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Demandeurs d’asile : la Forteresse Europe armée par les Israéliens
vendredi 10 juillet 2015 - Shir Hever
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Sauvetage de plus de 400 réfugiés syriens, entassés sur ce seul bateau, au large des côtes italiennes - Photo : Polaris/Massimo Sestini

Selon un document révélé par Wikileaks, l’UE a décidé de saboter les bateaux qu’utilisent les réfugiés pour leur traversée, afin que leur décès n’ait pas lieu en territoire européen.

La croissante extrême-droite européenne a décidé d’oublier que ces gens sont amenés à fuir par des crises dans lesquelles l’Europe –qui n’est pas seule- joue un rôle capital. La sécheresse, la désertification et la perte des récoltes résultent d’un changement de climat causé par le monde industrialisé. La guerre –surtout civile- à une échelle massive est entretenue grâce à des armes européennes, étant donné que cinq sur les 10 plus grands exportateurs d’armes appartiennent à l’UE. L’exploitation économique et d’injustes accords d’échanges commerciaux ont renforcé la pauvreté en Afrique et au Moyen-Orient et contribuent à l’instabilité politique.

La guerre contre les réfugiés est conduite à deux niveaux. Au niveau technologique, les gouvernements européens ont mis en oeuvre des moyens de détection des demandeurs d’asile, afin d’entraver leur voyage et de les retenir avant leur arrivée en Europe. S’ils arrivent, les gouvernements européens donnent alors la responsabilité des demandeurs d’asile au premier pays européen sur lequel ils débarquent. Le second niveau est une guerre de légitimité, dans laquelle les gouvernements européens essaient de décrire les réfugiés comme ayant une dangereuse et négative influence sur la société européenne et convaincre le public que la violence d’Etat contre les réfugiés est légitime et que l’Europe n’est pas responsable de la terrible situation dans laquelle ils se trouvent.

Technologies israéliennes

Pour Israël, l’Europe est l’un des principaux marchés d’exportation d’armes. En 2014, les exportations israéliennes vers l’Europe se montaient à 724 millions de dollars US, soit 13 pour cent du total des exportations israéliennes cette année-là. Mais bien qu’Israël soit l’un des principaux exportateurs d’armes mondiaux, il n’est pas le plus grand, bien qu’il soit le centre des technologies de sécurité intérieure.

Cette technologie a été conçue pour contrôler, superviser et diriger les populations civiles. Les entreprises israéliennes fabriquent des drones capables de rester en l’air pendant de longues heures et d’envoyer des images vidéo ; elles produisent des équipements complexes de surveillance et des programmes d’exploration de données qui amassent des informations privées pour ouvrir des dossiers sur des personnes, basés sur les données accumulées contre elles et aussi former des vigiles de sécurité.

Ces technologies ne sont pas de celles qui gagnent les guerres, mais plutôt celles qui permettent aux gouvernements de contrôler les populations civiles et de prévenir toute résistance. C’est exactement le genre de technologie nécessaire pour contrôler le flux d’êtres humains arrivant d’Afrique ou du Proche-Orient.

En vérité, les compagnies israéliennes jouent un rôle-clé sur le marché européen de la sécurité et l’UE elle-même cherche à inclure les entreprises israéliennes dans les projets sécuritaires européens. Ainsi, Israël joue un rôle majeur dans la guerre technologique contre les demandeurs d’asile, dans le cadre d’un échange qui apporte des revenus aux entreprises sécuritaires et militaires israéliennes et permettent aux technologies israéliennes de boucler les portes de la « Forteresse Europe ».

Le modèle israélien

Plus importante que les technologies elles-mêmes est la justification politique. Israël joue ici un rôle central, non seulement dans la guerre technologique contre les demandeurs d’asile, mais aussi dans la recherche de la légitimité. Le traitement israélien des réfugiés africains est l’un des pires exemples de mépris pour les droits des réfugiés. Comme le gouvernement israélien refuse à des millions de réfugiés palestiniens le droit de retour en Israël, il ne tient pas à créer un précédent en accordant le statut de réfugiés aux demandeurs d’asile.

La « Loi de Prévention des Infiltrations » qui a été votée en 1954 a été conçue pour légaliser l’utilisation de la force contre les Palestiniens souhaitant revenir dans leurs foyers (et les traitant d’ « infiltrateurs » en même temps). La même loi s’applique aujourd’hui aux demandeurs d’asile. La loi a été amendée en 2011 pour permettre au gouvernement d’arrêter les demandeurs d’asile et de les incarcérer sans jugement pendant trois ans.

Le gouvernement israélien a construit le camp « Holot » pour pouvoir y incarcérer des milliers de réfugiés africains, la plupart venant du Soudan et de l’Erythrée. Bien que la Haute Cour israélienne ait demandé la fermeture de ce centre de détention, le gouvernement israélien continue d’y envoyer des réfugiés. En attendant, le gouvernement israélien a approuvé des réductions budgétaires massives dans le domaine social afin de construire une longue barrière à la frontière égyptienne pour bloquer l’entrée des demandeurs d’asile, fortifiant ainsi davantage Israël avec un nouveau mur.

Comme les pays européens, Israël nie toute responsabilité dans la catastrophe humanitaire qui se développe en Erythrée et au Soudan, mais des Israéliens ont manifesté le 2 juin pour révéler les ventes d’armes israéliennes au Sud Soudan, qui servent à déstabiliser la région.

Le grand nombre de réfugiés fuyant pour sauver leur vie et arrivant dans des pays où ils sont mal reçus et traités avec hostilité, a mis les droites européennes dans le même camp que le gouvernement israélien. L’attitude des Israéliens envers les demandeurs d’asile est à l’heure actuelle plus agressive que celle des Européens, mais la droite européenne cherche à copier le modèle israélien : à la fois son idéologie xénophobe et militariste et son mortel arsenal de moyens technologiques.

Tant que cette alliance durera, il ne faudra pas être surpris de voir beaucoup de dirigeants européens fermer les yeux devant les violations israéliennes des lois internationales.

* Shir Hever est un étudiant diplômé de l’Université Libre de Berlin et un économiste au Centre alternatif d’Information (Alternative Information Centre).

10 juillet 2015 - The Palestine Chronicle - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.palestinechronicle.com/a...
Traduction : Info-Palestine.eu - Jean Cartier