13 ans après le massacres, les parents des victimes réclament toujours justice - Photo : AFP

La cérémonie funèbre pour les 308 musulmans, qui font partie des plus de 8000 personnes massacrées dans ce qui est la pire atrocité commise en Europe depuis la deuxième guerre mondiale, s’est tenue sur un lieu commémoratif juste à l’est de la ville.

Les restes des victimes, âgées de 15 à 84 ans, ont été exhumés des fosses communes après la fin de la guerre de 1992 à 1995 en Bosnie, et identifiés par analyse d’ADN.
« Cela a été tellement dur quand ils m’ont informée que mon père a été identifié », a dit Vanesa Mehmedovic, qui venait enterrer son père Mevludin.

« Cependant, puisque d’une certaine manière il n’est pas avec nous, je suis heureux que son âme trouve enfin la paix, » dit-elle encore.

Marche symbolique

Presque 220 autobus transportant environ 10000 personnes ont convergé vers Srebrenica, alors que beaucoup d’autres arrivaient par d’autres moyens.

La commémoration s’est tenue au milieu des craintes d’une possible violence anti-Musulmans due à la colère des Serbes de Bosnie après une décision de la cour des Nations Unies la semaine dernière de dégager Naser Oric, ancien commandant des forces musulmanes dans Srebrenica, de l’accusation de crimes de guerre.

Refik Dervisevic, un survivant du massacre, est arrivé à Srebrenica jeudi dernier après avoir participé à une « marche pour la paix » de 100 kilomètres.

Environ 2000 personnes ont participé à cette marche symbolique depuis le village de Nezuk, près de la ville de Tuzla, jusqu’à Srebrenica, l’itinéraire suivi par beaucoup de musulmans cherchant à fuir les forces serbes.
« C’est la troisième fois que je participe à la marche, » nous dit Dervisevic.

« La première fois je ne me rappelais de rien. Je ne faisais que marcher hanté par mes pensées.

« Je me suis rappelé l’année dernière les détails de juillet 1995. J’ai reconnu l’endroit où j’ai été séparé de mon frère qui a été tué. »

Jusqu’ici environ 2900 victimes de Srebrenica ont été enterrées sur le lieu du mémorial construit en 2003.
Des milliers d’autres victimes doivent encore être exhumées et identifiées dans le secteur où environ 70 fosses communes ont été découvertes.

Génocide

Vers la fin de la guerre de Bosnie, les forces serbes ont débordé l’enclave « protégée » par les Nations Unies puis ont tué sommairement environ 8000 hommes et adolescents musulmans.

La Cour internationale de Justice et le Tribunal pour les crimes de guerre, des Nations Unies et tous deux basés à la Haye, ont statué que le massacre de Srebrenica était un acte de génocide.

Les responsables supposés, le Serbe de Bosnie Radovan Karadzic et son commandant militaire Ratko Mladic, sont toujours en fuite.

« C’est une honte que 13 ans après ce qui s’est produit dans Srebrenica et après la fin de la guerre, Karadzic et Mladic n’aient pas été arrêtés, » a déclaré au quotidien Dnevni Avaz, John Williamson, le représentant américain au Tribunal pour crimes de guerre.

« Nous continuerons à inviter les dirigeants dans la région à faire tout leur possible pour que les fugitifs soient déférés devant la justice et je suis certain qu’ils seront arrêtés, » a déclaré Williamson, qui assistait également à la commémoration.

Ses paroles faisent écho à celles des parents des victimes.
« Nous nous battons encore pour rappeler au monde ce qui s’est produit ici, tandis que ceux qui sont les premiers responsables du massacre sont récompensés avec la liberté, » dit Munira Subasic, responsable d’une association des mères de Srebrenica.

Srebrenica reste une partie d’une entité serbe de la Republique Srpska, qui appartient à la fédération de Musulmane-Croate créée après la guerre de Bosnie.

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