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L’allégement des restrictions n’a pas aidé les Palestiniens
jeudi 7 juin 2007 - L. Ohrstrom - The Daily Star

Beyrouth - Malgré le fait que le Ministre du Travail ait allégé partiellement il y a deux ans les restrictions qui empêchaient les résidents palestiniens de travailler dans certaines professions semi-spécialisées, les réfugiés sont en pratique toujours exclus du marché du travail libanais et le taux de chômage dans les 12 camps palestiniens est de près de 60%.

De tous les pays d’accueil, le Liban a le pourcentage le plus élevé de Palestiniens vivant dans une pauvreté abjecte et qui sont enregistrés après du UNRWA comme étant des « cas spéciaux en grande difficulté ».

Shaheen Chughtai, un porte-parole de « Save the Children-UK » explique qu’étant donné que les Palestiniens sont considérés comme étant des étrangers, selon la loi du travail du Liban ils doivent obtenir un permis de travail (ce que peu d’entre eux réussissent à obtenir) et en conséquence, 9 Palestiniens sur 10 sont soit au chômage ou travaillent dans un emploi sous payé et non officiel.

« L’accès restreint au marché du travail libanais cloue au moins 60% des familles palestiniennes dans la pauvreté, ce qui fait que leurs enfants sont élevés dans des conditions extrêmement difficiles, cela ne stimule pas leurs enfants à étudier et restreint les opportunités à améliorer leurs vies » raconte-t-il au Daily Star.

« Ces dernières années, le gouvernement a allégé quelques unes des restrictions aux quelles sont soumis les Palestiniens pour obtenir certains emplois. » dit Chughtai en se référant au décret de juin 2005 du ministre du travail démissionnaire Trad Hamadeh, décret qui avait partiellement levé les restrictions sur 70 professions précédemment interdites aux Palestiniens et à tout travailleur étranger dont le pays d’origine ne donne pas des droits réciproques aux Libanais.

« C’est une démarche positive mais des obstacles significatifs comme l’exigence d’un permis de travail ainsi que des restrictions concernant les docteurs, avocats, journalistes et dentistes demeurent « dit-il. « D’autres mesures progressives pour augmenter l’accès au marché du travail seraient les bienvenus ».

Le directeur des affaires de l’UNRWA au Liban, Richard Cook, a accueilli favorablement le mémorandum ministériel concernant l’accroissement de l’accès des Palestiniens à plus de 50 emplois qui leur était précédemment fermés mais il a averti que cela ne changeait pas la loi elle-même mais seulement l’interprétation de cette loi par un ministre en particulier.

« Hamadeh l’avait annoncé en 2005 mais nous ne voyons rien sur le terrain » a dit Cook en se demandant si une amélioration était perceptible concernant la situation des emplois pour les Palestiniens. « Et, bien sûr, il a maintenant démissionné ».

La liste des emplois interdits aux Palestiniens s’est allongée au fil des années sous les différents ministres et incluent maintenant des emplois à la fois manuels et de bureau dans l’administration et les banques, les laboratoires et les pharmacies, l’électronique, la mécanique et la maintenance ainsi que l’enseignement. Les emplois dans le secteur des services tels que concierge, gardien, cuisinier, boulanger et coiffeur ainsi que les autres professions indépendantes dans le secteur privé comme le commerce, l’ingénierie, l’impression ou l’édition ainsi que l’entretien des voitures ont aussi été restreints.

Même les réfugiés palestiniens qui peuvent obtenir des permis de travail (avec beaucoup de difficultés) sont alors obligés d’entrer en compétition avec les autres réfugiés légaux et les travailleurs syriens sous-payés.

Le directeur de l’ONG palestinienne Nebaah au Liban sud, Qassem Saad, n’a pas non plus remarqué de changements perceptibles dans les perspectives d’emploi des Palestiniens depuis la démarche de Hamadeh.

« Tout d’abord, la décision était un décret ministériel et elle peut être annulée par n’importe quel nouveau ministre et les emplois qui avaient été ouverts aux Palestiniens étaient des emplois techniques et professionnels ce qui signifie que si vous êtes médecin, avocat ou enseignant, vous ne pouvez toujours pas pratiquer votre profession en dehors du camp » dit Saad.

« La situation politique a également remis à plus tard tout changement » ajoute-t-il.

Un autre facteur qui empêche les réfugiés palestiniens d’avoir des moyens d’existence viables est le manque d’accès à un capital pour commencer une petite affaire. L’UNRWA à travers son département d’aide et de services sociaux, donne de petits prêts et des bourses aux habitants des camps qui sont tombés dans ce que le porte-parole Hoda Samra appelle la catégorie des « les pauvres parmi les plus pauvres ».

Sous ce que Cook appelle « un programme très petit de micro-financement » de l’UNRWA, les réfugiés reçoivent des prêts pour développer des affaires existantes ou des bourses pour partir de zéro.

Cook a donné comme exemple le cas d’une personne ayant reçu un prêt « après que sa camionnette d’épicerie mobile ait été gravement endommagée par des éclats provenant d’une explosion d’artillerie lors de la dernière guerre avec Israël ».

« Nous lui avons prêté 1.000 $ pour remettre en état sa camionnette. Ce n’était pas cher et maintenant il est de retour sur les routes ; ces programmes peuvent donc être très efficaces » dit-il.

Le prêt moyen va de 3.000 à 5.000 $, le maximum étant de 8.000 $, et le taux de remboursement est élevé. Mais le capital est limité.

Néanmoins, les moyens donnés par l’UNRWA au Liban sont limités étant donné qu’il n’y a des fonds que pour aider ceux qui ont les revenus les plus bas et qui restent en arrière des programmes spécialisés que l’organisation effectue en Jordanie,, en Syrie, en Cisjordanie et à Gaza. Cook dit que l’UNRWA est en discussion pour mettre sur pied un programme plus important au Liban.

De plus, les programmes de microcrédits sont souvent critiqués car ils n’engendrent pas des potentialités d’emplois tellement indispensables dans les camps. La plupart des réfugiés qui travaillent actuellement dans les camps sont des épiciers, des vendeurs de légumes ou ils gèrent de petites boutiques. Alors que les enseignants, les avocats et les médecins peuvent pratiquer à l’intérieur des camps mais les ingénieurs ne le peuvent pas puisqu’il est interdit de construire.

Le chômage important affecte chaque camp calcule Saad et tant que la situation ne changera pas, la violence, la délinquance et le crime augmenteront. « Le niveau de la pauvreté qui s’accroît fera le jeu des groupes paramilitaires, leur garantissant une base de recrutement, car ce sont eux qui ont l’argent »

6 juin 2007 - Lysandra Ohrstrom - The Daily Star - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.dailystar.com.lb/article...
Traduction : Ana Cléja