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Israël libère 198 prisonniers palestiniens, reçus comme des héros en Cisjordanie
samedi 30 août 2008 - Sal Emergui - El Mundo
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11 000 prisoniers politiques palestiniens confinés, maltraités et souvent torturés dans les geôles en Israël.

C’est un jour spécial pour les 198 familles qui retrouvent les leurs. Suite à la décision du Premier ministre, Ehud Olmert, Israël a libéré ce matin 198 prisonniers palestiniens. « Un geste de bonne volonté envers notre interlocuteur dans le processus de paix, Abu Mazen, » disent les porte-paroles israéliens . Une façon, disent-ils, de consolider l’image du rais (chef d’état dans les pays arabes) dans la société palestinienne dont les prisonniers constituent un des points les plus sensibles.

Un message également destiné au groupe islamiste Hamas, qui depuis qu’il détient le soldat Guilad Shalit espère son échange avec près d’un millier de prisonniers palestiniens, dont 450 accusés d’avoir planifié et commis les plus graves attentats des 15 dernières années. Sami Abu Zuhri, porte-parole du Hamas, a déclaré qu ’ « Israël a libéré uniquement des prisonniers appartenant ou sympathisants du Fatah, dans une tentative de plus pour diviser les Palestiniens ».

« Israël a bien fait de libérer ces prisonniers, mais il y en a encore des milliers dans les prisons et ils continuent d’en arrêter. C’est pourquoi le nombre des prisonniers ne diminue pas », nous explique l’ancien combattant Said sur la place centrale de Manara à Ramallah. Une ville qui s’est levée ce lundi pour célébrer et recevoir les prisonniers comme des héros. Comme d’habitude, la fête principale a eu lieu dans la Mukata, siège du gouvernement palestinien. Après avoir reçu les baisers et les éloges d’Abou Mazen, les 196 hommes et 2 femmes ont rejoint leurs foyers dans toute la Cisjordanie.

L’Autorité nationale palestinienne (ANP) se félicite, mais avec un très grand « mais ». « C’est un pas dans la bonne direction et nous devons négocier pour obtenir plus de libérations. Ce n’est pas suffisant 198 prisonniers c’est une goutte dans un océan de 11 000 prisonniers », a déclaré le ministre chargé des prisonniers, Ashraf Ajrami, qui a accueilli personnellement chacun des libérés.

En Israël, entre-temps, il y a un sentiment de « déjà vu » parce que c’est la troisième vague de libération de prisonniers en vertu de la politique appelée « geste de bonne volonté » envers Abou Mazen. La droite en Israël a montré sa colère, au point que le chef de l’opposition et ancien Premier ministre, Beniamin Netaniahu affirme : « C’est une mesure qui ne sert à rien, uniquement à libérer des terroristes. Des centaines ont été libérés depuis le sommet à Annapolis. En échange de quoi ? Au lieu de montrer la force, nous libérons des assassins pendant que Guile Shalit reste détenu à Gaza. » Dans la liste, il y a 2 prisonniers qui accomplissaient une longue peine pour le meurtre d’Israéliens, 48 qui ont tenté de commettre un meurtre et 30 qui ont placé des explosifs sans causer de victimes.

Alors que la Secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice arrive à Jérusalem ce matin, pour tenter l’impossible (un accord, mini-accord ou tout autre document de paix avant l’échéance présidentielle), les prisonniers palestiniens ont été transférés à la prison israélienne de Ofer, près de Ramallah. Avant de monter dans les autobus pour rejoindre la capitale de la Cisjordanie, les prisonniers ont signé un document dans lequel il se sont engagés à renoncer à la violence.

A peine dans les autobus décorés de drapeaux palestiniens et de drapeaux du Fatah les prisonniers levaient les mains en signe de victoire. « C’est un triomphe de notre lutte », a crié l’un des plus connus, Hussam Jader, membre du Conseil législatif palestinien et arrêté en 2003. Abou Mazen les a reçu dans une fête émouvante et combative. « Il n’y aura jamais de paix sans la libération de tous les prisonniers palestiniens », a t-il averti.

Tous les yeux se sont dirigés sur le prisonnier palestinien qui est resté le plus de temps derrière les barreaux, Said Attaba, de Naplouse (56). 31 années emprisonné en Israël depuis qu’il a été arrêté en 1977 et accusé d’être responsable de plusieurs attentats, parmi lesquels la mise en place d’une bombe sur le marché dans Petach Tikva qui a tué un Israélien. « C’est une victoire de la liberté sur la prison, sur les menottes », réussit à s’exclamer Attaba dans ses premières minutes de liberté et de bonheur en Cisjordanie.

« Il y a longtemps qu’il devait être libéré. Il a passé plus de 30 ans enfermé dans une prison il aurait dû être le premier prisonnier libéré », dit Sana sa s ?ur qui avait 15 ans quand il a été arrêté. Il y a quelques mois, j’ai visité la maison des Attaba à Naplouse où régnait la tristesse et les portraits de Saïd. Widad, sa mère expliquait que « ces années ont été très difficiles et la nuit je ne dormais jamais tant je pensais à lui, on dort bien quand ça va bien. »

Après 31 années, Saïd rentre à la maison.

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25 août 2008 - El Mundo - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elmundo.es/elmundo/2008/...
Traduction de l’espagnol : Charlotte