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Les fausses accusations d’antisémitisme sont à dénoncer, condamner et combattre, d’où qu’elles viennent !
jeudi 7 mai 2015 - José-Luis Moraguès - CCIPPP34

La pression exercée par la banalisation et l’acceptation des thèses sionistes dans l’idéologie dominante produit un effet de percolation par lequel le sionisme pénètre et transforme les valeurs du mouvement de solidarité. Le racisme sioniste qui s’exprimait jusqu’ici sur le mode : arabes = terroristes se décline désormais sur le mode : terroristes = islamistes, faisant de l’islamophobie le principal vecteur de protection du sionisme et de la pseudo-lutte contre l’antisémitisme le fer de lance d’une attaque de grande ampleur contre l’antisionisme authentique.

Leur cible n’est autre que la campagne BDS palestinienne qu’ils veulent faire taire et empêcher d’agir par tous les moyens.

D’habitude ce sont les organisations sionistes (le CRIF et ses satellites) qui qualifient d’antisémite toute personne qui ose publiquement critiquer la politique de l’Etat d’Israël, à plus forte raison l’Etat d’Israël lui-même. Ainsi des anathèmes sionistes ont-ils été prononcés contre Edgar Morin, Siné, Pascal Boniface, Daniel Mermet et bien d’autres moins connus. Toutes ces personnes ont été blessées et se sont senties salies par ces fausses accusations malgré les procès gagnés. L’ « incitation à la haine raciale » sur fond d’antisémitisme est la plainte portée contre plusieurs militants BDS qui ont dû également affronter en procès ces infâmes accusations. Grâce à la circulaire Alliot-Marie, non abrogée par l’actuelle ministre de la justice, Mme. Christiane Taubira, circulaire qui incite les parquets à la répression, plusieurs d’entre eux ont été condamnés en première instance (appels en cours).

Cet été, le même gouvernement socialiste, F. Hollande et M. Valls en tête ont ouvertement soutenu l’agression israélienne contre la Bande de Gaza, interdit deux manifestations, arrêté, poursuivi et inculpé plusieurs manifestants. Chacun se souvient du toast de F. Hollande à Netanyhaou « Je trouverai toujours un chant d’amour pour Israël et ses dirigeants » et de M. Valls déclarant : « de par ma femme je suis éternellement lié à Israël ». L’instrumentalisation des attaques criminelles de janvier 2015 ont permis à M. Valls d’affirmer son adhésion aux thèses sionistes lesquelles, depuis des années, tentent de faire passer pour antisémitisme toute critique du sionisme.

Nous sommes donc dans une situation où, au plus haut niveau de l’Etat français, l’Etat d’Israël et donc le sionisme, sont reconnus, adoptés, et même glorifiés. Nous sommes loin des années 70 où l’Assemblée Générale de l’ONU adoptait une résolution selon laquelle : « Le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale » (1). Les sionistes et leurs alliés états-uniens ont depuis réussi à faire annuler ces prises de positions alors même que l’Etat d’Israël n’a cessé de renforcer et de prouver sa nature raciste et d’apartheid. Si bien qu’aujourd’hui, 11 septembre et néo-conservateurs états-uniens aidant, les valeurs défendues par Israël et donc les valeurs du sionisme, dont le racisme, ont pénétré (à des degrés divers) les Etats, les partis, les syndicats et les sociétés civiles occidentales.

Ainsi depuis le 11 septembre, le racisme à l’égard des arabes et des musulmans s’est épanoui sans vergogne jusqu’au plus haut niveau de l’état, dans la droite comme dans la gauche. Convergeant avec l’héritage colonial français qu’il nourrit et revigore, ce racisme s’exprime sous des formes nouvelles. Les campagnes menées sur la question emblématique du foulard, objet d’attaques constantes, sont une des manifestations de ce nouveau racisme « respectable » : l’islamophobie.

La pénétration du racisme sioniste vient nourrir l’islamophobie et dans une formulation essentialiste considère « qu’au fond » les musulmans ont tendance à être des antisémites, les jeunes issus des quartiers populaires en particulier. Ainsi la présidente de la LDH Montpellier (2), parlant de ces jeunes écrit dans un mail du 25 juillet 2014 « (…) ces jeunes français, ou vivant en France (…) ( ?!) et répondant au courrier indigné par la plainte de la LDH contre les deux porte-parole du BDS FRANCE34 d’un représentant du MAN, elle conclue : « J’espérais également une autre attitude de la part de membres de BDS, à savoir une attitude clairement antiraciste.
 Le mal est peut être plus profond que ce que je ne le croyais ». M. Valls comme ses amis du CRIF, déclarent que l’antisionisme est la première étape vers l’antisémitisme. Bonne élève, la LDH34 écrit « qu’elle a été confrontée à ce glissement qui peut s’opérer de l’antisionisme radical à l’antisémitisme/négationisme (…) » et que si on creuse les positions des membres du BDS France 34, « au fond », on trouve l’antisémitisme. Dans cette croyance réside sans doute l’acharnement à porter une plainte pour des motifs démesurés et sans aucun fondement de réalité.

Si l’on veut comprendre aujourd’hui la recomposition des clivages au sein du mouvement de solidarité à la Palestine et les attaques contre le BDS, nous devons intégrer cette donnée : dans certains milieux politiques et associatifs de gauche, le « racisme respectable » qu’est l’islamophobie, héritage colonial, se nourrit de connexions avec les thèses sionistes. Si bien que l’islamophobie est dans le mouvement de solidarité à la Palestine le mode d’expression et le vecteur privilégié par lequel s’expriment les thèses sionistes et le soutien à l’Etat d’Israël. Le choix des cibles de la LDH34 parle de lui même : un Palestinien naturalisé français et une française née en France de parents algériens.

Le sionisme, c’est l’idée (et sa réalisation) de la nécessaire séparation des juifs de tous les autres humains et de la nécessité (au prétexte de leur « protection ») d’un état réservé aux seuls juifs. On comprendra dès lors que la question de l’existence et du soutien à l’état juif, qui est centrale pour certaines associations et partis, soit la ligne stratégique de partage au sein du mouvement de solidarité à la Palestine.

Les trois revendications fondamentales qui structurent l’appel BDS Palestinien posent les conditions d’une véritable autodétermination du peuple palestinien. Même si le BDS Palestinien considère que la discussion sur les solutions politiques - un ou deux états - n’est pas à l’ordre du jour, il est évident que les trois revendications : la fin de la colonisation, le retour des Réfugiés dans leurs maisons (et notamment dans l’actuel Israël) et l’égalité absolue pour les Palestiniens de 48 (vivant en Israël) sont inacceptables pour les tenants d’un état juif pour les juifs, tel qu’il existe depuis sa création.

C’est ce qui explique qu’aujourd’hui le BDS Palestinien cristallise toutes les oppositions et qu’il soit la cible principale de ceux qui soutiennent (bruyamment, silencieusement ou indirectement) l’existence d’un état juif pour les juifs.
Le succès international de la Campagne BDS palestinienne, campagne non violente, suscite la panique dans les rangs sionistes en Israël et dans le monde entier. Ceux-ci multiplient les pressions sur tous leurs amis et alliés subjectifs ou objectifs qui ont recours à tous les moyens pour combattre le BDS Palestinien.

Le comité BDS France 34 a joué un rôle déterminant dans la Coalition contre Agrexco qui a infligé une liquidation à l’entreprise Agrexco fleuron de l’agriculture coloniale israélienne. Il mène des actions sur le front du boycott culturel, du boycott sportif, du boycott des entreprises agroalimentaires mais également contre toute présence ou manifestation institutionnelle de l’état d’Israël. Enfin il mène avec ses partenaires et alliés, campagne contre la journée dite de « Jérusalem », journée sioniste de commémoration coloniale et contre le jumelage de Montpellier avec la ville de Tibériade. Il a initié et coordonné les grandes manifestations de solidarité avec Gaza cet été dont une marche sur la Mairie contre la journée de Jérusalem et la suspension du jumelage avec Tibériade. Il a montré la puissance d’action et de mobilisation du BDS Palestinien ainsi que la cohérence de ses choix stratégiques.
Il n’est pas surprenant qu’il soit devenu la cible des amis et alliés d’Israël.

Dès le 30 juillet 2014, date d’occupation des locaux du PS34 par le comité BDS France34 avec le MIB34 et le NPA, le PS34, parti de gouvernement, portait plainte contre un des porte-parole du comité BDS France34 puis dans le mois qui a suivi contre un de ses animateurs et dès le 6 août, la LDH Montpellier annonçait une plainte nationale contre deux autres porte-parole du comité. En moins d’un mois en pleine mobilisation contre la guerre israélienne contre Gaza quatre militants clés du Comité BDS France se voyaient assignés ou menacés de poursuites judiciaires.

La plainte de la LDH mérite une attention particulière tant elle constitue une rupture avec les codes habituels du milieu associatif. C’est une plainte qui a été cyniquement et minutieusement préparée. C’est une plainte calomnieuse qui a été déposée malgré les nombreuses justifications et explications convergentes fournies à la LDH 34 quoiqu’elle en dise. C’est une plainte qui fait appel aux lois anti-terroristes ) dénoncées par la LDH (!) - et encore jamais portée contre des militants. C’est une plainte nominative (et non contre X) qui accuse explicitement deux personnes de « Contestation de crimes contre l’humanité, provocation publique à la commission de crimes ou délits, à la discrimination ou à la haine raciale – apologie du crime sur FaceBook ». C’est une plainte qui fait de nos camarades l’équivalent des Jean-Marie Le Pen et autres Faurisson ou Garaudy négationnistes.

