Srebrenica : la pire atrocité commise en Europe depuis la seconde guerre mondiale, et sous les yeux des Nations Unies

Les parents des victimes et des survivants du massacre avaient cherché à obtenir une compensation de la part des Nations Unies et de l’état hollandais.

Mais le jugement rendu par le tribunal d’un district de la Haye jeudi indique qu’il n’y a « aucune juridiction pour traiter la plainte contre l’ONU ».

« ... La cour conclut que dans la pratique en matière de droit international, l’immunité absolue de l’ONU est la norme et doit être respectée. »

Srebrenica était une enclave musulmane protégée par des soldats hollandais mandatés par les Nations Unies.

Le 11 juillet 1995, ces soldats se sont laissés déborder par les forces serbes bosniennes qui ont chargé des milliers d’hommes et de garçons sur des camions, tuant environ 8000 d’entre eux avant de jeter leurs corps dans des fosses communes.

Appel de la décision

Les plaignants, qui se nomment les mères de Srebrenica, représentent environ 6000 survivants des massacres, et 10 veuves qui ont perdu leurs maris dans le massacre se sont vues mises en demeure de payer des frais de justice.

Axel Hagedorn, l’avocat des plaignants, a indiqué à Al Jazeera qu’il ferait appel de la décision et s’adresserait à la Cour Européenne des Droits du Homme si l’appel n’aboutissait pas.

« Les mères seront déçues... mais c’est seulement une première instance. Nous verrons ce que la cour d’appel décidera à ce sujet, » a-t-il dit.

« Si vous acceptez cela, cela revient à dire qu’une seule et unique organisation dans le monde ne peut pas être jugée par une cour indépendante, et c’est inacceptable.

« Les soldats de l’ONU ont même aidé à déporter les hommes... et ont ainsi rendu le massacre possible. »

Hagedorn a encore expliqué que comme la procédure contre l’état hollandais se poursuit, la cour peut décider de suspendre sa décision en attendant les résultats de l’appel concernant les Nations Unies de façon à séparer les deux cas.

« Mission impossible »

En 2002, le gouvernement hollandais a démissionné au grand complet après la publication d’un rapport officiel qui énonçait que les soldats [hollandais] avaient été envoyés remplir une mission « impossible ».

Les Serbes ont repoussé de côté les soldats Néerlandais des Nations Unies armés légèrement dans « le secteur sûr » où les milliers de musulmans des villages environnants s’étaient réunis pour y être protégés.

Le massacre, la pire atrocité en Europe depuis la deuxième guerre mondiale, a été qualifié de génocide par la Cour Internationale de Justice, qui juge des conflits entre les nations, et le Tribunal Criminel International pour l’ex-Yougoslavie, installé par l’ONU pour traiter des crimes de guerre commis pendant les conflits dans les Balkans.

Les restes des milliers de victimes ont été retrouvés dans des fosses communes autour de Srebrenica après la fin de la guerre de 1992-1995 en Bosnie.

Les Nations Unies ont également admis ne pas avoir protégé les musulmans de Srebrenica contre le massacre, mais aucun de ses responsables n’a jamais été tenu pour responsable.