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Aucun amoureux n’a reçu ces fleurs
lundi 18 février 2008 - Mohammed Omer - IPS
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Ne pouvant être ni exportées ni vendues, les fleurs servent à nourrir les animaux ... Photo : Mohammed Omer

Majed Hadaeid (43 ans) sait cela mieux que personne en regardant son bétail se repaître des fleurs qu’il avait espérées exporter en Europe.

« J’ai 13 hectares de terre » raconte-il. « Trente différentes couleurs et variétés d’ ?illets qui produisent entre 16 et 17 millions de fleurs par an ».

A Gaza, environ 48 hectares de plantation produisent en moyenne 60 millions de fleurs par an entre la mi-novembre et la mi-mai. Les exportations saisonnières représentent un revenu de 5 millions de dollars et représentent 4.000 emplois.

La pépinière de Hadaeid est une des plus importantes. Des fermiers comme lui vendent habituellement à la bourse d’échange florale européenne du Pays Bas et le jour de la Saint Valentin du 14 février représente l’une des plus grosses ventes.

Mais cette année, ce ne fut pas le cas.

Quand Israël a fermé les passages frontaliers, elle a également mis fin aux possibilités d’avoir accès aux marchés hors de Gaza. Israël exige que les produits en provenance de Gaza passent d’abord par Israël.

Gaza a le droit d’exporter hors taxes 75 millions de fleurs à l’Union Européenne. « Mais cette année nous n’avons pu exporter que 5 millions de fleurs aux Pays Bas » raconte Mahmoud Khlaiel, le président de « Flowers Producers Benevolent Association » (Association bénévole des producteurs de fleurs) de Gaza.

Hadaeid a été obligé de licencier tous ses 200 ouvriers. Ses millions de fleurs servent aujourd’hui de nourriture pour ses chèvres, ânes, chameaux et moutons. Il dit que la punition collective d’Israël lui coûte pour cette saison plus d’un million de dollars.

Hadaeid, un des entrepreneurs qui a le mieux réussi dans la région, a aujourd’hui été obligé pour nourrir ses 13 enfants (âgés de 6 mois à 20 ans) de trouver un travail payé à la journée. La terre sur laquelle il fait pousser ses fleurs est louée et il risque de perdre toute son entreprise. Les profits qui normalement auraient payé pour les engrais, les graines, les retards de salaires et les fournitures n’existent tout simplement pas.

A Gaza, les gens sont incapables de rembourser leurs dettes et ils se retrouvent souvent dans une prison pour débiteurs comme à l’époque féodale européenne. Le futur de Hadaeid semble précaire. « Je ne suis ni avec le Hamas ni avec le Fatah » dit-il. « Je n’ai voté pour aucun parti. Israël doit être blâmée pour cette punition collective qui nous touche tous ».

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Des oeillets comme fourrage ...

Et ce qui se passe avec Hadaeid, se passe aussi pour d’autres. Ayman Okal, un vétéran de l’industrie depuis 14 ans, est en train de donner des ?illets rouges à manger à une chèvre près d’une pépinière. « Je produis chaque saison 8 à 9 millions d’ ?illets pour Noël et la fête des mères » raconte-t-il. « Mais le jour de la Saint Valentin est le jour le plus important...sauf, bien sûr, cette année ».

Okal raconte que le blocus lui a coûté environ 600.000 dollars. Il a également été obligé de congédier tout son personnel et il fait face à un sombre futur avec ses six enfants à nourrir et le remboursement de ses dettes. Mais heureusement pour lui, il est propriétaire de sa terre.

Il a été exigé des producteurs de signer des documents à la frontière disant que les fleurs ne sont pas exportées « parce que les producteurs palestiniens ont décidé de ne plus continuer à les expédier ».

« Ce n’est pas vrai » dit Khlaiel « Israël renvoie les fleurs à Gaza après qu’elles aient été, ruinées par les attentes aux points de passage frontaliers. Cela coûte à chaque producteur 4 dollars pour envoyer un pot pour chaque bouquet et ce, en plus du prix des fleurs. Le producteur doit encore payer le prix malgré le fait qu’elles ont été perdues à cause des délais d’attente ».

Les fleurs de Gaza sont vendues sur le marché européen sous le nom de marque ?Coral’. Le jour de la Saint Valentin étant passé, la seule opportunité restant aux producteurs pour récupérer une partie de leurs pertes, reprendre les affaires et nourrir leurs familles, est la fête des mères (11 mai).

Les fermiers font appel à l’Union Européenne et aux Pays Bas pour qu’ils fassent pression sur Israël afin qu’elle ouvre les passages frontaliers.

14 février 2008 - IPSnews - Vous pouvez consulter cet article :
http://ipsnews.net/news.asp?idnews=41198
Traduction : Ana Cléja