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Racisme et violence anti-arabes dans Hébron
dimanche 7 décembre 2008 - Juan Miguel Muñoz
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Profanation d’un cimetière musulman par les colons juifs - Photo : El Païs

Des colons juifs ont blessé un soldat israélien, ont profané une mosquée, ont bloqué les roues de véhicules militaires dans une journée de vandalisme resté impuni.

Des dizaines de fois ces dernières semaines, les membres du gouvernement israélien ont averti qu’ils ne tolèreraient pas les actes de vandalisme des colons juifs en Cisjordanie. C’est ce qu’ont déclaré le Premier ministre, Ehud Olmert, le chef de la Défense, Ehud Barak, des députés, des commandants militaires, les chefs de la police ... Les colons les plus radicaux sont de vieilles connaissances. Parmi eux, Noam Federman, un habitant d’Hébron, détient un record difficile à battre : 41 arrestations. Jamais trop longues. Dans un de ses procès, des années auparavant, il a été accusé d’avoir placé une bombe à l’entrée d’un collège palestinien de filles.

Hier soir et ce matin, ils sont revenus à la charge à Hébron. Aucun d’eux n’a été arrêté. Et pas parce qu’il n’y avait pas de policiers ou de présence militaire. Elle est toujours importante dans l’endroit où la tradition dit que le patriarche Abraham est enterré. Les soldats ont été attaqués, un colon a blessé un militaire après lui avoir lancé de l’essence, ils ont profané une mosquée, ont bloqué les roues de véhicules militaires, ont jeté des pierres sur des palestiniens et ont tagué des locaux de la ville : « Mohammed, cochon », « Mort aux Arabes ». Les porte-parole de l’armée ont promis une fois de plus d’amener les auteurs devant justice.

La brutalité déchaînée des colons d’Hébron a pour origine un différend juridique. Il y a quelques jours, la Cour suprême israélienne a ordonné que 150 fanatiques juifs évacuent une maison (ils l’appellent "la maison de la paix"), qu’ils occupent depuis début 2007. L’arrêt indique que les titres de propriété de l’immeuble ont été falsifiés, situé à mi-chemin de la colonie de Kiryat Arba et du tombeau d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Ils devaient quitter le bâtiment avant le mercredi midi, dernier délai. Ils ont refusé. Maintenant, les forces de l’ordre, selon certains experts juridiques, ont un mois pour procéder à l’expulsion. "Il n’y aura pas de compromis », soulignaient hier les porte-parole des colons.

Ils jouissent de l’impunité. Les gouvernements israéliens qui, pendant quatre décennies ont encouragé, et impulsé ce qui se passe aujourd’hui, l’expansion des colonies de peuplement, ne font aucun effort pour enrayer la violence. Ils ont une armée très puissante, avec un déploiement policier impressionnant dans cette ville. Mais leur mission est précisément de protéger les colons. Ils ne leur touchent pas un cheveu. Une attitude aux antipodes même de celle qu’ils appliquent lorsque la protestation arrive du côté palestinien.

Sans aller plus loin, hier mercredi, les tentes dans lesquelles avait décidé de vivre le couple Al Kurd à Jérusalem Est ont été démontées. Ils avaient monté la tente la semaine dernière après avoir été délogés de leur maison (maintenant occupée par des colons) où ils habitaient depuis 50 ans, après avoir été expulsés de leur maison précédente à Jérusalem Ouest en 1956. Ils supporteront les coûts de l’opération de police de mercredi. Peu importe si les tentes ont été installées sur une propriété privée appartenant à un Palestinien. La protestation a pris fin.

Lorsque les colons marchent de travers, tout est différent. La semaine dernière, une vingtaine de diplomates de différents pays du monde a visité la ville. Et comme d’habitude, les colons, mégaphone et caméras en main, ont interrompu le parcours des consuls. Il y a eu des querelles avec les diplomates. Et la police a pris une décision fidèle à sa politique. Les consuls ont été isolés, placés devant un mur et on leur a ordonné de quitter la ville.

Depuis deux mois, les colons sont déchaînés. Ils ont agressé les populations palestiniennes de Cisjordanie et tiré aux pieds de quelques uns de ses habitants, ils ont agressé les agriculteurs qui récoltaient des olives ; ils ont lancé des chiens sur l’armée israélienne, ils ont détruit des douzaines de voitures d’Arabes ... La réponse des dirigeants politiques se répète. « Les policiers doivent arrêter les responsables et les juger", a déclaré aujourd’hui Otniel Schnelle, parlementaire de Kadima, le parti au gouvernement, qui a, cependant, ajouté qu’il s’oppose à l’évacuation des colons de la "maison de la paix ».

Du même auteur :

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20 novembre 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Charlotte