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Les partis arabes appellent à l’unité en vue des élections israéliennes
lundi 29 décembre 2014 - Ahmad Melhem
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Haneen Zoabi lors d’une séance à la Knesset, en avril 2013 - Photo : Yonatan Sindel/Flash90

RAMALLAH, Cisjordanie — Le 8 décembre, la Knesset a voté sa dissolution en prélude aux élections qui auront lieu le 17 mars 2015. Ces élections constitueront un défi majeur pour les partis arabes, puisqu’ils devront atteindre le nouveau seuil électoral qui est passé de 2 % à 3,25 % pour faire face à une série de projets de loi controversés qui seront étudiés par la nouvelle Knesset, y compris le projet de loi sur l’État juif et le serment d’allégeance à celui-ci.

Selon les informations d’Al-Monitor, les partis israéliens arabes se concertent et se réunissent en vue de constituer une liste unifiée pour les prochaines élections de la Knesset.

Haneen Zoabi, membre de la Knesset et de l’Assemblée nationale démocratique (NDA), a déclaré à Al-Monitor que de nombreux partis seront contraints de se réunir sur une liste commune pour atteindre le nouveau seuil électoral de 3,25 % et représenter la Palestine de manière unifiée sur le plan politique.

La Knesset compte actuellement onze membres arabes : quatre membres de la Liste arabe unie, quatre membres du Front démocratique pour la paix et l’égalité (un parti israélo-arabe) et trois membres de la NDA.

« Si une liste unifiée est constituée, nous détiendrons 15 sièges à la Knesset. Nous serons ainsi suffisamment nombreux et puissants sur le plan politique pour faire face à Israël. Ceci constituera également un catalyseur pour clarifier davantage le consensus politique palestinien dans les territoires de 1948 », a-t-elle déclaré.

Concernant les efforts pour constituer une liste unifiée, elle ajoute : « les négociations entre les dirigeants des partis ont débuté il y a un mois sous la forme de plusieurs réunions bilatérales et trilatérales. Un accord préliminaire a été conclu pour la formation d’une liste unifiée, mais nous attendons toujours la décision du parti communiste ».

La plupart des partis arabes ont reconnu la nécessité de constituer une liste arabe unifiée.

Antoine Shalhat, directeur du Centre palestinien des études israéliennes, a indiqué à Al-Monitor que : « le fait de se présenter aux élections avec une liste unifiée est nécessaire et important pour parer la loi relative au seuil [électoral] et d’autres lois mises en place par la Knesset qui prévoient qu’aucune liste arabe se présentant seule aux élections ne peut entrer à la Knesset ».

Il semble que la formation d’une liste parlementaire unique corresponde à une demande générale et à un besoin urgent des citoyens palestiniens d’Israël. Ce problème demeurera un sujet de négociation pour les partis arabes.

L’importance de la création d’une liste unifiée réside non seulement dans la résolution du problème de la représentation, mais aidera également les partis à contrer les projets de loi controversés que la Knesset sera probablement amenée à étudier, notamment le projet de loi sur « l’État juif ».

Selon les hommes politiques arabes qui ont fait part de leur opinion à Al-Monitor, la ratification de ce projet de loi impliquerait une restriction des libertés des citoyens palestiniens d’Israël, un enracinement de la politique d’apartheid et la légalisation de la discrimination raciale, tout en ouvrant la voie à l’adoption d’un nombre accru de lois racistes.

Haneen Zoabi précise que ce projet de loi confirme qu’« Israël est un État juif et non un État démocratique ». Selon elle, ce projet de loi cherche à octroyer des privilèges aux Juifs et à conserver une société majoritairement juive, mais aussi à garantir qu’ils assurent la direction de l’ensemble des institutions publiques, ce qu’elle considère comme l’incarnation de l’idéologie fasciste.

« Israël tente de se définir comme un État juif démocratique autorisant le racisme, le contrôle des terres, les poursuites à l’encontre des Palestiniens présents sur les territoires historiques et géographiques de 1948 et de leurs activités politiques et visant à obtenir sa légitimation par la communauté internationale », ajoute-t-elle.

