Les organisations des Nations Unies demandent pour l’an prochain une aide exceptionnelle de 450 millions de dollars afin de combattre la crise humanitaire qui sévit toujours plus profondément en Palestine.
Les sanctions internationales appliquées contre le gouvernement dirigé par le mouvement Hamas et les restrictions imposées par les israéliens sur les exportations en provenance de Gaza ont dévasté l’économie palestinienne.
David Shearer, coordinateur des Nations Unies pour l’aide humanitaire en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza a déclaré : « Dans de telles circonstances, les niveaux atteints par la pauvreté ne cessent de monter. »
Selon les Nations Unies, 65% des Palestiniens vivent sous le seuil de pauvreté et 29 % sont sans emploi.
Le système de santé palestinien est à court de médicaments et se trouve à la limite de l’effondrement, tandis que 50% des Palestiniens n’ont pas accès à une alimentation régulière.
Rester à flot
Mais selon les déclarations ce mercredi de Samir Abu Aisha, l’actuel Ministre Palestinien des Finances, l’aide en augmentation en provenance des pays arabes et européens a permis au gouvernement de rester à flot.
Des économistes et analystes extérieurs au gouvernement estiment cependant que celui-ci est toujours dans une crise profonde.
Près des 3/4 des 453 millions de dollars demandés sont fléchés pour la création d’emplois, l’assistance financière des ménages et l’accès à la nourriture, d’après les déclarations de Shearer.
Les Nations Unies demandent également ces nouveaux moyens financiers pour épauler les systèmes de santé et d’éducation.
Boycott international
Une grande part des dommages subis sur le plan économique sont le résultat du boycott international imposé contre l’Autorité Palestinienne par Israël et les pays occidentaux qui lui ont emboîté le pas, après la victoire électorale du mouvement Hamas et la formation de son gouvernement en mars dernier.
Le boycott a mis ce gouvernement dans l’impossibilité d’assurer des salaires complets à ses 165 000 employés qui constituent l’ossature de l’economie palestinienne.
Shearer déclare aussi que les restrictions imposées par Israël sur les exportations en provenance de la Bande de Gaza et sur les mouvements de marchandises à l’intérieur de la Cisjordanie ont aussi contribué à détruire l’économie palestinienne.
Il déclare : « En première ligne se trouve le problème du boycott économique qui a un impact massif sur les niveaux de pauvreté en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. [...] Près d’un million de personnes qui ont toujours été dépendantes des salaires assurés par l’Autorité Palestinienne ne peuvent maintenant plus compter dessus. »
Accord politique
Shearer insiste sur le fait que l’augmentation de l’aide n’était pas la solution pour la crise palestinienne : « Bien que l’aide humanitaire peut ralentir la détérioration de la situation, c’est un accord politique qui est la chose vraiment nécessaire pour trouver une solution. »
Les pays européens ont intensifié l’aide humanitaire à travers un fond international qui évite de devoir traiter avec le mouvement Hamas.
Les pays arabes ont envoyé des centaines de millions de dollars en aide, le plus souvent à travers le bureau du président Mahmoud Abbas, lequel appartient au Fatah.
Revenus des taxes
D’après Abu Aisha, le gouvernement a réussi à verser à ses employés 59% de leurs arriérés de salaires.
Il n’incrime pas que les pays européens pour la grave situation financière que connaissent les Palestiniens, mais avant tout Israël qui a déjà volé plusieurs centaines de millions de dollars de revenus liés aux taxes [et appartenant aux Palestiniens]. Cette somme atteint aujourd’hui 550 millions de dollars, a-t-il dit lors d’une conférence de presse tenue à Ramallah, « et la crise pourrait être immédiatement résolue si cet argent nous revenait ».
Miri Eisin, un porte-parole du gouvernement israélien a déclaré de son côté qu’Israël pourrait envisager de repenser son attitude sur ces fonds constitués de taxes si le soldat Galid Shalit capturé par la résistance palestinienne en juin dernier était libéré.
Bouffée d’air
Toujours d’après Abu Aisha, les gouvernements arabes ont augmenté leur aide directe au gouvernement en passant de 20 millions de dollars mensuels avant l’arrivée au pouvoir du Hamas à 45 millions.
Abu Aisha fait savoir que 60,5 millions de dollars en argent liquide ont été transportés dans la Bande de Gaza par les dirigeants du Hamas revenant d’Egypte et que le gouvernement palestinien continuerait à procéder de la sorte pour contourner le boycott.
Il a déclaré : « Nous continuerons à utiliser ce genre de moyens si Israël et les Etats-Unis ne lèvent pas l’embargo. »
Il a aussi noté que l’aide européenne aux Palestiniens a augmenté de 27% cette année, mais il a critiqué l’Union Européenne pour avoir évité de traiter avec le gouvernement en attribuant directement l’argent à des individus.
Le Hamas se dit optimiste après qu’Ismaïl Haniya, le Premier Ministre appartenant au mouvement Hamas, ait reçu de nouvelles promesses d’aide durant son voyage à l’extérieur de la Palestine, dont une promesse du Qatar de financer les salaires des enseignants et d’une partie des travailleurs de la santé à concurrence de 30 millions de dollars par mois.
Pour Naser Abdel Karim, professeur d’économie à l’université de Bir Zeit située à proximité de Ramallah, l’augmentation de l’aide a diminué la pression sur le Hamas en donnant à ce mouvement une bouffée d’oxygène.
7 décembre 2006 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
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