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Les États-Unis vont accueillir des milliers de Syriens réfugiés
lundi 29 décembre 2014 - Barbara Slavin
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Enfants syriens scolarisés (autant qu’il est possible) dans un camp de réfugiés en Jordanie - Photo : Tania Malott

Bien qu’il soit infime par rapport au nombre total des réfugiés syriensqui est estimé à 3.3 millions, la décision US d’augmenter sa capacité d’accueil signifie que ce dernier reconnait que la guerre civile en Syrie est loin de la sortie du tunnel de sitôt et que même si elle se dénoue, la Syrie aura besoin de plusieurs années pour la reconstruction et la réconciliation.

Dans une interview accordée à Al-Monitor le 22 décembre dernier, Richard a déclaré : « Les gens sont étonnés que nous n’ayons pas pris plus. » Elle explique que le nombre réduit initial reflète la réalité que « l’implantation des réfugiés n’est jamais la première décision à prendre lorsque les gens commencent à fuir une crise émergente » et que les autres pays, notamment l’Allemagne et la Suède, ont « fait un pas en avant et ont proposé d’ouvrir leurs portes » à beaucoup de réfugiés syriens.

D’après le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR), l’Allemagne s’est engagée à absorber 30 000 Syriens seulement depuis 2013, soit presque la moitié des cas pris en charge pour leur installation.

« Nous pensions que c’était une offre alléchante et d’une rare générosité, c’est pourquoi, nous avons encouragé le HCR à en tirer parti, » souligne Richard.

Après une première vérification du HCR, les réfugiés syriens désirant s’installer aux États-Unis doivent d’abord passer une entrevue avec des agents du Ministère de la Sécurité Intérieure des missions diplomatiques US à Amman, en Jordanie ou bien à Istanbul, en Turquie. Ceci exclut un million de Syriens qui ont fui au Liban et d’importantes populations établies en Irak et en Égypte. Richard a souligné que si les réfugiés Syriens n’ont pas été reçus pour une entrevue à l’Ambassade américaine de Beyrouth, c’est principalement à cause du manque d’espace et autres considérations liées à la sécurité. Ceci étant, les responsables US sont en train d’étudier la possibilité de mettre en place une opération de contrôle des réfugiés dans la région kurde du nord de l’Irak.

Le HCR cherche à identifier les candidats les plus vulnérables, précise Richard. « Nous avons eu, au 15 décembre, 10 000 recommandations du HCR. Ils atteindront 1000 à 1500 par mois. »

Interrogée sur ces cas recommandés et combien d’entre eux seraient acceptés, Richard a répondu : « La plupart je pense » car ils sont susceptible de répondre à la vision des États-Unis qui définissent le réfugié comme une personne fuyant la persécution ou les menaces à cause de sa race, de son ethnicité, de sa religion, de ses croyances politiques ou à cause de son appartenance à un groupe social particulier.

Les réfugiés doivent également passer des examens médicaux et des vérifications de la sécurité. « Cette dernière partie a été délicate au cours des dernières années, » souligne Richard en ajoutant qu’il n’y aurait en principe aucun problème avec les Syriens envoyés par le HCR. Elle a affirmé qu’elle s’attend à ce qu’il y ait surtout des veuves avec des enfants, des personnes âgées et des personnes souffrant de certaines maladies. « Ainsi, il sera assez clair que ces personnes ne sont pas des terroristes qui s’acharnent sur les Américains, » conclut-elle.

Peu importe si ces réfugiés ont déjà des proches et des parents parmi les 500 000 Syriens établis aux États-Unis, mais si tel est le cas, « Nous essayerons de les réunir avec eux afin de leur permettre d’améliorer leurs chances d’intégration et d’implication aux États-Unis, » poursuit Richard.

Il y a un grand nombre d’Arabes américains en dehors de Détroit et à San Diego, mais les Syriens réfugiés qui sont récemment arrivés sur le sol Américain ont été implantés un peu partout à travers le pays.

Selon les dernières statistiques du Département d’État, 33 réfugiés syriens ont, depuis le début de l’année, été envoyés en Caroline du Nord, 30 au Texas, 24 en Californie et dans l’Illinois et seulement 5 dans le Michigan.

Richard a souligné que son bureau travaille avec neuf réseaux aux États-Unis, dont six confessionnels, afin d’identifier les communautés disposées à aider les réfugiés à trouver de nouvelles maisons. « Ils s’engagent à prendre un certain nombre en fonction de ce que leurs organisations peuvent gérer. »

Le Département de Richard a passé une année extrêmement difficile et pleine de défis, et pas seulement à cause de la Syrie. L’année a débuté avec deux crises humanitaires dans deux autres pays, en l’occurrence le Sud-Soudan et la République Centrafricaine. Ces crises ont été suivies cet été par les tensions en Ukraine, une nouvelle guerre à Gaza, un flux d’enfants non accompagnés traversant la frontière américaine en provenance de l’Amérique Centrale, l’épidémie du virus Ebola en Afrique occidentale et l’irruption et la prise de terrain subite du groupe baptisé l’État Islamique (EI) en Irak.

