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La politique palestinienne est un champ de bataille
samedi 23 décembre 2006 - Charmaine Seitz

Alors que les tensions montent entre les factions du Fatah et du Hamas, certains regardent avec inquiétude la manière dont l’implication de rivaux régionaux joue un rôle en Palestine.

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Les conflits entre les groupes palestiniens rivaux se sans cesse aggravés - Photo : Al Jazeera.net

Quatre personnes ont encore été tuées dans des meurtres de vengeance et de violence dans la bande de Gaza et en Cisjordanie depuis que le président Mahmoud Abbas a appelé samedi à des élections présidentielles et parlementaires anticipées.

Le taux de morts croissant vient après des mois de négociations entre le Fatah, dirigé par Abbas, et le Hamas sur la formation d’un gouvernement d’unité nationale. Le Hamas a remporté une majorité dans les élections parlementaires de janvier 2006 et le Fatah a refusé de céder les positions qu’il a occupées durant des décennies.

Les deux factions ont tendu la main à d’autres pays pour consolider le pouvoir.

Alliances Etrangères

Dans son discours de samedi, Abbas a averti contre ces liens. Il a noté le prix que les Palestiniens ont payé pour le soutien reçu de l’Organisation pour la Libération de la Palestine à l’invasion du Koweït en 1990 par l’Irak. L’OLP a perdu un financement et les Palestiniens ont été expulsés du Koweït.

« Nous refusons toutes alliances régionales ou internationales, a dit Abbas. Nous ne voulons nous engager dans une guerre contre qui que ce soit. Nous sommes toujours sous occupation. »

Mais Abbas a lui-même mis conditionné sa position dans les discussions avec le Hamas par rapport aux trois conditions posées par le Quartet.

Le Quartet, comprenant des représentants des Etats-Unis, des Nations Unies, de la Russie et de l’Union Européenne, a dit que le Hamas devait reconnaître Israël, accepter les accords signés au préalable, et déposer les armes avant que son gouvernement ne soit accepté et ne perçoive des fonds internationaux.

Une lettre envoyée par Abbas au cabinet après les négociations avec le Hamas a fermement exposé les conditions établies pour un renouvellement des discussions - dont l’abandon du poste de premier ministre par Ismail Haniyeh.

Les Etats-Unis et l’Iran

Certains Palestiniens disent que l’opposition dirigée par les Etats-Unis au gouvernement dirigé par le Hamas est en train de dessiner les lignes de combat pour toute la région.

« L’administration américaine désire créer un nouveau Moyen-Orient », a dit le porte-parole actuel du parlement Hassan Khreisheh à Aljazeera.net.

« Ce nouveau Moyen-Orient exige que les pays alliés aux Etats-Unis - l’Egypte, la Jordanie, et les pays du Golfe - s’opposent à l’Iran, à la Syrie, au Hezbollah et au Hamas. »

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Un garçon palestinien s’allongue dans la rue lors d’un combat - Beit Hanoun, Gaza [AFP]

Les hostilités de cet été entre le Hezbollah et Israël ont aussi exacerbé les intérêts opposés entre le mouvement libanais soutenu par l’Iran - et la Syrie - et les alliés américains, dont les pays arabes dits "modérés".

En juillet, la Jordanie, l’Arabie Saoudite et l’Egypte ont indirectement critiqué le Hezbollah pour l’escalade de la violence - un désaccord vu comme créant un front commun pour contrer l’influence croissante de l’Iran dans la région.

Piégé

Les victoires politiques du Hezbollah dans l’après-guerre avec Israël et l’idée qu’il est militairement possible de faire front à l’état juif se sont aussi renforcées et ont fourni un soutien idéologique au Hamas.

Le parlementaire indépendant Khreisheh a critiqué le Fatah comme le Hamas pour avoir eu un rôle dans ce scénario en réalisant de graves erreurs.

Alors que le Fatah a appelé à une grève publique et a rassemblé l’opposition au Hamas, le mouvement islamiste s’est alors retranché dans les espoirs de soutien qu’il recevrait d’états arabes.

Mais le soutien des pays arabes telle que l’Egypte - longtemps considérée comme un intermédiaire entre les autorités dans les conflits au Moyen-Orient - semble décroître.

Le chef des renseignements égyptien Omar Suleiman a surpris les diplomates étrangers en octobre lorsqu’il leur a dit que le Hamas devait être contraint de quitté le pouvoir, a rapporté le quotidien israélien Mari.

