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La mesure de l’indécence
mardi 13 janvier 2009 - Luis Lema - Le Temps

« Les Palestiniens doivent comprendre dans les plus profonds recoins de leur conscience qu’ils sont un peuple défait », disait en 2002 le chef de l’armée israélienne Moshe Yaalon. C’est cela qui est en jeu. L’usage de la force brute pour « faire comprendre », une fois pour toutes, qui est le vainqueur et qui est le vaincu. La reddition sans condition. La menace, au moins symbolique, de l’annihilation.

En préparation de leur exercice sans précédent, les Israéliens ont écarté, depuis des mois déjà, la présence de tout témoin qui pourrait entraver leur écriture de l’histoire. Pas de journalistes, pas de gêneurs, une seule version : Israël est en droit de se défendre face à la pluie de roquettes qui met en danger sa sécurité. Les Genevois feraient pareil ; les Lausannois aussi ; tout comme les New-Yorkais, ajoutent des publicités sur des pleines pages des journaux américains.

Cette version est si tronquée qu’il vaut peut-être, encore, la peine de rétablir d’autres vérités : les Gazaouis n’ont pas choisi de s’entasser dans leur prison. C’est l’histoire, la guerre et la défaite qui les ont amenés là. Depuis, malgré la fin des colonies israéliennes illégales en 2005, les Palestiniens restent un peuple occupé. A défaut de demander aux vainqueurs une grandeur d’âme qu’ils ne montrent pas, reste le droit international. Il est valable pour tous. Pour les barbus du Hamas et a fortiori pour ce pays qui se présente sur tous les tons comme la seule démocratie du Proche-Orient.

Six mois de cessez-le-feu n’ont pas amené les Israéliens à lever le bouclage de la prison comme ils s’y étaient engagés. Ce sont eux qui ont enterré toute perspective politique en tuant début novembre sixmembres du Hamas. Mais, au-delà de ce déroulé, restent les conséquences. En humiliant l’Autorité palestinienne (certes corrompue, certes inopérante) et son chef Mahmoud Abbas, la puissance occupante israélienne a fortement contribué à installer le Hamas au pouvoir à Gaza. Maintenant, dans le meilleur des scénarios, le Hamas sera détruit. Et ensuite ? Qui, une seule seconde, pourrait penser que ne surgiront pas de ce tas de décombres des forces plus résolues encore, plus sombres et plus incontrôlables ? Cette guerre est un nouveau et gigantesque fiasco. D’abord pour les Israéliens eux-mêmes et pour tous ceux qui se proclament leurs alliés.

13 janvier 2009 - Le Temps