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Des soldats israéliens reconnaissent avoir délibérement tué des civils dans Gaza
mercredi 6 mai 2015 - Al-Arabya al-Jadeed
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Le meurtre à grande échelle de civils palestiniens, avec à chaque fois de très nombreux enfants, est une constante de la politique israélienne - Photo : Majdi Fathi /APA

« Tout ce que vous voyez dans les quartiers où vous êtes, tout ce qui est à une distance raisonnable, dites entre zéro et 200 mètres - est mort sur place. Aucune autorisation n’est nécessaire. Les règles formelles d’engagement étaient : ’Tout ce qui est toujours là est aussi bon mort.’ Par conséquent, celui que vous voyez là, vous le tuez. »

Ce sont les mots d’un soldat qui a pris part à la guerre contre Gaza de l’an dernier, six semaines d’un assaut israélien par terre et par air qui a fait près de 2200 morts parmi les Palestiniens, essentiellement des civils, et 71 parmi les Israéliens, pour la plupart des soldats.

Le récit du soldat anonyme fait partie d’une nouvelle collection de plus de 60 témoignages anonymes recueillis auprès de soldats israéliens après l’agression.

Les entretiens, publiés en hébreu et en anglais par l’ONG israélienne Breaking the Silence, révèlent les règles laxistes d’engagement militaire dans le territoire côtier, l’une des zones les plus densément peuplées au monde.

Breaking the Silence a déclaré que les règles d’engagement pendant les combats de l’an dernier ont été les plus permissives qu’il ait jamais vues.

Beaucoup de soldats ont témoigné que les ordres qu’ils ont reçus étaient de tirer pour tuer toute personne aperçue dans le secteur. La politique de tirs aveugles « a directement entraîné la mort de centaines de civils palestiniens innocents », a déclaré l’ONG.

Un soldat a raconté la façon dont son unité a pris une maison à Deir al-Balah pour la transformer en un poste de garde.

« Alors que nous étions stationnés là, les forces blindées tiraient sur les maisons environnantes tout le temps, » a-t-il rapporté. « Je ne sais pas exactement ce que leurs ordres étaient, mais il semblait que chaque maison était considérée comme une menace, de sorte que chaque maison devait être frappée par au moins un obus, ce qui fait qu’il n’y avait plus rien de debout. Toutes les maisons autour, quand vous regardiez le paysage, avaient l’air un peu comme un fromage suisse, avec beaucoup de trous. »

Un officier qui a combattu à Deir al-Balah a dit au groupe que l’armée avait rasé indistinctement des maisons de civils.

« Au moment où nous sommes sortis de là, tout était comme un bac à sable. Pour chaque maison que nous avons laissée - et nous sommes passés par trois ou quatre maisons - un D9 (bulldozer blindé) est venu et l’a aplaties, » dit-il. « Le D9 est un engin de travail important. Il a travaillé presque sans arrêt. »

Un autre soldat a parlé d’un bulldozer qui faisait « un rayon de 500 mètres, où pas une seule maison [était] encore debout ».

Les témoignages publiés cette semaine en hébreu et en anglais jettent un sérieux doute sur le gouvernement israélien qui prétend avoir cherché à éviter les victimes civiles.

Ils correspondent à l’image peinte par d’autres organisations. En novembre, Amnesty International a accusé les forces israéliennes de crimes de guerre lors de l’opération, après avoir tué des dizaines de personnes dans des attaques sur des maisons pleines de civils. Amnesty dit que l’armée avait un modèle pour de fréquentes attaques, à l’aide de grosses bombes aériennes lâchées sur des maisons de civils, tuant parfois des familles entières.

Les nouveaux témoignages recueillis par Breaking the Silence, qui, depuis 2001, a donné aux soldats la possibilité de faire des comptes-rendus anonymes de leurs expériences sur le champ de bataille, font la lumière sur la façon dont les troupes terrestres israéliennes se sont comportées.

« Le soldat a repéré un homme dans la soixantaine, ou de près de 70 ans, approchant de la maison, » dit un récit.

« Ils étaient stationnés dans le haut d’une maison, avec un bon point de vue. Il a tiré dans la direction de ses pieds au début. Et comme le vieil homme a continué de se rapprocher de la maison, il lui a tiré une balle dans la partie gauche de la poitrine. »

« Ce vieil homme a pris la balle, et est tombé sur le sol, puis un ami de ce soldat est venu et a également tiré sur l’homme, alors qu’il était déjà au sol. Il lui a tiré deux balles de plus dans les jambes. Puis il y a eu une discussion avec le commandant, et parce que cela se passait au milieu d’une offensive du bataillon, cela n’a intéressé personne. »

Yuli Novak, directeur de Breaking the Silence, a déclaré que les témoignages exposaient une image choquante de tirs aveugles qui ont conduit à la mort de civils innocents.

« Nous apprenons des témoignages qu’il y a un large échec éthique dans les règles de l’armée israélienne d’engagement, et que cet échec vient du haut de la chaîne de commandement, et ne sont pas simplement des ’pommes pourries’. Comme officiers et soldats, nous savons que les enquêtes internes militaires font de simples soldats des boucs émissaires plutôt que de se concentrer sur la politique. »

4 mai 2015 - Al-Arabya al-Jadeed - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.alaraby.co.uk/english/ne...
Traduction : Info-Palestine.eu