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Le miel adoucit un peu la vie d’Hébron
samedi 23 août 2008 - IRIN News
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Abeille butinant

Leur village coincé entre deux colonies de peuplement israéliennes, les habitants palestiniens de Wadi al-Ghrous, à côté d’Hébron, sont cernés par des bases militaires et des clôtures, leurs déplacements sont limités, et au cours des dernières 25 années, ils ont subi les expropriations de terres menées par Israël.

Sami Gheit, 62 ans, agriculteur, a déclaré avoir perdu 50 dounams (50 000 mètres carrés) de ses terres sur une "zone tampon" créée par l’armée israélienne entre son domicile et la colonie proche de Qiryat Arba. Toutefois, la clôture entoure les Palestiniens et non les colonies, annexant, de fait, ses terres, ainsi que l’explique l’agriculteur.

"J’avais des raisins, des prunes, des abricots, des amandes, de l’autre côté de la clôture », a-t-il dit à IRIN. "Ils l’ont pris [la terre] il y a environ cinq ans. Ils ont dit que c’était pour la sécurité."

Il dit aussi qu’on lui avait promis un accès adéquat à sa terre, mais on ne lui a pas consenti.

"J’avais l’habitude de tailler mes arbres sur une durée d’un mois et demi chaque année. Maintenant, j’obtiens deux jours d’accès au total," dit Gheit. "C’est insuffisant quelque soit le travail à effectuer."

Lui-même et d’autres agriculteurs ont essayé de s’introduire sur leur terre, mais ils ont été accueillis par des colons armés qui les ont chassés. Depuis, Gheit s’est découragé de faire une nouvelle tentative.

L’armée israélienne a déclaré à l’IRIN que la clôture avait été érigée en raison de nécessités en matière de sécurité dans une zone tendue. Les militaires n’ont pas pu expliquer pourquoi les colons, et non les soldats, ont toute autorité sur la clôture.

L’Administration Civile Israélienne a déclaré travailler pour aider à coordonner l’accès des Palestiniens qui, selon elle, ont récemment déclaré aux autorités qu’ils étaient satisfaits.

"Au cours des six derniers mois, pas une seule demande effectuée par des résidents pour accéder à leurs terres dans la région n’a été refusée", a déclaré Miki Golan, un porte-parole [de l’administration civile israélienne].

Aides du Comité International de la Croix-Rouge

Ne pas pouvoir vendre ses fruits a signifié pour Gheit une dégradation de sa situation financière. Il dépend maintenant des aides du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

"Ils m’ont supprimé mon revenu quand ils ont pris ma terre", a-t-il dit.

Le CICR lui a donné cinq ruches pour l’aider à se remettre sur pieds.

"J’ai reçu les ruches il y a environ cinq mois et c’est le premier lot", dit-il en montrant un pot de miel. "Je passe mon temps avec les abeilles. Je n’ai pas de terre, mais je possède quelque chose", affirme-t-il avec optimisme.

Le CICR a déclaré qu’il avait donné cinq ruches à chacune des 74 familles de Cisjordanie.

"Il s’agit d’une contribution afin d’aider les gens à être autonomes", a expliqué Katharina Ritz, chef adjoint du CICR à Jérusalem. "Ils sont dans une position très vulnérable du fait qu’ils ont perdu l’accès à leurs terres, n’ont guère accès à l’eau, ou ont perdu leur emploi."

Pas de restrictions de circulation pour les abeilles

Pour Samir Jaber, un autre agriculteur palestinien dans l’enclave, la proximité de la colonie présente quelque ironie : parce que les colons ont abondamment accès à l’eau, ils sont en mesure de faire pousser beaucoup de fleurs, que les abeilles de Samir utilisent pour collecter le nectar !

"Il y a beaucoup de buissons de romarin dans les colonies, ce qui est bon pour le miel", dit Jaber. "Cet hiver, je veux planter mon propre romarin."

Jaber se plaint amèrement de la pénurie d’eau pour les Palestiniens

"Nous avons [avons eu] beaucoup de problèmes d’eau au cours des trois dernières années. Cela nous a anéantis", a-t-il dit, ajoutant que, en raison des restrictions à la liberté de circulation, il était difficile de s’approvisionner par camion-citerne. Camions et ambulances ne peuvent pas non plus accéder à cette zone.

"Nous avons fait venir un expert qui a trouvé de l’eau dans le sous-sol. Il nous faudrait creuser environ 30 mètres pour avoir accès à cette l’eau", dit Jaber. Mais creuser un puits nécessite un permis des autorités israéliennes, difficile à obtenir, et l’agriculteur n’a pas d’espoir.

"Si j’avais accès à l’eau, j’investirais davantage dans l’agriculture et donnerais le reste de l’eau à mes voisins", dit-il encore.

* IRIN est le service d’actualité humanitaire et d’analyse de l’Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires. Les opinions exprimées ne reflètent pas nécessairement celles des Nations Unies ou de ses États membres.

Publié le 10 août 2008 par Ma’an News Agency.
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Traduction de l’anglais Brigitte Cope