« Je suis satisfait qu’un axe de pays modérés dans le monde arabe ait été créé qui souhaite prendre part au blocage de l’influence de l’Iran dans la région », a dit le premier ministre Ehud Olmert dans un discours politique en octobre.

« La menace iranienne n’est pas dirigée que contre Israël et le monde libre, mais aussi contre les pays arabes autour de nous. »

Les banques prennent position ?

Cette lutte régionale est plus clairement reflétée dans l’économie palestinienne en très mauvaise situation.

Les banques régionales ont elles aussi suivi le mouvement, car leur subordination croissante aux décisions américaines concernant l’anti-terrorisme les ont forcées à empêcher le transfert d’argent au gouvernement palestinien.

L’actuel ministre des finances palestinien Samira Abu Either a dit à Aljazeera.net que les promesses arabes et musulmanes pour soutenir le gouvernement n’ont pas été à la hauteur des attentes en raison du boycott des banques et des inquiétudes politiques régionales.

Les promesses de don

Alors que la guerre des mots est remplacée par des conflits armés, chaque faction accuse maintenant l’autre de s’être impliquée dans des intérêts étrangers.

Lors d’une visite à Ramallah, la secrétaire d’état américain Condoleezza Rice a promis 20 millions de dollars pour financer les forces armées qui sont sous l’autorité directe du président palestinien.

Quelques jours plus tard, Reuters a rapporté que les Etats-Unis donnait aussi 42 millions de dollars pour renforcer leur soutien à des alternatives politiques au Hamas.

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Ismail Haniyeh a fait un tour dans la région pour lever des fonds pour le gouvernement du Hamas - Photo : Al Jazeera.net

Maintenant, l’Iran a promis de donner 250 millions de dollars en aide aux Palestiniens, dont une partie sera pour le financement direct du gouvernement et une autre pour des subventions dans le domaine agricole et des projets de développement.

Ces engagements n’ont pas réussi à combler le budget annuel du gouvernement, surtout dû au gel des revenues des taxes en ce moment par Israël.

« Nous ne nions pas que le terrain palestinien est compliqué, a dit le ministre de l’intérieur Sayid Siam lors d’une interview posté sur un site du Hamas lors d’une visite en octobre en Irak. Mais actuellement, nous rejetons l’idée qu’il y ait des "relais" palestiniens. »

« Ceci est une partie du complot ou une partie de la pression exercée sur le gouvernement palestinien. »

Conflit à la Frontière

Lorsque l’on a empêché Haniyeh d’entrer à Gaza via le passage de Rafah la semaine dernière, il a été rapporté qu’il portait des millions de dollars pour le gouvernement qu’il dirige et qui soumis au boycott.

Un affrontement armé s’est ensuivi lorsque ses gardes ont essayé de forcer le passage, et plusieurs personnes ont été tués et blessées. Il a été rapporté que Haniya a été autorisé à entrer sans l’argent qu’il portait.

Le Hamas a condamné Abbas pour avoir cédé face aux pressions américaines et israéliennes.

Pression et réticence

L’armement des factions palestiniennes rivales rappelle l’ère de la Guerre Froide lorsque les disputes entre les puissances majeures étaient combattues par des intermédiaires.

« Toute aide aux Américains, que ce soit en Amérique du Sud, en Europe, ou en Asie, fait que ceux qui ont un soutien direct des Américains deviennent faibles », dit l’activiste Qadura Fares du Fatah.

Alors que Fares n’est pas opposé à accepter les offres américaines, il argumente qu’un soutien américain ouvert au Fatah provoquera un retour de flamme.

« Je crois que les Américains apprécient cette situation », a-t-il dit à Aljazeera.net.

« Le Hamas reste dans le cadre de la terreur, et le Fatah est un peu comme le collaborateur des Américains et des Israéliens. Alors les Palestiniens ne croient plus au Fatah ou au Hamas, et les Israéliens poursuivent leur projet, en construisant des colonies et en créant un nouveau climat en Palestine. »

Les leaders du Hamas, d’autre part, disent qu’ils ne sont pas inquiets.

Le ministre des affaires des prisonniers Wasfi Kabaha est confiant que le public comprendra quelles sont les tentatives visant à manipuler la politique locale pour un changement régional.

« La société palestinienne est sensible et transparente », a-t-il dit à Aljazeera.net.

« Toute partie peut [essayer d’]interférer dans les relations internes, mais le public palestinien a formé un accord. »

22 décembre 2006 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
Traduction : M. Ahmed