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La Secrétaire d’État américaine Adjointe à la Population, aux Réfugiés et à la Migration Anne C.Richard (à g.) et l’Administratrice adjointe de l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) en charge du Bureau de la Démocratie, des Conflits et de l’Aide humanitaire (DCHA), Nancy Lindborg (au milieu, 2ème de la droite) en visite à Zaatari, le camp de réfugiés Syrien dans la ville de Mafraq, près de la frontière Syrienne, le 28 janvier 2013 - Photo : Reuters/Ali Jarekji

Richard, qui est également ancien cadre du Comité International de Secours, opte pour un euphémisme pour décrire « « Ce fut une année difficile. »

Mais il y a en parallèle le côté positif des choses : « Nous avons réussi à préserver les vies de millions et millions de personnes » qui, autrement, auraient succombé à la famine et aux maladies.

Côté aide humanitaire, il faut dire que les États-Unis demeurent le leader mondial en la matière, allouant au cours de l’année écoulée près de 6 milliards de dollars pour l’assistance aux réfugiés, l’assistance en cas de catastrophe, sans oublier l’aide alimentaire, et 3 milliards de dollars pour la Syrie depuis 2011. Ceci dit, d’autres pays comme le Kuwait et les Émirats arabes Unis commencent à verser des contributions régulières aux agences de l’ONU qui fournissent le plus grand nombre d’aides humanitaires.

Et même l’Arabie Saoudite, autrefois réticente à participer dans ce type de programme de l’ONU, a donné un demi-million de dollars pour aider les Irakiens à faire face à la crise provoquée cet été par l’EI, affirme Richard.

Et d’ajouter : « Nous souhaiterions que d’autres gouvernements apportent leurs contributions et que ceux qui le font pour la première fois continuent de façon systématique et fiable. Cela permettra aux organisations comme le HCR et le Programme Alimentaire Mondial de planifier à l’avance. »

Les États-Unis recueillent environ 70 000 réfugiés par an, majoritairement des Irakiens, presque 20 000 lors de l’exercice écoulé. Ils sont suivis par plus de 16 000 Birmans, plus de 9000 Bhoutanais, plus de 7000 Somaliens et plus de 4000 Cubains. Le nombre des Bhoutanais est cependant en diminution, ce qui permet d’accueillir un plus grand nombre de Syriens.

Richard dit avoir l’impression que le nombre de Syriens fuyant leur pays s’est « un peu stabilisé » mais que le problème de ceux déplacés à l’intérieur de leur pays et qui ont besoin d’aide est plus critique que jamais.

« Beaucoup de personnes choisissent de rester et de bouger à l’intérieur de la Syrie, » avoue Richard en soulignant que le nombre des déplacés internes est passé de 6 millions il y a de cela 6 mois, à 7,6 millions actuellement, avec plus de 200 000 présents dans des zones inaccessibles pour les étrangers à cause des combats. « J’ai du mal à comprendre comment ils font pour gérer tout cela. »

L’émissaire de l’ONU en Syrie, Staffan de Mistura, a proposé de « geler » les combats à commencer par la deuxième ville de la Syrie, Alep et ce, afin d’atténuer la crise humanitaire là-bas.

Un plan qui laisse Richard sceptique.

« Après le passage de Staffan de Mistura [récemment à Washington], tout le monde voulait donner une chance au plan, néanmoins, je ne pense pas que nous disposions de preuves manifestes de changements. La coopération de la part du régime al-Assad a été modeste mais nous estimons qu’ils n’ont pas adopté soudainement toute une nouvelle approche pro-humanitaire. C’est que le régime tente plutôt de se distinguer de l’EI, » précise-t-elle.

D’autres personnes qui travaillent sur la crise syrienne ne cachent pas non plus leur pessimisme quant à une solution à court-terme du conflit.

« Je n’arrive pas à croire que je fais toujours le même travail depuis presque quatre années, » estime Sasha Ghosh-Sininoff, président et co-fondateur d’un groupe de soutien appelé People Demand Change. Il a avoué à Al-Monitor : « Lorsque j’ai quitté la Syrie en 2011, nous avons tous pensé que le régime allait soit s’en sortir et procéder à des réformes, soit s’effondrer rapidement ou alors, c’est la communauté internationale qui interviendrait. Malheureusement, rien de cela ne s’est concrétisé. »

Lire également :

- Les pays les plus riches n’ont accueilli sur leur sol que 1,7% des réfugiés syriens - 6 décembre 2014

22 décembre 2014 – Al Monitor – Vous pouvez consulter cet article en anglais à :
http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha