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Des villageois font face à des ordres d’évacuation
mercredi 15 août 2007 - IRIN
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Hussain Bisharat de Makhool dit que les pâturages pour son troupeau
ont été réduits par l’armée israélienne.

Israël/Territoires occupés

AL-HADIDIYA, 8 août 2007 (IRIN) - Les habitants palestiniens du village d’Al-Hadidiya dans la Vallée du Jourdain (Cisjordanie) vivent sans électricité, ni eau courante et plus important encore disent-ils, ils font face à des ordres de démolitions et d’évacuation.

« Cinq familles ont essayé de contester les ordres auprès d’un tribunal israélien » dit Ali Bsharat, un habitant d’Al-Hadidiya. « Ils ont perdu ! ».

Les cinq familles ont dû signer des documents et promettre de quitter la région.

« Nous ne voulons pas partir » dit Bsharat, mais il a laissé entendre que ce n’était qu’une question de temps avant que tous les habitants soient obligés de le faire.

Zidki Maman, le porte-parole de l’administration civile israélienne en Cisjordanie, dit que les habitants avaient « envahi la terre illégalement. Ils ont monté des tentes et des enclos pour les animaux » en violation avec les lois israéliennes dans la Cisjordanie occupée.

« Israël doit prendre des mesures contre ceux qui agissent illégalement » dit Zidki Maman.

Les villageois disent qu’ils avaient déménagé sur ces terres quand la zone où ils vivaient auparavant a été déclarée « zone militaire » par Israël.

L’eau

« En 1997, nous étions connectés à Mekorot (la compagnie israélienne des eaux). Mais 8 mois plus tard, ils nous ont coupé l’eau et ils ont fermé les canalisations » raconte Saker de Hadidiya.

Les habitants et les observateurs blâment la situation politique qui a changée en Israël fin 90.

Les canalisations, encore visibles, dépassent du sol, apportant l’eau aux colonies israéliennes qui elles sont considérées comme illégales par la loi internationale. Cela exaspère Saker.

« Nous ne faisons aucun tort à Israël. Nous avons des droits sur nos terres. Où sont les documents des colons prouvant leurs droits sur ces terres ? » Demande-t-il, en élevant la voix de colère et de frustration.

Amnesty International a récemment exprimé son inquiétude en disant que les villageois font face à « des pressions de plus en plus grandes tandis que l’armée restreint leurs déplacements et leur accès à l’eau ».

Organisation israélienne des droits humains

Un nouveau rapport de l’organisation israélienne des droits humains, B’Tselem, émis le 7 août 2007, décrit les restrictions sur les déplacements à l’intérieur de la Cisjordanie comme étant illégales constituant une forme de punition collective.

Le rapport intitulé Ground to Halt dit que les restrictions font du tort à la structure de vie palestinienne dont l’économie, les liens sociaux et l’accès à la santé. Ces restrictions diminuent également la possibilité de développer un système de santé.

« Israël a le droit et le devoir de protéger ses citoyens, mais cette protection doit utiliser des moyens légaux qui ne violent pas les droits humains » dit Sarit Michaeli, une porte-parole de B’Tselem. (*)

L’organisation a sommé Israël de « supprimer immédiatement toutes les restrictions permanentes et intermittentes (sporadiques) sur les déplacements à l’intérieur de la Cisjordanie et d’évacuer toues les colonies ».

Restrictions sur les déplacements

Entre-temps, environ 100 habitants de Hadidiya (village situé dans la section nord-est de la Cisjordanie dans une zone connue sous le nom de la Vallée du Jourdain), doivent utiliser des camions-citernes pour amener de l’eau.

Mais à cause des restrictions sur les déplacements, les camions-citernes et les tracteurs peuvent être confisqués par l’armée israélienne s’ils estiment que cela viole les règles qui édictent quelles routes peuvent être utilisées et à quel moment.

« Cela signifie que nous pouvons être sans eau pour une journée » dit Saker, à moins de louer un tracteur privé de remplacement ce qui triple le prix pour les bergers appauvris. De plus, afin de récupérer le camion-citerne et le tracteur confisqués, ils doivent payer de lourdes amendes.

A Makhool, un plus petit campement avoisinant, environ 80 habitants font face aux mêmes épreuves sauf que l’eau leur revient plus chère étant donné qu’ils ne possèdent pas de tracteur et cela coûte toujours plus cher d’en louer un.

Les restrictions sur les déplacements sont un problème quotidien.

« Quelquefois, si nous amenons nos bêtes trop prêts de la route ou de bases militaires, nous pouvons être arrêtés et emprisonnés par l’armée » dit Haj Hussain Bsharat.

La dernière fois que cela lui est arrivé, son troupeau a été laissé à l’abandon à côté de la route tandis qu’il a été emmené, raconte Bsharat.

« Nous avons proposé aux habitants des solutions alternatives. Ils les refusent systématiquement et ignorent la loi » dit Maimon de l’Administration Civile.

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Muhammed Balaine, de Furush Beit Dajan, près d’une citerne d’eau pompée aux puits du vilage : "Trois des sept puits ont été fermés par les colons israéliens".

Pas de permis de construire

Plus au sud se trouve Furush Beit Dajan. Environ 15% de la population locale sont des réfugiés de la guerre israélo/arabe de 1948, enregistrés auprès de l’UNRWA, (l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens).

Un réfugié, Muhammed Balaine, dont la famille est originaire d’une région près de Beersheba au sud d’Israël, dit que « le problème principal [pour les 1 200 habitants du village] est que nous n’avons pas le droit de construire. Notre village n’est pas sur la carte officielle d’Israël étant donné qu’il est considéré illégal. »

Tout comme Hadidiya, Furush Beit Dajan se trouve dans la Zone C sous contrôle total d’Israël selon les accords d’Oslo.

« Ma maison est vieille. Elle comporte de l’amiante ce qui peut provoquer un cancer. C’est mauvais pour notre santé. Nous ne pouvons pas remplacer le toit par un vrai toit car cela serait considéré comme une véritable construction et risquerait un ordre de démolition » raconte Muhammed Balaine.

Electricité

Les villageois utilisent des générateurs pour l’électricité, étant donné qu’ils ne sont pas connectés au réseau central. Balaine dit que cela augmente le coût.

Il envie le village voisin dans lequel le gouvernement espagnol a payé pour des panneaux solaires très chers qui génèrent de l’électricité.

« Cela ne leur coûte rien » dit Balaine en espérant qu’un tel système pourrait aussi arriver dans son village.

Les restrictions sur les déplacements sont aussi un problème pour ce village étant donné que l’accès à l’hôpital le plus proche implique de passer par plusieurs check-points ce qui, selon le personnel humanitaire fait perdre un temps précieux dans les cas d’urgence.

L’accès à l’eau représente aussi une lutte quotidienne. Trois des sept puits du village ont été fermés par les colons voisins et ce, pour leur propre usage, selon les habitants.

« L’eau est le sang de la vie » dit Muhammed. « L’accès à l’eau diminue chaque année pour nous » dit-il. « Une fois l’eau disparue, ce sera la fin ».

(*) - Rappelons que l’occupation par Israël de la Cisjordanie et de son peuple est illégale au regard du droit international, et que les citoyens d’Israël n’ont rien à faire là. (note de la publication)

8 août 2007 - IRIN - Traduction : Ana Cléja