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Des fuites d’égout en Israël aggravent la pollution d’un port jordanien
jeudi 11 octobre 2007 - IRIN

AMMAN - Plusieurs défenseurs de la nature et habitants de la ville portuaire d’Aqaba, 300 kilomètres au sud d’Amman, se disent inquiets des récentes fuites d’égout de la ville voisine d’Eilat, en Israël, qui se sont déversées dans la mer Rouge, car elles pourraient tuer la faune marine du golfe d’Aqaba et présenter des risques de santé publique.

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Depuis les plages israéliennes d’Eliat, on peut apercevoir de l’autre côté de la mer Rouge les montagnes d’Aqaba en Jordanie - Photo : Wikimedia

Le 30 septembre, les autorités israéliennes avaient fermé l’accès au secteur de la plage d’Eilat, une ville située à une dizaine de kilomètres à l’ouest d’Aqaba. Cette mesure de précaution avait été prise suite à des informations parues dans la presse qui faisaient d’état d’odeurs de fuel et de matières fécales dans la mer.

Selon les autorités israéliennes, environ 600 m3 d’eau d’égout se seraient déversés dans la mer, ce qui les aurait contraintes à interdire les baignades. Il reste toutefois que ces chiffres sont difficiles à vérifier et que les habitants d’Aqaba craignent une pollution à plus grande échelle, car d’après eux, l’odeur de fuel est devenue insupportable.

Zaki Ahmed, 28 ans, se rendait fréquemment sur les rives de la ville d’Aqaba, seul débouché maritime de la Jordanie. Il venait s’y baigner régulièrement, mais depuis peu, il a cessé d’y aller.

« J’ai arrêté de me baigner depuis une semaine. J’avais remarqué que la couleur de l’eau avait changé et qu’elle sentait vraiment mauvais [...] Je pense que je ne retournerai pas y nager de si tôt ».

Quant aux pêcheurs, ils disent avoir vu des matières fécales et des poissons morts flotter à la surface de la mer.

« Je n’ai pas vu beaucoup de poissons morts, mais il très clair que les eaux d’égout sont un poison pour les poissons. Nous les voyions suffoquer, puis mourir quelques instants après, mais nous ne pouvions rien faire », a affirmé un pêcheur qui disait se prénommer Ali.

Pour échapper à la pollution, bon nombre de personnes s’étaient éloignées des berges du secteur nord pour aller vers le sud, a-t-il fait remarquer. « Mais elles ne savaient qu’avec le vent, les matières fécales se seraient déplacées aussi vers le sud ».

Un environnement vulnérable

Etant donné que le golfe d’Aqaba est un système semi-fermé, les risques de pollution marine et de dégradation de l’écosystème sont réels. Et malgré les assurances des autorités jordaniennes, qui laissent penser que la situation est sous contrôle, les défenseurs de l’environnement craignent que la nature « fragile » du golfe et du secteur du port ne facilite la propagation de la pollution.

Directeur général de la société Jordan Environment Group, Ahmed Koufahi s’est dit préoccupé par les effets à court et long termes de cette pollution.

« Le golfe d’Aqaba est une zone très vulnérable en raison de sa petite taille et de sa situation géographique. Le risque d’empoissonnement pour les personnes et les poissons est grand [...] A long terme, j’ai bien peur que cela ne tue des milliers de coraux - ce qui serait une catastrophe d’un point de vue de la vie marine ».

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Carte représentant la ville d’Eliat, au sud d’Israël, et quelques pays limitrophes - Photo : Google Maps

Pour M. Koufahi, il n’y a pas de doute que les niveaux de la pollution sont beaucoup plus élevés que ceux que l’on considère comme conforme à la législation en matière d’environnement et que la réglementation est constamment bafouée.

« Ces fuites d’égout ne sont qu’un cas parmi tant d’autres ». Les intenses activités maritimes ont également augmenté les déversements de pétrole et contribué à l’aggravation du phénomène de pollution.

Il y a six ans, le Roi Abdullah de Jordanie avait fait transformer la ville portuaire d’Aqaba en zone économique spéciale pour en faire un hub commercial bénéficiant d’une autonomie administrative et de nombreux avantages économiques. Plusieurs douzaines de gratte-ciels y ont été construits le long de la côte actuellement et d’importantes activités commerciales s’y sont développées au cours des dernières années, entraînant une augmentation de la population de la ville.

Respect de la nouvelle législation

La Aqaba Special Economic Zone Authority, l’organisme en charge de la gestion de ville, a imposé des directives très strictes en matière de lutte contre la pollution, et aucun déversement en mer n’est autorisé. En outre, un programme de surveillance globale de l’environnement le long de tout le littoral du pays a été mis en place en depuis 2000.

Pour M. Koufahi, néanmoins, les lois ne servent à rien si elles ne sont pas respectées.
« Toutes les lois introduites par les responsables de la ville sont modernes et pourraient faire d’Aqaba un port très propre. Mais c’est l’application de ces lois qui pose problème. Nous sommes très conscients que peu de personnes respectent la législation ».

Selon M. Koufahi, la Jordanie et Israël devraient mettre en place un mécanisme de coopération clair permettant de lutter contre les éventuelles fuites d’égout.

Il a par ailleurs appelé les habitants de la ville à se rendre dans le centre de santé le plus proche dans le cas où ils seraient tombés malades après s’être baignés dans la mer.
« Si les patients ne sont pas soignés rapidement, ils pourraient souffrir de déshydratation et mourir », a-t-il prévenu.

9 octobre 2007 - IRIN - Vous pouvez consulter cet article à :
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