Fermer la page
www.info-palestine.net
Palestiniens en Irak : une vie sur le fil du rasoir
jeudi 10 avril 2008 - Ali Alarabi -
JPEG - 15.1 ko
Une violence qui n’épargne personne... Ici une petite irakienne blessée lors d’une attaque aérienne américaine

L’assassinat récent et sordide ce 4 avril 2008 à Bagdad de la doctoresse palestinienne Layla Ali Taha et de sa jeune fille, assassinat perpétré par des escadrons de la mort chiites qui les ont assassiné de sang froid, à l’aide de couteaux de cuisine pour ensuite réduire leurs cadavres en cendres montre le grand danger auquel font face les Palestiniens en Irak mais également la tendance d’une lente mais frémissante persécution religieuse et de l’extermination d’Arabes palestiniens aux mains des Chiites iraquiens soutenus par l’Iran.

Selon des sources iraquiennes, plus de 250 Palestiniens ont été assassinés en Irak par des soldats du gouvernement chiite et des milices religieuses. Beaucoup de ces victimes étaient des femmes. Parmi les personnes assassinées se trouvait Sheik Tawfiq Abdel Khaliq, un des imams palestinien local le plus respecté et estimé qui voyageait vers une zone de Bagdad. Il a été arrêté à check-point tenu par des soldats gouvernementaux chiites qui, apprenant qu’il était palestinien, l’ont tué de sang froid.

Les Palestiniens sont visés car ils appartiennent au courant principal musulman, qu’ils ne sont ni chiites ni iraquiens. Les milices chiites, avec la bénédiction de leurs ayatollahs et soutenus militairement et financièrement par l’Iran, orchestrent une campagne d’assassinat et de génocide contre les réfugiés palestiniens impuissants.

Les Chiites considèrent que ces réfugiés palestiniens qui étaient moins de 25.000 avant la guerre, vivaient mieux que les 30 millions d’Iraquiens et qu’ils étaient les amis gâtés de Saddam, ayant un standard de vie supérieur alors que les Iraquiens ordinaires mourraient de faim.

La vérité est néanmoins toute autre. Les Palestiniens ne vivaient pas mieux que les iraquiens moyens mais il est vrai que si sous Saddam ils n’étaient pas persécutés c’est uniquement parce qu’ils vivaient entre eux et qu’ils n’intervenaient pas dans la politique car ils n’étaient pas citoyens iraquiens et ce, malgré le fait qu’ils vivaient depuis des générations dans ce pays.

Les réfugiés palestiniens en Irak vivaient dans un ensemble de bâtisses construites par le gouvernement, une sorte de ghetto consistant en 16 énormes vieux bâtiments tout en longueur. Chaque bâtiment comportait 4 entrées ; chaque entrée comportait 3 étages et chaque étage, 4 appartements. Chaque bâtiment comportait donc 48 appartements ce qui faisait un total de 768 appartements pour tout le complexe, appartements qui appartenaient tous au gouvernement. Les Palestiniens n’ont légalement pas le droit de posséder de propriété, ni aujourd’hui sous le pouvoir chiite, ni sous Saddam et ni avant.

Malgré le fait qu’ils vivent depuis des générations en Irak, le seul document officiel qu’ils possédaient était une carte d’identité avec le tampon « Palestinien » et parfois, s’ils avaient besoin de voyager, ils obtenaient un laissez-passer.

Le fait d’avoir « enfermé » les Palestiniens dans ce ghetto dans la zone de Baladiyat, n’est pas le signe d’une communauté vivant une vie de riches et de loisirs pendant que les Iraquiens mourraient de faim comme le prétendent les Chiites iraquiens et plusieurs de leurs saints ayatollahs. Le ghetto est composé de petits appartements et de bâtisses délabrées construites dans des cours ou sur des toits afin de répondre aux besoins de la croissance démographique. Un visiteur à Baladiyat ne verrait pas de larges boulevards bordés d’arbres et de jolies villas ou de manoirs dans lesquels vivraient des Palestiniens.

En vérité le crime des Palestiniens est qu’ils sont arabes et de plus musulmans dans un pays qui a été transformé en un pays exclusivement chiite et qui ressemble plus à un pays iranien qu’à un pays arabe.

Les Iraniens à Najaf et à Karbala, Bassora et Bagdad sont déjà des millions selon des rapports iraquiens. Les Iraniens vivent librement en Irak et ne remarquent pas de différence entre Téhéran et Bagdad ou Karbala ou Najaf. Le Perse est devenu la langue dominante à Bassora et dans d’autres villes du sud. Les Arabes chiites iraquiens se sentent plus proches de l’Iran en termes de religion et du système de croyance que les autres Arabes.

Quant aux Palestiniens, leur clé pour survivre et éviter une mort atroce aux mains des escadrons de la mort chiites est de ne jamais montrer de traces d’accent palestinien car cela les condamneraient certainement à mort. Le fait de parler arabe avec un pure accent Baghdadi est l’une des façons qui permet de survivre jour après jour.

Une autre façon est de ne pas sortir du ghetto sauf si cela s’avère absolument nécessaire. Le ghetto possède ses propres petits commerces, docteurs et autres services de base nécessaires pour maintenir une existence pauvre mais oh combien précieuse. La mosquée locale n’a pas néanmoins échappée aux tentatives des milices chiites visant à la réduire en cendres et à faire feu sur les pratiquants.

Pour les Palestiniens plus âgés appartenant à la génération qui avait fait de l’Irak leur foyer après 1948, le fait de perfectionner un accent iraquien pouvait s’avérer délicat car ils gardaient encore des traces d’accents de leurs villages et villes de Palestine qu’ils avaient fui il y a quelques soixante années, villes telles que Haifa et Jaffa. Heureusement ces anciens Palestiniens qui parlent avec un accent iraquien au parfum palestinien pouvaient être pris pour des Iraquiens de la ville septentrionale de Mosul, une ville qui ressemble plus à la grande Syrie et dont l’accent est proche de l’accent arabe Shami.

La plupart des spécialistes palestiniens, docteurs, avocats, ingénieurs et autres, ont réussi à quitter le pays en payant leur sortie tout comme la classe éduquée iraquienne. Irak a perdu une grande partie de sa classe de spécialistes, surtout les médecins et les scientifiques : ils ont été soit assassinés soit ils ont réussi à quitter le pays pour toujours.

Aujourd’hui, le nombre de Palestiniens en Irak n’est plus que de 14.000 soit presque la moitié du nombre avant la guerre ; 2.000 d’entre eux vivent dans le camp d’Al-Waleed dans le désert entre l’Irak, la Jordanie et la Syrie. Aucun pays arabe n’a voulu admettre ces réfugiés misérables ni ne les aide. Ils ont échoué dans le désert sous la protection du Haut- commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et un organisme humanitaire italien qui travaille pour fournir des traitements médicaux aux enfants palestiniens malades et arriver à les faire accepter avec leurs familles dans des pays européens.

La Syrie a pris 300 autres réfugiés palestiniens et les ont placés dans un camp au milieu du désert dans la province de Hasakah. Le Brésil a déjà accepté certains de ces réfugiés et le Chili a aussi accepté d’en prendre quelques uns. Le seul pays arabe ayant accepté des réfugiés palestiniens est le Soudan.

7 avril 2008 - Mideast Youth -Thinking Ahead - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.mideastyouth.com/2008/04...
Traduction de l’anglais : Ana Cléja