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Le cameraman d’Al-Jazeera "proche de la mort" à Guantanamo
dimanche 16 septembre 2007 - Robert Verkaik - The Independent
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Sami al-Hadj

Un journaliste d’Al-Jazeera capturé en Afghanistan il y a six ans et envoyé au golfe de Guantanamo est tout près de devenir le cinquième détenu à la base navale US à se prendre la vie, selon un rapport médical rédigé par une équipe de psychiatres britanniques et étatsuniens.

Sami al-Hadj, un citoyen soudanais, est dans son 250e jour de grève de la faim commencée en protestation contre sa détention sans charge ni procès en Janvier 2002. Mais des médecins britanniques et étatsuniens, à qui on a accordé un accès exclusif à des notes de son interview, disent qu’il y a de très forts indices qu’il a abandonné son combat pour vivre, subissant ce que les médecins reconnaissent comme « un suicide passif », un état éprouvé par des femmes victimes au Darfour.

Dr. Dan Creson, un psychiatre étatsunien qui a travaillé avec les Nations Unis au Darfour, dit que M. Hadj souffrait d’une dépression sévère et pourrait être en train de se détériorer jusqu’à une mort imminente.

Il dit que l’état du détenu était similaire à celui des femmes darfouries au Soudan dont le cerveau éprouvait soudainement un déclin irréversible après avoir enduré des mois de famine et d’abus. Il dit : « au milieu du viol, d’une lente inanition et des humiliations abjectes, elles faisaient ce qu’elles pouvaient pour survivre et sauver leurs enfants ; puis, soudainement, quelque chose se passa dans leur psyché, et, sans avertissement, elles iront s’asseoir avec leurs petits enfants dans le premier coin d’ombre disponible et attendront la mort sans émotion apparente ».

En juin de cette année, un homme saoudien devint le quatrième prisonnier à se prendre la vie au golfe de Guantanamo. Les gardiens le trouvèrent mort dans sa cellule. Deux prisonniers saoudiens et un prisonnier yéménite furent trouvés pendus dans ce qui apparaissait comme un suicide au mois de juin de l’année dernière à Guantanamo. Un officier sénior US provoqua l’indignation à l’époque en décrivant le suicide des trois hommes comme un acte de guerre unilatéral et un geste de relations publiques [pour attirer les regards] de la part des suspects terroristes.

M. Hadj, 38 ans, a été envoyé en mission par la chaine de télévision Al-Jazeera pour couvrir la guerre en Afghanistan en octobre 2001. Le mois suivant, après la chute de Kaboul, M. Hadj a quitté l’Afghanistan pour le Pakistan avec le reste de son équipe.

Début décembre, des visas ont été attribués à l’équipe pour retourner en Afghanistan. Mais quand M. Hadj a essayé de rentrer en Afghanistan avec ses collègues, il a été arrêté par les autorités pakistanaises - apparemment à la demande de l’administration militaire US.

Il a été emprisonné et remis aux autorités US en janvier 2002, emmené au camp militaire US à Bagram en Afghanistan, puis Kandahar et finalement à Guantanamo en juin 2002.

Son avocat, Clive Stafford Smith de l’organisation humanitaire ?Reprieve’ (Reprieve fournit des enquêtes et des représentations légales pour les prisonniers qui sont privés de justice par des gouvernements puissants à travers le monde, ndt), dit que son client a enduré des mois d’alimentation forcée brutale et a perdu presque le cinquième de son poids durant la grève de faim.

M. Stafford Smith dit : « L’administration militaire US est effrayée à juste titre d’un cinquième prisonnier mourant sous leur garde. Mais ils réagissent incorrectement en traitant les prisonniers encore plus mal. Les couvertures et les habits sont enlevés pour éviter qu’ils soient utilisés pour commettre un suicide. Les méthodes les plus brutales d’alimentation forcée sont employées - Sami a souffert, à plusieurs reprises, du tube d’alimentation forcé dans ses poumons par erreur ».

L’alerte sur l’état de M. Hadj coïncide avec la divulgation des transcriptions de Guantanamo qui décrivent l’hostilité entre les gardiens et leurs prisonniers. Les transcriptions contiennent des détails sur des gardiens interrompant les prisonniers pendant la prière, des détenus lançant leurs excréments sur les gardiens, des interrogateurs retenant les médicaments.

Dr. Hugh Rickards, un psychiatre britannique, a alerté dans son rapport que le niveau de la souffrance mentale de M. Hadj « semble si aiguë qu’il est de mon devoir en tant que praticien médical de le signaler par écrit pour garantir une évaluation et un traitement appropriés ».

Dr. Mamoun Mobayed, un psychiatre britannique basé en Irlande du Nord, et un troisième membre de l’équipe à qui on a donné l’accès à des notes écrites des interviews récentes avec le prisonnier, ont expliqué qu’il y avait aussi des soucis à propos de la santé mentale de la femme de M. Hadj et son fils âgé de sept ans, lequel avait seulement un an quand son père a été envoyé en mission en Afghanistan.

Sur le même thème :

Un cameraman d’Al Jazeera en grève de la faim à Guantanamo

13 septembre 2007 - The Independent - Vous pouvez consulter cet article à :
http://news.independent.co.uk/world...
Traduction de l’anglais : IA