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Charles Enderlin et France 2 gagnent leur procès
mardi 22 mai 2007 - Pascale Robert-Diard - Le Monde

Le journaliste Charles Enderlin et France 2 ont obtenu, jeudi 19 octobre, la condamnation pour diffamation publique de Philippe Karsenty, directeur du site internet Media-ratings, qui avait affirmé que le reportage montrant un enfant palestinien tué dans les bras de son père par des tirs israélien était un "faux".

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Le jeune Mohammed (à gauche) protégé par son père, Jamal Al-Doura. Image tirée d’un reportage de France 2 à Netzarim (bande de Gaza) le 30 septembre 2000.

Diffusées le 30 septembre 2000 sur la chaîne publique, ces images, tournées par le cameraman Talal Abu Ramah lors d’affrontements entre Israéliens et Palestiniens dans la bande de Gaza, au lendemain de la visite d’Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, et commentées par le correspondant de France 2 en Israël, avaient fait le tour du monde.

Elles montraient un homme tentant de protéger son fils de 12 ans avant qu’une rafale n’atteigne l’enfant. "Jamal et son fils Mohamed sont la cible de tirs venus des positions israéliennes", indiquait M. Enderlin dans son commentaire.

Ce reportage avait suscité, deux ans plus tard, une polémique, alimentée par l’agence de presse francophone israélienne Metula News Agency (MENA), qui dénonçait une "mise en scène", puis relayée par Media-Ratings en novembre 2004.

A l’audience, devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, le 7 septembre 2006, le parquet avait requis la relaxe de M. Karsenty au titre de la bonne foi. Dans son jugement, le tribunal a au contraire estimé que "s’il était incontestablement légitime pour Philippe Karsenty de s’interroger sur un événement qui eut un tel retentissement médiatique et de formuler des critiques à l’égard du commentaire "à chaud" que Charles Enderlin a fait des images (...), le prévenu, en reprenant à son compte, sans distance ni analyse critique de ses propres sources, la thèse d’une mise en scène à des fins de propagande de la mort du petit Mohamed Al Dura dans les bras de son père, a manqué à l’exigence de sérieux attendue d’un professionnel de l’information".

Affirmations péremptoires

Evoquant la "contre-enquête" de l’agence MENA, le tribunal souligne que ses accusations reposent "essentiellement sur des extrapolations et des amalgames" et se nourrit "d’affirmations péremptoires auxquelles aucune autorité officielle israélienne - ni l’armée, pourtant concernée au premier chef, ni la justice - n’ont jamais accordé le moindre crédit".

En s’appuyant sur cette source unique et controversée pour dénoncer "l’imposture" et la "supercherie" du reportage de M. Enderlin, M. Karsenty s’est "incontestablement départi de la plus élémentaire prudence", selon le tribunal.

Les juges de la 17e chambre l’ont en conséquence reconnu coupable de diffamation publique et l’ont condamné à une peine d’amende de 1 000 euros, ainsi qu’au versement d’un euro au journaliste et à France 2 au titre des dommages et intérêts.

M. Karsenty a annoncé son intention de faire appel de ce jugement.

Pascale Robert-Diard - Le Monde, le 21 mai 2007