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Guantanamo Bay : un journaliste d’Al-Jazeera, humilié et entravé, risque de mourir
samedi 22 septembre 2007 - Robert Verkaik - Uruknet

15 septembre 2007

Merci à Ismail Kashkash pour sa compilation sur ce scandaleux cas d’injustice.

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Sami al-Hajj

Selon un rapport médical écrit par une équipe de psychiatres britanniques et américains, un journaliste d’Al-Jazeera capturé il y a six ans en Afghanistan et envoyé à Guantanamo Bay, risque de devenir la cinquième victime par suicide dans cette base navale.

Sami al-Hajj, citoyen soudanais, est dans son 250ième journée de grève de la faim, grève qu’il a commencé pour protester contre sa détention depuis janvier 2002, et ce, sans inculpation ni procès. Mais les médecins britanniques et américains qui ont eu un accès exclusif à ses notes d’interview, disent qu’il est tout à fait clair qu’il a abandonné toute envie de lutter pour sa vie, atteint de ce que les médecins appellent ?le suicide passif », une condition dont souffrent les victimes femmes du Darfour.

Le Dr Dan Creson, psychiatre américain qui a travaillé avec les Nations Unies au Darfour, dit que M. Haj souffre de dépression sévère et que son état se détériore tellement qu’il risque de mourir à tout moment.

Il raconte que la condition du prisonnier est semblable à celle des femmes du Darfour au Soudan dont la raison subit tout à coup un déclin irréversible suite aux mois de famine et de mauvais traitements. Il dit : « Elles ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour survivre et sauver leurs enfants malgré les viols, les privations de nourriture et les humiliations abjectes qu’elles ont subies ; puis, tout à coup, quelque chose se passe dans leurs esprits, et, sans prévenir, elles restent assises avec leurs petits enfants sous le premier lieu ombragé encore disponible, et sans aucune émotion apparente, elles attendent la mort ».

Cette année en juin, un Saoudien est devenu le quatrième prisonnier à se suicider à Guantanamo Bay. Les gardiens l’ont découvert dans sa cellule, mort. L’année dernière en juin, deux prisonniers saoudiens et un prisonnier yéménite ont été retrouvés pendus, manifestement suicidés. Un officier supérieur américain a provoqué un scandale à l’époque en décrivant les suicides des trois hommes comme étant un acte de guerre ?asymétrique’ et un bon geste de « relations publiques » de la part des présumés terroristes.

M. Haj (38 ans) avait été envoyé en octobre 2001 par la chaîne de télévision Al-Jazeera couvrir la guerre en Afghanistan. Le mois suivant, après la chute de Kabul, M. Haj et son équipe ont quitté l’Afghanistan pour le Pakistan.

Début décembre, l’équipe a obtenu des visas pour retourner en Afghanistan. Mais quand M. Haj a essayé d’entrer à nouveau en Afghanistan avec ses collègues, il a été arrêté par les autorités pakistanaises -apparemment à la demande de l’armée américaine.

Il a été emprisonné puis remis aux autorités américaines en janvier 2002, emmené dans le quartier militaire américain à Bagram, (Afghanistan) puis à Kandahar et finalement à Guantanamo en juin 2002.

Son avocat, Clive Stafford Smith de l’organisation des droits humains Reprieve, dit que son client endure des mois d’alimentation forcée brutale et que lors de sa grève de la faim il avait perdu près d’un cinquième de son poids corporel.

M. Stafford Smith dit : « L’armée américaine a peur qu’un cinquième prisonnier ne meure pendant sa détention. Mais ils réagissent à tort en traitant les prisonniers encore plus mal. Les couvertures et les vêtements leur sont retirés par peur qu’ils ne les utilisent pour se suicider. Les méthodes les plus dures sont utilisées pour les alimenter de force : le tube d’alimentation a été enfoncé par erreur jusqu’aux poumons de Sami, et ce, à plusieurs reprises. »

L’avertissement concernant l’état de santé de Sami Haj a coïncidé avec la diffusion des transcriptions de Guantanamo qui montrent bien l’hostilité qui existe entre les gardiens et leurs prisonniers. Ces transcriptions donnent aussi des détails : les gardiens qui interrompent les prisonniers pendant leurs prières, les détenus qui lancent leurs excréments sur eux et les interrogateurs qui leur refusent les médicaments.

Le Dr. Hugh Rickards, un psychiatre britannique, a prévenu dans son rapport que le niveau de souffrance mental de Sami Haj « parait tellement intense qu’il est de mon devoir en tant que praticien médical, de mettre cela par écrit afin qu’une évaluation et un traitement appropriés soient assurés ».

Le D. Mamoun Mobayed, un psychiatre britannique basé en Irlande du Nord ainsi qu’un troisième membre de l’équipe qui a pu avoir accès aux notes écrites concernant les interviews récentes avec le prisonnier, ont dit qu’ils s’inquiétaient de la santé mentale de la femme de M. Haj et de son fils de sept ans qui n’avait qu’un an au moment où Sami Haj a été affecté en Afghanistan.

Uruknet :
www.uruknet.info?p=36296

Tiré de “Window Into Palestine” :
http://windowintopalestine.blogspot...


Qui est le prisonnier 345 ? Et pourquoi devrions-nous, vous et moi, nous en inquiéter ?

Libérez Sami al-Haj, prisonnier 345

Le prisonnier 345 est Sami Al-Haj. Al-Haj est le prisonnier 345 dans le camp de prisonniers américains de Guantanamo Bay, Cuba. Sami est en grève de la faim depuis le 7 janvier 2007. Sami a été arrêté au Pakistan en décembre 2001 alors qu’il voyageait muni d’un visa légal pour travailler en Afghanistan en tant que caméraman pour Al-Jazeera.

Mais il est détenu en tant que « combattant ennemi ». Al-Jazeera, ses bureaux et ses reporters ont souvent été attaqués (politiquement comme physiquement) par l’administration Bush. Son crime : ne pas applaudir (comme beaucoup d’autres media que nous ne mentionnerons pas) aux guerres sans fin de l’administration Bush.

L’administration Bush et le Pentagone n’ont pas accusé Sami de quelque crime que ce soit. Qui a le droit d’enlever la liberté aux gens et de les séparer de leurs familles sans les accuser d’un crime ? Comment nous sentirions-nous si un américain devait subir une telle pratique immorale et illégale ? M. Al-Haj doit être libéré et être dédommagé pour tout le mal que nous lui avons causé à lui et à sa famille. M. Haj mérite qu’on s’excuse. Mais nous devons aussi nous excuser auprès des millions d’Iraquiens et d’Afghans innocents dont nous avons ruiné la vie à cause du crime terroriste du 9/11 pour lequel ils n’avaient aucune responsabilité.

Je n’ai jamais rencontré Sami Al-Haj. Je n’ai jamais travaillé pour Al-Jazeera. Alors, pourquoi devrais-je me sentir concerné ? Cette attitude correspond fondamentalement à trois groupes de personnes. Le premier, cela me concerne personnellement. Je dois pouvoir me regarder en face. Le prophète Mohammed (que la paix soit avec lui) a dit que celui qui voit une injustice et reste silencieux est un diable muet, c’est-à-dire qu’il devient partenaire de cette injustice. Je ne veux pas devenir le complice de cette injustice majeure.

Le deuxième groupe ce sont mes enfants. J’ai toujours appris à de mes enfants que l’enseignement du Coran disait qu’il fallait dénoncer l’injustice surtout quand celle-ci est commise par quelqu’un dans sa propre société. Actuellement, mon propre pays s’est engagé dans des pratiques injustes. Le fait de rester silencieux n’est pas une option. Mes enfants doivent savoir que quand j’ai eu la possibilité de les dénoncer, je n’ai pas hésité. Le Goulag du Guantanamo Bay doit fermer. Ceux qui sont responsables de crimes doivent être jugés par un tribunal indépendant et s’ils sont considérés non coupables, ils doivent être libérés. La détention indéfinie sans accusation est en elle-même une forme de terrorisme (appelé kidnapping) sans parler de la torture (sanctionnée par notre Procureur Général Alberto Gonzales) appliquée dans ce processus. Cela ne représente pas l’Amérique.

En tant qu’Américains, nous avons le devoir de nous opposer à ces actes qui déteignent sur l’histoire, l’image et la crédibilité de notre pays. Notre premier devoir est, bien sûr, de défendre la dignité et l’humanité de tout être humain.

Le troisième groupe est la famille de Sami : ses parents, sa femme et son fils Mohammad qui est né après la mise en détention illégale de Sami par nos forces. Ils ont besoin de savoir que beaucoup d’Américains ont honte et sont horrifiés par les actions de notre gouvernement. Nous ressentons votre douleur. Nous prions pour le jour où Sami sera libéré et qu’il pourra finalement rencontrer son fils pour la première fois.

En tant que père, je sais que nous ne pouvons rien faire pour compenser les jours pendant lesquels Sami a été privé de voir son fils grandir ou pour les jours durant lesquels Mohammad avait besoin de l’amour, des étreintes et du réconfort de son père.

http://hussamayloush.blogspot.com/2...

Pour plus d’informations sur Sami Al-Haj : http://www.prisoner345.net

Sami doit être libéré !

Entravé et humilié
Par Sami Al-Haj

En entendant les pigeons recouler dans les arbres
Mon visage s’est couvert de larmes
En entendant l’alouette gazouiller, mes pensées ont composé
Un message pour mon fils.
Mohammad, je suis abattu.
Dans mon désespoir, je n’ai personne d’autre qu’Allah pour me réconforter.
Les oppresseurs jouent avec moi,
Et ils se déplacent librement dans le monde.
Ils me demandent d’espionner mes compatriotes,
En prétendant que ce serait une bonne action.
Ils m’offrent de l’argent et de la terre,
Et la liberté d’aller où je veux.
Leurs tentations attirent mon attention
Comme l’éclair dans le ciel.
Mais leur cadeau est un serpent vide,
Véhiculant l’hypocrisie dans sa gueule pareille au venin,
Ils ont des monuments à la gloire de la liberté
Et à la liberté d’opinion, ce qui est bien.
Mais je leur ai expliqué qu’une
Architecture n’est pas une justice.
Amérique, tu chevauches sur le dos des orphelins,
Et tu les terrorise tous les jours.
Bush, fais attention,
Le monde sait reconnaître un menteur arrogant.
A Allah, j’adresse mes griefs et mes larmes.
J’ai le mal du pays et je suis oppressé.
Mohammad, ne m’oublie pas.
Soutien la cause de ton père, un homme qui craint Dieu.
J’ai été humilié et entravé.
Comment puis-je aujourd’hui composer des versets ? Comment puis-je aujourd’hui écrire ?
Après les menottes et les nuits et la souffrance et les larmes,
Comment puis-je écrire de la poésie ?
Mon âme est comme une mer déchaînée, agitée par l’angoisse,
Violente et emportée par la passion.
Je suis prisonnier, mais les crimes sont ceux de mes ravisseurs.
Je suis submergé par l’appréhension.
Seigneur, unissez-moi avec mon fils Mohammad.
Seigneur, accordez la victoire aux justes.

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Traduction : Ana Cléja