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Afghanistan, terre d’expérimentation
lundi 2 juillet 2007 - Dominique Bari - L’Humanité
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Le Rafale - Dassault Aviation

« Il n’y a aucun projet de désengagement de la France en Afghanistan. La France sera fidèle à ses engagements et fidèle à ses alliés », déclarait début juin le premier ministre, François Fillon, à l’issue d’un entretien à Matignon avec son homologue canadien Stephen Harper. « Elle maintiendra son dispositif en Afghanistan. Elle entend le faire évoluer pour être encore plus efficace et en particulier pour mieux assurer la formation de l’armée afghane. »

Une confirmation directe qui clarifie la position de la France sur son intervention dans la guerre afghane alors que le candidat Sarkozy avait fait mine de s’interroger entre les deux tours de la présidentielle sur la pertinence du maintien de forces françaises en Afghanistan.

Paris, au sein de l’OTAN, décide donc de continuer à prêter main-forte à Washington, embourbé dans un conflit sans fin dans les montagnes afghanes. Une réponse aux voeux exprimés quelques semaines plus tôt par Richard Boucher, le sous-secrétaire d’État américain pour l’Asie du Sud et l’Asie centrale, de passage à Paris. « Nous espérons que la France va augmenter sa contribution pour renforcer l’effort européen en Afghanistan », lançait ce dernier devant des diplomates. Or les États-Unis, qui conduisent sur place une force alliée de 32 000 hommes dont 13 000 soldats américains, n’ont pas réussi, pas plus qu’en Irak, à stabiliser le pays et à ressusciter un État afghan.

Leur engagement depuis 2001 leur a coûté 14,2 milliards de dollars, auxquels s’ajouteront les 10,6 milliards de dollars que la Maison Blanche a demandés au Congrès pour les deux années à venir. Que doit-on attendre des quelque 1 100 soldats français stationnés dans la région de Kaboul dans le cadre de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), aujourd’hui sous commandement de l’OTAN ? Si l’effectif n’est pas augmenté, l’implication française dans les combats du Sud s’est concrétisée avec la décision prise au sommet de l’Alliance atlantique de novembre dernier à Riga.

Et plus que jamais, l’armada entretenue en Afghanistan apparaît bien faire de ce pays un vaste champ de manoeuvres et d’expérimentation pour des armes nouvelles. Les officiers français ne s’en cachent pas. « C’est la guerre de demain qu’expérimentent les alliés ici tous les jours, et il est important de ne pas être déclassés », commente ainsi le général français Kohn, intégré à l’état-major de l’Isaf, dans le Figaro du 22 juin.

Il en a été de même pour l’utilisation du Rafale. À la mi-mars, des communiqués de l’armée se félicitaient des bonnes performances de l’appareil après le tir de deux bombes à guidage laser sur des positions talibanes en Afghanistan. Cet engagement « marque une nouvelle étape dans la longue histoire de cet avion qui n’avait jamais ouvert le feu en opération », annonçait l’état-major des armées. « C’est la première fois que dans un déploiement opérationnel, un Rafale se sert de ses armes », vantait-il.

Une guerre qui vaut toutes les publicités du monde ! Le Rafale de Dassault Aviation, dont les premières études avaient été lancées en 1978, est entré en service en 2002 dans les armées françaises. Contrairement au Mirage, véritable succès à l’exportation, le Rafale n’a pas trouvé preneur à l’étranger jusqu’à présent. La version F2 a été récemment équipée pour tirer des « bombes guidées au laser » de 250 kg, le chasseur de Dassault Aviation étant cantonné auparavant dans des missions de défense aérienne.

Avec le Rafale, d’autres types d’appareils français, Mirage 2 000 D ou Super-Étendard, ouvrent régulièrement le feu en Afghanistan. Depuis juin 2006, la chasse française a largué des bombes à quinze reprises en soutien aux forces armées afghanes ou à celles de la coalition aux prises avec les Talibans.


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Dominique Bari - L’Humanité, le 29 juin 2007