaza un mois plus tôt ; à la fin du mois de juin, les Israéliens avaient tué au moins 286 Palestiniens et blessé 4200 autres, selon les estimations des services d’urgence gouvernementaux de la bande de Gaza.

Le tungstène, le principal matériau à se répandre sur la zone ciblée, est dit-on aussi hautement cancérigène et nocif pour l’environnement. Selon le magazine New Scientist, John Kalinich, biologiste au Armed Forces Radio biology Research Institute dans le Maryland a déclaré que dans une étude visant à simuler des blessures d’éclats d’obus, des granulés en alliage de tungstène ont été implantés dans 92 rats. Dans un délai de cinq mois, tous les animaux ont développé un cancer rare appelé rhabdomyosarcoma. Les effets cancérogènes des HMTA ont été étudiés par les forces armées des États-Unis depuis au moins l’année 2000 (avec de l’uranium appauvri). Ces alliages se sont révélés être à l’origine de transformations de cellules humaines.

Le Dr Mark Witten, un chercheur sur le cancer à l’Université de l’Arizona, s’est dit préoccupé par les liens possibles entre le tungstène et la leucémie. « Mon opinion est qu’il y a un besoin de beaucoup plus de recherches sur les effets du tungstène sur la santé, avant d’avoir encore plus recours à son usage militaire », a-t-il dit.

Ultérieurement, dans un communiqué, les Israéliens ont nié l’utilisation d’armes DIME, ajoutant que « pour des raisons opérationnelles, les forces israéliennes ne pouvaient pas préciser le type et l’utilisation des armes en leur possession ».

13 janvier 2009 - Uruknet - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.uruknet.info/?p=m50761&a...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach