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A Gaza, les bombes et le blocus d’Israël forcent les enfants à travailler
mardi 15 septembre 2015 - Isra Saleh el-Namey
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Un enfant travaille dans un garage pour automobiles à Gaza. Le travail des enfants est devenu monnaie courante dans le territoire sous blocus - Photo : APA/Ashraf Amra

« Je n’ai pas le choix », dit-il. « Notre maison a été complètement détruite pendant la guerre, l’an dernier. »

A cause de cette destruction, Muhammad a dû aider sa famille. Laquelle compte cinq filles, quatre garçons et leurs parents et loue aujourd’hui un appartement.

Muhammad gagne à peu près 30 shekels (6,80€) par jour et remet tout à ses parents, qui n’ont pas de revenus fixes.

Après avoir travaillé quelques heures le matin, Muhammad va à l’école. Son frère aîné le remplace au stand jusqu’à la fin des cours de son cadet. « J’aime mon école » dit Muhammad. » Je sais qu’une bonne éducation et le meilleur moyen d’avoir une vie convenable. Mais la vie à Gaza est un enfer sur terre. »

Des responsabilités d’adulte

Le siège et les attaques qu’Israël a infligés à Gaza au cours des récentes années ont causé une forte augmentation de la pauvreté et d’autres problèmes de société.

A 43 pour cent, le taux de chômage à Gaza est le plus élevé au monde, selon les données de la Banque mondiale.

Une conséquence de ces problèmes est que les enfants sont obligés d’accepter des responsabilités d’adultes.
Un autre garçon, Samir, 9 ans, vend du thé et du café dans les ports de Gaza.

“Mon père souffre d’un asthme sérieux et le docteur lui a conseillé de ne pas travailler,” dit Samir. « Je dois faire cela afin d’avoir de l’argent pour acheter des vivres pour ma famille chaque jour. »

Le Bureau central de Statistiques palestinien a estimé que près de 4 pour cent de tous les enfants de Gaza et de Cisjordanie occupée avaient un emploi en 2010.

Une étude de 2013 de ce bureau a donné des chiffres qui indiquent une sensible augmentation du travail des enfants et de décrochement de l’école à Gaza, qui sont « inquiétants ».

Les lois palestiniennes pour la protection de l’enfance et le droit du travail interdit aux employeurs de recruter des enfants de moins de 15 ans. Les enfants de 15 à 17 ans peuvent travailler sous certaines conditions, telles que la limite de leurs heures de travail et l’interdiction d’exercer des activités dangereuses.

Des travaux dangereux

Cependant, à Gaza, certaines tâches exécutées par les enfants, comme la réparation de machines en atelier, sont de nature dangereuse.

Zaher, un enfant de 11 ans, travaille dans un atelier de mécanique depuis l’âge de 9 ans.

Il travaille souvent 12 heures par jour. Pendant sa première année de travail, il n’était pas payé. « Mon patron m’a dit que je devrais faire beaucoup de formation pour faire ce qu’on attendait de moi, » a-t-il dit . Son job consiste à travailler sur des moteurs et des engrenages de voitures.

Zaher et son frère aîné, qui travaille dans un atelier de vêtements, ont dû soutenir leur famille depuis la mort de leur père il y a cinq ans. Zaher est payé 10 shekels (2,30€) par jour.

En moyenne, les enfants travailleurs en Cisjordanie et à Gaza ont travaillé un peu plus de 44 heures par semaine en 2013. Leur salaire moyen était moins de 50 shekels (11,50€) par jour.

La pauvreté est le facteur déterminant qui pousse les enfants à travailler. Le niveau de pauvreté à Gaza, tel que défini par la Banque mondiale, a augmenté de 28 pour cent en 2013 à 39 pour cent en 2014. L’augmentation a été directement reliée aux 51 jours de bombardement de Gaza par Israël en juillet et août l’an dernier.

Issam Younis, directeur d’Al Mezan, un groupe de droits de l’homme basé à Gaza, a déclaré que les enfants sont les « vraies victimes » du siège qu’impose Israël depuis huit ans.

« Vous trouverez des enfants à Gaza qui ont quitté l’école pour travailler afin de compenser ce que les familles ont perdu à cause du blocus permanent, » a-t-il déclaré.

* Isra Saleh el-Namey est une journaliste de Gaza.

11 septembre 2015 – The Electronic Intifada – Vous pouvez consulter cet article à :
https://electronicintifada.net/cont...
Traduction : Info-Palestine.eu - Jean Cartier