Fermer la page
www.info-palestine.net
Le soulèvement de la jeunesse palestinienne et le rôle des organisations politiques - 3e partie
dimanche 6 décembre 2015 - Jamal Juma’ - Al-Shabaka
JPEG - 83.2 ko
Photo : AFP/Thomas Coex

Al-Shabaka est un organisme indépendant sans but lucratif dont la mission est d’éduquer et de favoriser le débat public sur les droits humains des Palestiniens et leur autodétermination dans le cadre du droit international.

Le texte qui suit est le premier d’une publication en huit parties sur l’absence actuelle d’une direction nationale palestinienne authentique, et sur le soulèvement en cours de la jeunesse contre l’occupation militaire israélienne et la négation des droits de l’homme dans les territoires palestinien occupés (TPO).


La jeunesse palestinienne qui est descendue dans la rue amorce une phase importante de la réponse à l’occupation israélienne et à l’injustice, signalant le rôle déterminant que la jeune génération pourrait jouer dans la relève de la direction actuelle.

Toutefois, demeure la question de savoir si la nouvelle génération a la capacité d’importer de la rue à la sphère politique ou diplomatique ce soulèvement ou vague de colère ? Le problème réside dans l’incapacité à se révolter contre les directions palestiniennes traditionnelles du Fatah, du Hamas et de la gauche : c’est ce qu’il faut faire si elle veut transformer l’esprit de la révolution en résultats politique et diplomatique.

Les partis politiques palestiniens se comportent actuellement comme les autres partis partout ailleurs ; Ils soupèsent les gains politiques qu’ils peuvent récolter de cette vague de colère, comme par exemple la reprise des négociations avec Israël. Ils n’agissent pas comme des partis révolutionnaires menant une bataille de libération, et ne sont pas en phase avec l’état d’esprit de la population.

Donc, ces partis sont susceptibles de dresser des obstacles, plutôt que de soutenir le soulèvement de la jeunesse ou tout autre action qui ne rentre pas dans un cadre institutionnel établi comme l’aile armée des factions. Les actions incontrôlées n’apportent rien aux partis politiques parce qu’ils ne peuvent les piloter.

Il ne s’agit pas de créer un nouvel espace à l’intérieur ou à l’extérieur de l’OLP, mais plutôt de modifier le comportement politique des Palestiniens en tant que personnes affiliées à des partis politiques existants. Il est impératif de transcender l’affiliation partisane étroite qui a consolidé la division palestinienne interne et affaibli l’OLP. La vague de colère populaire est une rébellion ouverte contre de telles affiliations étroites et l’expression de la nécessité de renforcer les liens nationaux par opposition aux liens partisans.

Cependant, compte tenu de cette réalité et de la division partisane croissante, il aurait été plus prometteur que la jeunesse se révolte contre les dirigeants politiques actuels et les remplace par de jeunes dirigeants pleins d’énergie politique, de confiance en soi et de vitalité.

Les dirigeants locaux n’ont jamais été coupés des directions centrales : le Fatah et le Hamas, par exemple, sont des mouvements politiques de masse plutôt que des partis au sens traditionnel du terme. Par conséquent, il n’est pas envisageable d’imaginer qu’un mouvement populaire indépendant puisse émerger, même si des comités populaires puissent être formés comme ce fut le cas lors de la Première Intifada.

Il est intéressant de noter que la direction nationale unifiée de cette intifada avait été constituée par des acteurs politiques qui avaient embrassé des objectifs politiques communs et une perspective centrée sur la fin de l’occupation comme étape fondamentale du processus de libération.

En bref, nous avons besoin d’un printemps palestinien au sein des partis palestiniens plutôt que d’autres structures politiques qui renforceraient la division et l’esprit étroit de parti. En l’absence de rébellion de la jeunesse au sein des partis politiques palestiniens, aucun soulèvement ne parviendra à effectuer de réels changements politiques.

Les sacrifices du peuple palestinien seront consentis en pure perte, accroissant la frustration née du sentiment d’impuissance. Il serait vraiment très inquiétant si cette frustration anéantissait lentement la foi des Palestiniens en leur pouvoir de se libérer.

* Nijmeh Ali, Palestinienne originaire de Haifa, travaille actuellement à son doctorat au National Center for Peace and Conflict Studies (Centre National pour la Paix et l’Étude des conflits) à l’Université Otago en Nouvelle Zélande. Elle s’intéresse tout particulièrement aux citoyens palestiniens d’Israël en tant que peuple autochtone.

Consultez également :

- 1e Partie
- 2e Partie
- 4e Partie
- 5e Partie
- 6e Partie
- 7e Partie
- 8e Partie

24 novembre 2015 - Ma’an News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.com/Content.asp...
Traduction : Info-Palestine.eu - MJB