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La désespérance des sans-papiers palestiniens
jeudi 17 mai 2007 - Rula Amin - Al Jazeera.net
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Wissam a peu de chance de quitter Beyrouth et le camp de Shatila, puisque "Palestinien sans identité"

Wissam Othman est un jeune garçon de 14 ans qui vit dans le camp de réfugiés de Shatila au sud de Beyrouth, Liban. Comme la plupart des adolescents, il a des rêves.

Il veut devenir un ingénieur en électronique et voyager. Il a aussi des rêves plus modestes : visiter le centre ville de Beyrouth, marcher le long de la célèbre corniche de la capitale... Mais plus que tout, il veut terminer sa scolarité.

Mais cela est peu probable que tous les v ?ux sur la liste de Wissam se réalisent un jour.

Peu importe qu’il soit intelligent, il devra quitter l’école l’année prochaine car il a hérité du statut légal de son père Majdi : zéro.

« C’est parce que je suis un Palestinien apatride et qu’ici, le gouvernement libanais ne me reconnaît pas en tant que réfugié » dit Majdi.

Majdi est un « réfugié palestinien sans identité », un parmi les 3.500 autres qui n’ont pas de documents ou bien des documents expirés.

La plupart de ces réfugiés ont perdu leurs foyers plus de deux ou trois fois et vont d’un pays à l’autre suite à leur exode forcé de Palestine lors de la guerre arabo-israélienne de 1948 : une fuite à laquelle les Palestiniens ont donné le nom de la Nakba (désastre).

Beaucoup de refugiés se sont retrouvés au Liban dans les années 70 sans avoir le statut légal de réfugiés.

Pas de déplacements

Mirelle Chiha du Conseil Danois pour les réfugiés, dit que les réfugiés palestiniens sans papiers rencontrent un grand nombre de problèmes.

« Ils ne peuvent pas se déplacer librement. Beaucoup d’entre eux ne sont pas sortis des camps depuis 20 ou 30 ans par peur de se faire arrêter » raconte-t-elle.

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Le père de Wissam, Majdi, se sent coupable du statut que son fils va hériter de lui

« Cela signifie que vous ne pouvez pas vous rendre dans un autre pays, cela signifie que vous ne pouvez pas continuer votre éducation parce que vous n’avez pas les documents nécessaires pour passer l’examen officiel et de plus vous n’avez pas accès aux services de santé appropriés. »

Majdi ne peut pas toucher un chèque, ne peut rien posséder ni obtenir un permis de conduire. Il ne peut pas non plus retourner en Jordanie où il est enregistré en tant que réfugié : tout cela parce qu’il n’a pas de papiers.

« J’ai l’impression que je n’existe pas. Il est quelque fois préférable de disparaître de la vie. J’ai l’impression d’être un étranger même vis-à-vis de moi-même. » dit Majdi.

Majdi se sent coupable, avec le sentiment qu’il a infligé le même sort à son fils.

Recherche d’enregistrement

L’UNRWA a récemment accordé un accès limité à ses services de santé et d’éducation de base à des réfugiés sans-papiers mais le chemin est encore long.

« La solution idéale serait de réussir à enregistrer les réfugiés palestiniens sans-papiers au Liban en tant que réfugiés puisque de toutes façons ils vivent ici » dit China.

Mais le gouvernement libanais, déjà dans une difficile situation financière suite au bombardement par Israël de ses infrastructures lors des 34 jours de guerre contre le Hezbollah l’année dernière, dit qu’il ne peut pas se permettre de prendre encore plus de réfugiés.

Majdi pense que la véritable solution serait de retourner dans sa terre de Palestine mais cela n’est pas prêt d’arriver bientôt.

Sans papiers, il va rester coincé dans le camp le reste de sa vie durant sans avoir même la chance de voir la Mer Méditerranée en marchant le long du bord de mer de Beyrouth.

15 mai 2007 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
Traduction : Ana Cléja