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Un député libéré dit qu’Israël maltraite les prisonniers
mercredi 3 janvier 2007 - Palestine Times
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Hatem Qafisha, député palestinien

Le vendredi 15 décembre, les autorités de l’occupation israélienne ont libéré le membre du conseil législatif palestinien Hatem Qafisha, après plus de 19 mois d’incarcération sans accusation ni procès, aussi connue sous le nom de "détention administrative".

Qafisha a dit que l’impression en occident et dans une grande partie du monde qu’Israël est une démocratie est extrêmement erronée.

Il a indiqué que le personnel de la prison israélienne était accoutumé à « battre, humilier et persécuter systématiquement » les détenus palestiniens, dont les ministres et députés détenus, d’une manière contrevenant à toute démocratie méritant ce nom.

Le Palestine Times a parlé avec Qafisha quelques heures après sa libération. Ce qui suit sont des extraits de l’interview.

Palestine Times : Combien de temps êtes-vous resté en prison et pourquoi ?

Réponse : J’ai passé 19 mois d’internement sans accusation ni procès. Je ne sais vraiment pas pourquoi et ne comprends pas la ou les raisons spécifiques de cette punition. Mon avocat et moi-même nous sommes efforcés à connaître les accusations, mais en vain. Et à chaque fois que nous appelions à mettre fin à cette farce, il nous était dit qu’il y avait un dossier secret qui ne pouvait être révélé.

PT : Oui, mais il doit y avoir une raison particulière, sinon, pourquoi vous arrêteraient-ils ?

Réponse : Comme je vous l’ai dit, il n’y a pas de raison précise. Je devine que la raison était qu’ils n’appréciaient pas mes idées politiques, car je suis un membre du bloc du Changement et de la Réforme. Honnêtement, je n’arrive pas à percevoir d’autre raison pour cet emprisonnement injuste.

PT : Combien de temps avez-vous passé dans les prisons et camps de détention israéliens ?

Réponse : En tout, environ 90 mois.

PT : Est-il vrai que le traitement israélien (ou plutôt, le mauvais traitement) des prisonniers palestiniens politiques et de la résistance a nettement empiré depuis la venue du gouvernement dirigé par le Hamas ?

Réponse : Oui, cela est vrai. Maintenant, les prisonniers sont sujets à un traitement dur, dont des frappes et coups physiques. Par exemple, je sais que le personnel de la sécurité israélienne a battu et maltraité le ministre des finances Omar Abdul Razzaq et le ministre des affaires des prisonniers Wasfi Qabaha. Et ils ont agi ainsi sans aucune justification ; c’est simplement du pur sadisme, du pur barbarisme.

PT : Y a-t-il d’autres formes de punition ?

Réponse : Oui, lorsqu’ils nous transfèrent d’une prison ou d’un camp de détention à un autre, ils nous mettent en compagnie de criminels juifs tels que des proxénètes, des drogués et des meurtriers. Imaginez donc, placer un professeur ou un ministre du cabinet près d’une proxénète ou d’un trafiquant de drogue ?

PT : Comment est le moral des prisonniers que vous avez laissé derrière vous ?

Réponse : Le moral est généralement bon. Nous sommes un peuple qui est confiant en la justice de notre cause, et ceci nous maintient avec un bon moral. Cependant, je voudrais indiquer que les autorités israéliennes de la prison maltraitent vraiment les prisonniers, notamment dans la prison de Ramleh. Ils sont simplement en train de punir le peuple pour ses idées, pour avoir donné son soutien au Hamas et pour avoir rejeté l’occupation israélienne.

PT : Est-ce que la dernière confrontation entre le Hamas et le Fatah a eu un impact sur les prisonniers ?

Réponse : En fait, vous savez, les prisonniers sont la crème de la crème de la société palestinienne en terme de conscience politique. Par conséquent, il est peu probable qu’ils soient entraînés dans une confrontation. Bien que cela ne veuille pas dire que les prisonniers sont indifférents vis-à-vis de ce qui se passe. En réalité, les prisonniers m’ont demandé d’appeler de leur part le peuple palestinien à préserver l’unité nationale et à ne jamais répandre une goutte de sang palestinien.

PT : Comment pensez-vous que les Palestiniens devraient surmonter l’impasse actuelle entre le Fatah et le Hamas ?

Réponse : Ils ont besoin de penser en terme d’intérêts nationaux palestiniens, non pas en terme d’intérêts partisans. Je crois qu’il n’est pas trop tard pour mettre en place un gouvernement d’unité nationale. Et la chose importante dont il faut se souvenir est qu’il n’est pas incorrect que nous fassions des concessions les uns aux autres, tant que notre cause nationale en sort vainqueur.

PT : Comment évalueriez-vous le Hamas 19 ans après sa fondation ?

Réponse : Je pense qu’Israël est parvenu à la conclusion qu’il est impossible de liquider le Hamas. Afin de liquider le Hamas, Israël et l’Amérique devront annihiler plus de la moitié du peuple palestinien. En outre, tant qu’il y a l’Islam, il y aura le Hamas.

PT : Est-ce que le Hamas maintiendra sa rigidité à l’égard de la question de la reconnaissance d’Israël ?

Réponse : En fait, la vraie question n’est pas la reconnaissance d’Israël. Le Fatah et l’OLP ont reconnu Israël plusieurs années lus tôt, mais Israël n’a rien donné en retour. Cela signifie qu’Israël utilise cette question pour des objectifs de propagande, à savoir pour justifier la continuation de l’occupation. De plus, comment cela se fait-il que personne ne demande à Israël de reconnaître un état palestinien avec les frontières de 1967 ?

PT : Mais Israël avait reconnu l’OLP comme étant le seul représentant du peuple palestinien ?

Réponse : Quelle affaire ! De quoi avons-nous profité de cette reconnaissance ? Si Israël souhaite être reconnue, elle doit reconnaître un état palestinien. Il n’y pas de reconnaissance gratuite possible. Nous ne ferons pas la même erreur que celle que le Fatah et l’OLP ont faite en 1993 lorsqu’ils ont reconnu Israël en retour de rien. De plus, si nous reconnaissons Israël maintenant, quelles monnaies d’échange nous aurions encore entre les mains ?

3 décembre 2007 - The Palestine Times - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.ptimes.org/Main/default....
Traduction : M. Ahmed