Taleb El-Sana, dirigeant du Parti démocratique arabe, a déclaré à Al-Monitor : « cette proposition de loi constitue une légitimation du racisme et du fascisme et une réminiscence des lois de l’Allemagne nazie. Elle affirme la supériorité des Juifs et traite les Arabes comme des citoyens de seconde classe, alors qu’ils sont les citoyens originels de ce territoire ».

L’approbation du projet de loi se répercutera probablement de différentes manières sur les activités politiques des citoyens palestiniens d’Israël.

« Il existe 50 lois racistes en Israël, dont certaines sont des lois d’apartheid », indique Haneen Zoabi.

Concernant le futur des actions politiques dans le cadre des propositions de loi, Haneen Zoabi ajoute : « à la lumière de ces lois [projets de loi sur l’État juif et le serment d’allégeance], le multipartisme est vidé de sa substance. Tous les partis doivent reconnaître Israël en tant qu’État juif et démocratique ».

De son côté, Taleb El-Sana déclare que ces propositions de loi mettraient un terme à la vie politique des partis arabes « car nous refusons de participer à l’amélioration et au renforcement de l’apartheid d’Israël. Nous travaillerons à confondre Israël et ses lois qui reposent sur la discrimination ».

Afu Agbaria, membre de la Knesset et du Front démocratique pour la paix et l’égalité, a indiqué à Al-Monitor que, si le projet est adopté, il n’y aura pas de véritable changement dans leur situation qui est déjà désastreuse. Selon lui, le changement résidera dans la « légalisation de la ségrégation raciale et son institutionnalisation, la suppression des libertés et une discrimination selon laquelle nous serons considérés comme des citoyens de seconde classe », explique-t-il.

Antoine Shalhat a indiqué à Al-Monitor que si la loi sur l’État [juif] est ratifiée en tant que loi constitutionnelle, « le système judiciaire sera enchaîné. Ceci ouvrira la voie à d’autres lois condamnant les activités politiques des Palestiniens en Israël ».

Il précise que l’adoption de cette loi pourrait tracer la voie pour la ratification d’autres projets de loi tels que celui du serment d’allégeance, c’est-à-dire des lois qui limitent l’influence des membres arabes de la Knesset ou excluent les députés qui expriment leur opinion. Ceci conduira à un environnement nuisible à l’ensemble des activités politiques palestiniennes en Israël.

Le 26 novembre, la Knesset a reporté le vote de la « loi Haneen Zoabi » qui permet à la Knesset de renvoyer tout membre exprimant son soutien aux actions de guérilla contre l’occupation. Selon l’auteur de ce projet de loi, Faina Kirschenbaum, « Haneen Zoabi ne représente pas les Arabes israéliens, elle représente le Hamas et le mouvement islamique ».

Concernant la possibilité pour les partis arabes de recourir au boycott des élections, Haneen Zoabi a précisé que le boycott constitue une stratégie sérieuse, qui requiert un consensus politique et le développement de mécanismes alternatifs pour la lutte politique.

« Si ces projets de loi racistes sont adoptés, ou si nous concluons que notre lutte politique n’a pas de véritable impact sur Israël, le choix du boycott devra être une décision stratégique qui bénéficie de l’approbation de l’ensemble des partis arabes », a-t-elle indiqué.

Taleb El-Sana précise quant à lui : « je pense que si la loi est adoptée, les partis arabes décideront de boycotter l’élection des membres de la Knesset ».
« Jusqu’à présent, les partis [arabes] n’ont pas abordé le sujet puisque la loi n’a pas été adoptée. Cependant, nous n’attendrons pas les élections », ajoute-t-il.

Alors que les partis israéliens se préoccupent de former des alliances entre eux afin d’augmenter leurs chances d’entrer à la Knesset, le principal défi pour les partis arabes est de constituer une liste unifiée afin d’atteindre le seuil électoral leur permettant d’entrer à la Knesset et de pouvoir ensuite contrer les propositions de loi qui affectent la vie même des citoyens palestiniens d’Israël et seront étudiées par la Knesset.

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* Ahmed Melhem est journaliste et photographe, basé à Ramallah. Il travaille également pour Al-Watan News

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10 décembre 2014 - Al-Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-Palestine.eu - Claire L.