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Pré-requis pour la paix
vendredi 21 décembre 2007 - Mustafa Al Barghouti

Les sept dernières années passées sans négociations - avec l’augmentation du nombre des colons israéliens, le blocus économique sur Gaza et le réseau complexe des barrages et des check points qui étouffent la circulation en Cisjordanie - nous ont amenés au désespoir et à la méfiance. Tout engagement doit se faire non seulement pour conclure un accord avant la fin de 2008 mais aussi pour mettre fin à l’occupation israélienne.

Par ailleurs, les Palestinien sont aussi tenus de remédier à leurs divisions internes. Cette entreprise doit inclure des réformes institutionnelles pour pouvoir éradiquer la corruption et le népotisme. La première étape vers cette voie est d’organiser des élections démocratiques à tous les niveaux du gouvernement.

Nous devons nous délivrer de la fausse dichotomie entre le Fatah et le Hamas. Ces derniers ne sont pas les seuls choix à faire. Mon mouvement né il y a cinq ans, l’Initiative Nationale Palestinienne, propose une alternative en insistant sur des élections démocratiques, sur un gouvernement transparent et sur la construction des institutions. Notre objectif est de démocratiser le mouvement national palestinien et de l’engager dans une stratégie commune afin de faire face à l’occupation israélienne et au vol permanent de notre terre et de nos ressources. Nous nous efforçons d’obtenir nos droits dans notre patrie et d’établir une justice sociale pour soutenir les droits des défavorisés et des marginalisés, y compris les femmes, les enfants et les handicapés.

L’Initiative Nationale Palestinienne est née en réponse aux appels du peuple palestinien pour avoir la possibilité de participer à la construction d’un Etat indépendant, viable, démocratique et prospère garantissant la sécurité, la justice, l’égalité devant la loi et une vie digne pour ses citoyens.

L’engagement ferme de notre mouvement pour la démocratie et contre la violence peut être vérifié, par exemple, dans nos manifestations pacifiques contre le mur israélien d’Apartheid. Pendant plus de deux ans, nous avons soutenu la lutte populaire - jusqu’ici réussie- du village de Bilin en Cisjordanie pour démolir le mur qui est sur ses terres. Nous sommes en train de reproduire ces activités non-violentes, avec le soutien des groupes de solidarités internationaux, dans d’autres villes et villages à travers la Cisjordanie.

Mais la pleine démocratie, les réformes et l’unité réelles que notre people mérite ne peuvent prospérer dans les conditions de l’occupation. Le gouvernement d’union nationale s’est effondré cette année quand le gouvernement s’est vu incapable de payer les salaires de ses employés après qu’Israël ait retenu des centaines de millions de dollars en taxes dus à l’Autorité palestinienne.

Beaucoup trop de civils innocents palestiniens et israéliens ont souffert et sont mort à cause de l’occupation militaire israélienne qui perdure sur nos terres. Notre quotidien s’aggrave car nous sommes continuellement entassés dans des zones de plus en plus petites et Israël continue d’encercler Jérusalem avec des colonies illégales qui l’isolent la ville de la Cisjordanie. Le nombre de colons israéliens en Cisjordanie, y compris la partie occupée de Jérusalem-Est, est passé de 268 000 à 420 000 depuis la signature des accords d’Oslo. Même aujourd’hui, Israël refuse d’honorer son engagement de geler toute activité coloniale - engagement pris dans le cadre de « la feuille de route » pour la paix soutenue par les Etats-Unis.

Nous reconnaissons l’histoire douloureuse de nos voisins israéliens. La souffrance que les juifs ont endurée dans l’Europe chrétienne était terrible. Mais aujourd’hui, Israël détient la force militaire la plus puissante du Proche Orient, et ce sont les Palestiniens qui souffrent le plus.

Les Palestiniens ont participé de bonne foi à Annapolis. Mais nous ne pouvons pas tout simplement abandonner les droits de notre peuple, y compris les réfugiés. Nous ne sollicitons pour eux que ce que leur reconnait le droit international, et on doit trouver une solution pour aborder ces droits inaliénables.

Nous avons fait notre offre la plus généreuse en acceptant d’installer notre Etat souverain en Cisjordanie et à Gaza, qui ensemble représentent seulement 23% de la Palestine historique. Ceci est environ la moitié de ce que les Nations unies nous ont affecté il y a 60 ans. Nous avons plus que fait notre compromis historique avec Israël. Compromettre le compromis risque de nous laisser avec un Etat coquille.

En outre, un Etat vide et dénué de sens n’est pas une base sur laquelle on peut construire une paix substancielle. Un Etat juste nominal n’est pas suffisant. Un Etat exige une souveraineté. Il exige une libre circulation et une libre économie. Il exige un gouvernement démocratiquement élu capable de gouverner d’une manière indépendante, sans ingérence israélienne.

Annapolis a représenté une chance, probablement la dernière avant que la possibilité des deux Etats ne disparaisse. Le peuple palestinien sera d’accord pour la solution à deux Etats à condition qu’Israël retire ses colonies et démolisse le mur, qu’il mette fin à sa brutale occupation militaire des territoires palestiniens capturés en 1967, qu’il reconnaisse les droits des réfugiés et qu’il consente à partager Jérusalem comme capitale des deux Etats. En revanche, si la solution des deux Etats s’avère impossible, les futurs dirigeants palestiniens seront obligés d’exiger des droits égaux dans les frontières d’un seul pays. Il incombe donc à Israël de s’empresser de réaliser la solution à deux Etats.

La question fondamentale que les Palestiniens posent aux Israéliens est la suivante : serons-nous traités comme des hommes égaux, avec des droits et une dignité équitables ? Si la réponse est positive, alors la solution à deux Etats et la paix seront possibles.

* Le Dr Mustafa Barghouti est médecin, membre du parlement palestinien et ancien candidat au poste du président de l’Autorité palestinienne. Il a fondé des organisations qui assurent des services médicaux aux Palestiniens. Son courriel est : mustafa@hdip.org.

Du même auteur :

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- La mobilisation active de tous les citoyens européens est nécessaire
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14 décembre 2007 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.counterpunch.org/barghou...
Traduction : Thouraya Ben Youssef