23 décembre 2006

Il est devenu tout à fait habituel pour nous, Palestiniens, ces dernières années, de profiter de Noël comme d’un moment pour exprimer l’ampleur de notre tragédie, pour réfléchir sur les évènements généralement très graves de l’année passée et rappeler à notre « public » les obstacles qui continuent de nous empêcher de célébrer Noël aussi librement et aussi joyeusement que nous le méritons.

Pourtant, cette année est différente ; ce ne sont pas seulement les centaines de check-points qui étranglent la Cisjordanie, les politiques implacables d’Israël volant notre terre ou ses agressions militaires permanentes contre nos civils dans la Bande de Gaza qui sont à la source d’une autre nuit amèrement silencieuse dans les Territoires palestiniens occupés. Après près d’un an, la désintégration économique, mise à feu par le boycott financier de l’Autorité palestinienne conduit par les USA, en est arrivée au point crucial où les citoyens palestiniens doivent se battre pour garder des conditions minimums de vie, dans ce qui semble être une bataille difficile contre l’isolement, l’aliénation et la punition collective.

Même à Bethléhem, le lieu même de la naissance du christianisme, les Palestiniens s’attendent à endurer un nouveau Noël décevant. Des milliers de chrétiens palestiniens ont émigré ces 6 années passées, ceux qui sont restés n’ont ni les moyens financiers, ni l’esprit pour le fêter. Le taux de chômage dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie a atteint un niveau sans précédent et le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (2 dollars US par jour, 1,5 ?) est en augmentation, mettant les Territoires palestiniens au bord de l’effondrement et sous la menace évidente d’une catastrophe humanitaire.

Les conflits internes palestiniens se sont aussi intensifiés ces dernières semaines, provoquant la mort de 9 personnes seulement depuis l’annonce par le Président Mahmoud Abbas de la tenue d’élections anticipées, tentant ainsi de mettre fin à la crise actuelle et de surmonter le boycott international du peuple palestinien. On distingue mal quel sera l’impact des élections anticipées sur le processus politique ; feront-elles cesser effectivement la crise et conduiront-elles les Palestiniens sur les rives du bon sens et de la stabilité, ou seront-elles le catalyseur d’une guerre civile sanglante ? Ce sont quelques-unes des questions posées aux Palestiniens à la fin de cette année tragique, au cours de laquelle les forces extérieures et intérieures ont brisé une société déjà fragile.

Pouvez-vous noter, s’il vous plaît, que sauf le jeudi 28 décembre, les infos en anglais du Miftah ne seront pas mises à jour durant les congés (du 24 décembre 2006 au 2 janvier 2007). Cependant, nous continuerons d’ajouter de nouveaux titres et matériel par d’autres sources, dans la section « Ressources et documents ».