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En Égypte, les tyrans ont peur des roses et des chansons : éloge funèbre pour Shamia Sabbagh
mercredi 28 janvier 2015 - Radwan Adam
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Tant d’autres sont tombés avant elle ... Le 24 janvier 2015 la jeune Égyptienne Shaima al-Sabbagh vient d’être visée par des tirs de la police au cours d’une manifestation fleurie commémorant le soulèvement de 2011 contre Hosni Mubarak - Photo : Emad el-Gebaly. AFP

Les tyrans ont peur des roses et des chansons. Le parfum des roses soulève les gens contre la puanteur de la tyrannie. Les chansons abreuvent l’esprit. Elles ouvrent une nouvel horizon, plus vaste que la prison dominante de la réalité. Les dictateurs en Egypte, vieux de corps et d’esprit, haïssent les fleurs de janvier – et les chants de janvier, qui les ont dérangés quelque temps, avant d’être criblés de balles et arrosés de gaz lacrymogène.

Shaima Sabbagh, une jeune femme de gauche de 33 ans, mère de deux enfants, était venue au Caire depuis Alexandrie pour participer à une manifestation fleurie commémorant l’anniversaire de la révolution trahie du 25 janvier : elle a été abattue en plein jour. Elle tenait des roses à la main. Les balles des autorités sont précises quad elle visent la tête des victimes, les « ennemis de la patrie qui sèment les troubles, haïssent la stabilité et cherchent à renverser le régime ».

Peu de jours avant sa mort elle twittait :« Vivre dans ce pays est devenu pénible et glacial … J’espère que sa terre est plus vaste … et que la profondeur de son sol est plus vaste que son ciel » - Shaima Sabbagh.

Le ministère de l’Intérieur a refusé toute responsabilité, comme souvent, avançant que des éléments professionnels avaient infiltré la marche et tué Shaima. Selon le rapport d’autopsie et les témoignages de personnes qui se tenaient près d’elle, un soldat a lancé un tir de barrage au fusil de chasse [cartouches "birdshot" ou "grenaille" létale], la visant à 8 mètres de distance. Les autorités détestent les voix des jeunes de janvier, qui disent que « ceux du ministère de l’Intérieur sont des voyous ».

Shaima est tombée Place Talaat Harb. Elle était avec ses camarades membres de l’Alliance populaire socialiste (SPAP). Ils marchaient pacifiquement vers la Place Tahrir, chantant et scandant : « Vivre – Liberté – Justice sociale ».

Aucun des objectifs de la révolution du 25 janvier n’a été atteint. Ils ont été réduits en cendres par les vieux dictateurs.

Même porter des fleurs pour commémorer les victimes de la Place Tahrir en 2011 a été interdit pour Shaima et ses camarades, qui ont été blessés d’entendre des passants s’arrêter pour les critiquer : « Révolution, destructions, ça suffit – honte à vous ! »

Un groupe de policiers et de soldats masqués ont attaqué des jeunes qui étaient sans armes.

Le grand gouvernement s’est attaqué à la révolution du 25 janvier et l’a abattue.
Shaima est tombée en martyre au milieu de la rue, entre la place Talaat Harb et la place Tahrir (à quelques minutes de là), tout comme ses fleurs, au milieu de la rue, entre le rêve d’un changement et le cauchemar de la réalité. Tant d’autres sont tombés avant elle. Mais les amis de la révolution du 25 janvier, en colère, ont vu la nouvelle de sa mort – qui s’est répandue dans toute l’Egypte – comme un mur des lamentations pour pleurer le deuil de la révolution.

La révolution n’est pas entrée en zone interdite comme l’a fait Shaima Sabbagh, une arène encerclée par les tanks et les barbelés. Ici, il est interdit de commémorer le quatrième anniversaire de la révolution, ou de manifester.

Les tyrans craignent une dangereuse infiltration de roses et de chansons.

26 janvier 2015 - Al-Akhbar – Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com./conte...
Traduction : Info-Palestine.eu – AMM