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Le ministre israélien de la sécurité opposé à tout retrait de Cisjordanie
jeudi 11 octobre 2007 - Michel Bôle-Richard - Le Monde

Ministre de la sécurité publique dans le gouvernement d’Ehoud Olmert et ancien patron du Shin Bet, le service de sécurité intérieure israélien qu’il dirigea jusqu’en 2005, Avi Dichter estime qu’il n’est pas possible pour Israël de se retirer de la Cisjordanie. "Si nous le faisons, assure-t-il, et si nous cessons d’arrêter et d’emprisonner les terroristes du Hamas alors que l’Autorité palestinienne ne fait rien, dans un court laps de temps le Hamas va reconstruire ses infrastructures et prendre le pouvoir comme il l’a fait dans la bande de Gaza."

Pour Avi Dichter, le Mouvement de la résistance islamique "n’est plus une organisation terroriste mais une armée de terroristes composée de 15 000 hommes, qui est organisée de la même manière que le Hezbollah au Liban et derrière lesquels se trouve l’Iran, qui agit par procuration".

C’est pourquoi, dit cet homme de 54 ans dans lequel l’ex-premier ministre Ariel Sharon avait placé toute sa confiance, "il faut avant toute chose que l’Autorité palestinienne construise un système judiciaire et sécuritaire digne de ce nom avant que des responsabilités lui soient confiées. Israël ne peut pas prendre ce risque et personne ne peut le prendre. Ce sont nos maisons, nos familles, nos enfants, nos rêves, notre avenir qui en dépendent. Voilà ce que nous attendons de nos partenaires !"

Ce qui explique, d’après M. Dichter, que la réunion qui doit avoir lieu aux Etats-Unis à la mi-novembre ne peut être qu’une étape dans le processus de construction d’un Etat palestinien. "Tous les pays qui y assisteront doivent aider l’Autorité palestinienne à mettre en place ces structures, dit-il. A partir de cela, les discussions pourront être complètement différentes. Nous ne pouvons plus tolérer la culture du "yani", cette manière palestinienne de dire ni oui ni non. Depuis les accords d’Oslo en 1993, nous en avons trop souffert." Et il ajoute : "On veut désormais une culture des faits et de l’action. Il n’est plus question d’observer ce qui se passe depuis le balcon. Il faut descendre sur le terrain. C’est dans l’intérêt des Palestiniens comme du nôtre."

Pour Avi Dichter, non seulement l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas n’a rien fait pour empêcher le coup de force du Hamas dans la bande de Gaza, en juin, mais elle ne lutte pas contre le terrorisme.

Le ministre s’oppose également à la libération évoquée par certains membres du gouvernement israélien de Marouane Barghouti, figure charismatique de l’Intifada et du Fatah, pour redonner de la vigueur à ce mouvement face au Hamas. Pour M. Dichter, Marouane Barghouti, condamné en Israël à plusieurs peines de prison à vie, est un "générateur de terreur".

Avi Dichter est considéré comme l’instigateur de la politique des assassinats ciblés contre les miliciens palestiniens. Il loue par ailleurs les mérites de "la barrière de sécurité" construite en Cisjordanie et estime que la tranquillité des citoyens israéliens n’a pas de prix. Il faut donc des garanties sérieuses de la part des Palestiniens avant que ces derniers puissent prétendre à un Etat. Il estime que, grâce aux mesures efficaces qui ont été prises, le nombre d’attentats a été considérablement réduit mais qu’il faut rester vigilant.

Les tirs de roquettes Qassam depuis de la bande de Gaza vers Israël l’exaspèrent. Il fut l’un de ceux qui ont proposé des coupures d’électricité et un arrêt des livraisons de carburant pour faire pression sur le Hamas. "Ce n’est pas le principal objectif, dit-il aujourd’hui, mais il faut stopper les Qassam par tous les moyens. Avant d’en venir aux coupures, on peut utiliser une large variété de moyens de dissuasion."

Par-dessus tout, ce qui préoccupe Avi Dichter est le manque de volonté des Egyptiens de cloisonner la frontière sud de la bande de Gaza pour empêcher la contrebande et l’introduction d’armes. Il ne comprend pas pour quoi les autorités du Caire n’agissent pas, car, dit-il, si "elles le voulaient ce serait fait en une seule journée". Cela permettrait de réduire la capacité d’action du Hamas.

Avi Dichter est de toute façon radicalement opposé à un dialogue avec les islamistes du Hamas tant que ceux-ci tiennent "un langage de nazis, puisqu’ils veulent rayer Israël de la carte et tuer les juifs parce qu’ils sont juifs".

M. Dichter, en visite à Paris lundi 8 et mardi 9 octobre pour participer au salon Milipol, dédié à la sécurité intérieure des Etats, doit rencontrer son homologue française, Michèle Alliot-Marie, ainsi que le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner.

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Michel Bôle-Richard

Il espère conclure avec la France un accord en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité.

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Michel Bôle-Richard - Le Monde, le 8 octobre 2007