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Disparition d’Abie Nathan, pionnier du pacifisme israélien
dimanche 31 août 2008 - Juan Miguel Muñoz - El Païs
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Abie Nathan - Photo : AP

Vous pouvez dénombrer aujourd’hui sans effort les membres du minuscule mouvement israélien pour la paix. Abraham Jacob Nathan en était certainement un pionnier. Cet homme né en Iran, élevé en Inde, pilote de chasse et fondateur ensuite de la station de radio La Voix de la paix, est décédé à 81 ans ce mercredi 27 août à l’hôpital de Tel-Aviv.

Depuis une dizaine d’années il vivait en retrait complet après avoir subi deux attaques cérébrales qui l’ont laissé muet.

Abie Nathan était une personnalité (pilote de l’armée de l’air israélienne qui ne savait pas conduire une voiture) très singulière. En 1965, il s’est présenté aux élections avec un programme insolite : il a promis d’aller au Caire en avion pour entamer des négociations de paix avec le Président Gamal Abdel Nasser.

Les électeurs ne l’ont pas suivi. Mais l’année suivante, il a tenté de réaliser son projet délirant : il est allé avec son avion privé seul en Egypte.

Il n’a pas pu rencontrer les dirigeants égyptiens, mais il a réussi à attirer l’attention de l’opinion publique israélienne. Il volera à plusieurs reprises vers les pays arabes.

Cétait un rêveur. Excentrique, romantique et bohème. Les fêtes dans son bar à Tel-Aviv — où le haschisch circulait — étaient réputées. Et il était également très individualiste, peu porté sur le travail d’équipe. Comme le définit l’ancien homme politique de gauche Yossi Sarid, "il était en avance sur son temps et il a tout fait par lui-même."

En 1973, il s’est engagé sur un autre projet qui a duré deux décennies. Il a acheté avec l’aide financière de John Lennon, un navire à partir duquel il a créé une radio pirate : la voix de la paix. Elle était très populaire, surtout parmi les jeunes, qui pouvaient écouter de la musique anglaise entrecoupée de messages pacifistes en arabe et en hébreu.

Peu de temps auparavant, le gouvernement israélien avait interdit aux Beatles de jouer en Israël.

Au milieu des années soixante-dix il s’était entretenu avec le dirigeant palestinien Yasser Arafat, ce qui lui a coûté un an de prison.

C’était le temps où tout contact avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) était sévèrement puni.

Dans les années quatre-vingt, il n’a pas hésité à se rendre à Gaza, où il s’est entretenu avec Mahmoud Zahar, qui est aujourd’hui l’un des principaux dirigeants du Hamas. Il avait apporté des jouets pour les enfants.

Meir Margalit, une activiste qui le connaissait bien, a déclaré hier : " Quand personne ne savait que le Bangladesh existait, il avait déjà organisé une cargaison d’aide après une inondation ou un tremblement de terre. Il n’avait pas de vision politique, mais une vision globale. Parfois il était naïf, mais un gentil naïf. "

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29 août 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/Necr...
Traduction de l’espagnol : Charlotte