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700 étudiants de Gaza bloqués
dimanche 8 juin 2008 - PCHR Gaza
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Hadeel Abu Kwaik, une des 7 étudiant(e)s devant bénéficier d’une bourse d’étude Fulbright

Hadeel est l’une des sept étudiants de Gaza qui ont, le 29 mai, reçu une lettre du consulat des Etats-Unis de Jérusalem les informant que leurs demandes de bourse Fulbright ne seraient pas finalement accordées. La lettre n’a pas donné de raisons pour le retrait soudain des sept bourses : au lieu de cela, les sept étudiants (3 femmes et 4 hommes) étaient « fortement encouragés » à refaire une demande l’année prochaine et ils étaient assurés de recevoir « une prise en compte prioritaire ».

Le retrait de ces bourses Fulbright a provoqué un tollé international qui s’est focalisé momentanément sur les 7 étudiants de la Bande de Gaza. La secrétaire d’état des Etats-Unis, Condeleezza Rice, est intervenue en disant que cette décision l’avait « surprise » et en ajoutant que « si vous ne pouvez pas attirer les jeunes en leur donnant une perspective à leurs attentes et à leurs rêves, je ne pense pas qu’il y aura quelque futur que ce soit pour la Palestine. Nous allons nous y pencher ».

Suite aux critiques de plus en plus nombreuses provenant des Etats-Unis et d’Israël, le Département d’Etat des Etats-Unis a rapidement rétabli les 7 bourses Fulbright et le 2 juin, il a assuré les étudiants qu’il travaillait attentivement avec les officiels israéliens pour obtenir les permis de sortie des étudiants de Gaza. Hadeel attend maintenant de se rendre à Jérusalem où elle sera interrogée au consulat américain afin d’obtenir son visa USA. Elle retournera ensuite à Gaza afin de préparer son départ à la fin de l’été. Elle espère étudier et obtenir son MBA. (Grade universitaire en gestion d’entreprise) en inginerie en programmation à l’université de Minnesota.

Pour la presse principale, cette histoire « a bougé rapidement » et s’est conclut positivement pour les 7 de Fulbright. Mais des centaines d’autres étudiants palestiniens restent bloqués à l’intérieur de la Bande de Gaza et on s’attend à ce que ce chiffre augmente encore cet été. Selon les données du PCHR, près de 700 étudiants palestiniens attendent toujours de pouvoir sortir de Gaza pour poursuivre leurs études et profiter de leurs bourses à l’étranger. « Ce nombre va augmenter dans les mois à venir quand l’école annoncera les résultats des examens et que les étudiants de Gaza voudront continuer dans les universités » dit Khalil Shaheen, une chercheuse principale du PCHR. « Tous ces étudiants sont bloqués dans la Bande de Gaza à cause du bouclage et du siège israélien, et leur droit à poursuivre leurs études et leur futur leurs sont niés ».

La Déclaration Universelle des Droits de l’homme de 1948 ainsi que la Convention sur les Droits civils et Politiques affirment explicitement le droit de toutes les personnes de voyager librement hors et dans leur propre état. Le bouclage israélien de la Bande de Gaza qui va entrer dans sa troisième année, détruit systématiquement et délibérément l’économie de Gaza, ses services de santé et d’éducation, et écrase le futur de ses habitants.

Les étudiants de Gaza qui veulent poursuivre une éducation spécialisée à l’étranger, (étudiants dont la plupart veulent ensuite retourner dans leur pays et aider à le reconstruire) se voient nier ce droit car Israël à bien l’intention de poursuivre sa politique illégale de punition collective. GISHA, une organisation israélienne des droits humains, vient de soumettre une pétition auprès de la Cour Suprême israélienne pour 2 étudiants de Gaza, Wissam Abuajwa et Nibal Nayef, afin qu’ils obtiennent la permission de quitter Gaza et d’étudier en vue d’une maitrise en Grande Bretagne et en Allemagne.

Pendant ce temps, Said Ahmad Said Al-Madhoun (29 ans) attend depuis plus d’un an de pouvoir poursuivre sa maitrise de droit à l’étranger. Après avoir obtenu une bourse de recherche par la « open Society Institute » en janvier 2007, il a été accepté dans un programme de maitrise à « American University, Washington College of Law » mais n’a pas réussi à arriver aux Etats-Unis. « J’ai réussi à sortir de Gaza en décembre 2007 et aller jusqu’à la frontière égyptienne » raconte Said. « C’était un voyage compliqué ; à cause du bouclage nous avons été obligés de passer par le point de passage d’Erez (au nord de Gaza) puis par un autre point de passage, Kerem Shalom jusqu’à la frontière égyptienne. Mais là, on m’a refoulé car je n’avais pas de visa américain. »

Said ne pouvait pas obtenir de visa américain car, comme la grande majorité des autres habitants de Gaza, il n’a pas le droit de se rendre à Jérusalem ou le consulat délivre ses visas. Il a essayé une fois encore de sortir de Gaza début janvier et a été à nouveau refoulé à la frontière égyptienne. Sa carrière universitaire et sa vie, sont en suspens et Said attend toujours. « C’est tellement frustrant pour moi et pour tous les étudiants de Gaza » dit-il d’un ton las. « Nous voulons étudier et travailler. Nous voulons jouir de notre liberté de mouvement. Nous voulons décider de notre futur. »

Quand Hadeel Abu Kwaik a appris la première fois que sa bourse Fulbright avait été retirée, elle dit qu’elle a ressentie la colère et la déception. « Je me demande si Israël veut d’un voisin éduqué ou d’un voisin en colère » a-t-elle déclaré publiquement. Comme Said Al-Madhoun, Hadeel veut poursuivre ses études à l’étranger puis retourner à Gaza et travailler dans sa communauté.

Quoique heureuse que sa bourse Fulbright ait été rétablie, elle admet qu’elle s’inquiète de savoir si elle aura la possibilité de quitter Gaza et son inquiétude gâte sa joie. « Je ne serai soulagée que lorsque nous aurons atteint les Etats-Unis (pour commencer mes études) » dit-elle.

Lisez les autres témoignages :

- Informations PCHR Gaza
- Rapports PCHR Gaza

4 juin 2008 - PCHR Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/files/campa...
Traduction de l’anglais : Ana Cléja