C’est cela la plainte initiée par la LDH34, et c’est de cela dont la présidente de la LDH34 doit s’expliquer et se justifier. Il ne s’agit pas de savoir si nos camarades auraient dû faire ou non une condamnation publique de ce texte immonde. Ce texte ils l’ont condamné de la façon la plus radicale qui soit en l’effaçant de leur page FB dès qu’ils ont été avertis de son existence et de son contenu.

Par contre Il s’agit d’interroger la LDH34 : pourquoi malgré les nombreux témoignages expliquant l’erreur commise par manque de vigilance de nos deux camarades, pourquoi la LDH 34 s’est-elle entêtée et s’acharne-t-elle encore à les accuser de ces crimes monstrueux ? Sinon parce qu’elle est convaincue – elle et quelques uns de ses amis locaux - « qu’au fond », parce qu’ils sont ce qu’ils sont, ils sont forcément coupables de ces crimes.

Cette plainte mensongère et calomnieuse déshonore et salit toute la LDH.

Mais cette plainte est surtout un constat d’échec de la LDH 34 et ses amis à vaincre le BDS par l’argument politique comme il se doit. Elle marque une rupture radicale avec le dialogue et le débat politique par le recours aux armes de l’appareil d’état, aux attaques judiciaires calomnieuses individuelles contre des militants dévoués et exemplaires, contre tout le comité BDS France 34 et l’ensemble de la Campagne BDS France qui répond à l’appel BDS Palestinien.

Le 30 mars 2015 la LICRA déclarait s’associer à cette plainte et demandait au Maire de Montpellier d’interdire toute expression publique du comité BDSFrance 34.
La convergence du sionisme et de l’islamophobie fonctionne, la boucle est bouclée.

Notes :

(1) La question du racisme d’Israël n’est pas nouvelle. Un an après l’admission de l’OLP comme observateur à l’ONU en 1974, et la réaffirmation « des droits inaliénables du peuple palestinien à l’indépendance nationale et au droit au retour » par l’assemblée générale des Nations Unies, cette même assemblée, adoptait le 10 novembre 1975, une résolution énonçant que « le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ». Le poids du puissant mouvement des pays non alignés n’était pas étranger à cette résolution. Son déclin et le contexte de négociations lors de la conférence de Madrid ont permis à Israël et ses alliés de faire en sorte que l’ONU – fait rare - révoque cette résolution le 16/12/ 1991.
« Conférence Mondiale contre le Racisme » de l’ONU à Durban (Afrique du Sud). En marge du Forum officiel, le 3 septembre 2001, la déclaration finale du Forum des 6000 ONGs représentées, mentionne à plusieurs reprises et très explicitement le racisme et l’apartheid de l’état d’Israël, dans les points 98,99 et de 160 à 165 (-) : 
« 99. Reconnaissant en outre qu’un système raciste fondé sur l’apartheid à l’Israélienne est à la base des violations systématiques actuelles des droits humains, y compris de graves violations de la quatrième Convention de Genève de 1949 (à savoir, des crimes de guerre), des actes et pratiques génocides et d’assainissement ethnique. (…) » et de mentionner qu’un des aspects de ce racisme est le refus du retour des réfugiés palestiniens. Le Forum des ONG a remis sur le tapis la nature raciste de l’état d’Israël fondé sur l’apartheid.
La réaction israélienne est des plus violentes. La délégation du gouvernement israélien à la Conférence de Durban dénonce la résolution des ONG comme étant une incitation à la haine des Juifs. "C’est un langage de haine, parti d’une campagne pour délégitimer Israël et le peuple israélien", a déclaré Noam Katz, le porte-parole de la délégation. "C’est le pire document anti-juif depuis la fin de l’Allemagne nazie", a commenté pour sa part le rabbin Abraham Cooper, du centre Simon Wiesenthal, présent à Durban. Dans ces conditions de nombreuses ONG européennes y compris des droits de l’Homme ( !) par crainte d’être taxées d’antisémitisme se désolidariseront de la déclaration jugée « excessive ». Caractériser Israël d’état raciste et d’apartheid est tabou.

(2) Il est curieux de voir cette personne s’indigner, se poser en victime, à la vue de son nom cité alors qu’elle même a dénoncé nommément et calomnieusement aux lois antiterroristes et aux médias deux militants dont toute la vie personnelle, sociale et professionnelle pourrait pâtir de cette plainte !

CCIPPP34 - Montpellier 4 avril 2015