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Les pays les plus riches n’ont accueilli sur leur sol que 1,7% des réfugiés syriens
samedi 6 décembre 2014 - Al-Akhbar
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Une famille de réfugiés syriens venus d’Alep, sous un malheureux abri lors d’une journée pluvieuse, le 8 mars 2014, à Uskudar à Istanbul - Photo : AFP/Bulent Kilic

Dans un communiqué publié avant une conférence des donateurs le 9 décembre à Genève, le groupe de défense des droits de l’homme, basé à Londres, a fustigé le refus profondément choquant des pays riches à accueillir plus de réfugiés.

« Environ 3,8 millions de réfugiés en provenance de Syrie sont hébergés dans les cinq principaux pays de la région : la Turquie, le Liban, la Jordanie, l’Irak et l’Égypte », a déclaré Amnesty.

« Seulement 1,7% sur ce total se sont vus offrir un refuge par le reste du monde, » a ajouté l’organisation.

Soulignant ce qu’il a appelé « les chiffres pitoyables de places de réinstallation offertes par la communauté internationale, » Amnesty a noté que les pays du Golfe, la Russie et la Chine n’avaient pas offert même une seule place de réinstallation.

Hors Allemagne, l’Union européenne dans son ensemble ne s’est engagée à prendre que 0,17% des réfugiés désormais installés tant bien que mal dans les principaux pays d’accueil autour de la Syrie.

« Le déficit ... est vraiment choquant », a déclaré Sherif Elsayed-Ali, responsable à Amnesty pour les droits des migrants et de réfugiés.

« L’absence totale de promesses de réinstallation des pays du Golfe est particulièrement honteuse, » a-t-il dit, ajoutant : « les liens linguistiques et religieux devraient placer les États du Golfe à la pointe de ceux qui offrent un abri sûr. »

Le groupe a déclaré que l’incapacité des pays riches à partager le fardeau avait mis une pression énorme sur les voisins de la Syrie, qui sont en grande partie mal équipés pour faire face à une telle pression.

Amnesty a aussi appelé à une réinstallation de 5% des réfugiés venant de Syrie à la fin de 2015, et un autre 5% l’année suivante.

Cela reviendrait à accueillir les quelque 380 000 réfugiés identifiés pour la réinstallation par les Nations Unies en raison de vulnérabilités particulières, avec parmi eux les enfants désormais seuls et les personnes ayant subi la torture.

« Les pays ne peuvent pas soulager leurs consciences en versant de l’argent puis simplement se laver les mains de la question », a déclaré Elsayed-Ali.

« Ceux qui ont les moyens économiques de le faire doivent jouer un rôle plus important, » a-t-il ajouté.

En plus de ceux qui ont fui leur pays ravagé par la guerre, transformé ainsi en réfugiés, selon les Nations Unies plus de 7 millions de Syriens sont des déplacés internes.

Les réfugiés sont confrontés à la pauvreté, la maladie et la montée des tensions avec les communautés d’accueil déjà pauvres par elles-mêmes.

Alors que le conflit fait rage, il est peu probable que les plus de 3 millions de Syriens qui ont fui vers les pays voisins et au-delà seront en mesure de rentrer chez eux de sitôt.

Dans le même temps, l’Union européenne a dégagé 180 millions d’Euros (environ 223 millions de dollars) ce jeudi pour aider le Liban et la Jordanie à faire face à l’afflux massif de réfugiés en provenance de Syrie.

La population du Liban a augmenté de près de 25% depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, avec plus de 1,5 millions de réfugiés syriens abrités dans un pays qui a en temps normal une population de 4 millions, ce qui en fait la plus forte concentration par habitant de réfugiés dans le monde.

La Commission européenne a déclaré que le plan d’aide devrait aider à traiter les problèmes à long terme des 1,1 million de réfugiés au Liban et des 630 000 réfugiés en Jordanie.

Une partie des fonds ira également à la Syrie elle-même, où le conflit a déplacé jusqu’à 7 millions de personnes.

Le montant de l’aide « devra servir en particulier à l’éducation des enfants et des jeunes adultes ... ainsi qu’à des mesures visant à améliorer les moyens de survie des réfugiés et des communautés qui les accueillent au moyen d’activités de développement économique », stipule une déclaration de la Commission.

L’Union Européenne a fourni environ 1,5 milliard d’euros depuis que le conflit syrien a éclaté en 2011, tandis que les 28 États membres ont fourni séparément environ 1,4 milliards d’euros, selon les chiffres de la Commission.

« Nous sommes prêts et disposés à apporter un soutien permanent à la population de la Syrie et des pays voisins qui accueillent des réfugiés syriens » , a déclaré la responsable des Affaires étrangères à l’UE, Federica Mogherini.

« Nous sommes déterminés à jouer notre rôle et à apporter une solution politique durable à cette crise », a-t-elle ajouté.

Toutes ces déclarations sont faites après que le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a annoncé mercredi qu’il ne disposait plus d’aucun financement pour le mois de décembre.

En conséquence, 1,7 million de réfugiés syriens dans quatre pays - 1,1 millions d’entre eux étant au Liban - pourraient ne plus recevoir d’aide alimentaire.

Les réfugiés syriens craignent maintenant de mourir de froid et de faim.

Les bons alimentaires du PAM ont jusqu’ici aidé près de deux millions de réfugiés dispersés dans les pays du Moyen-Orient, chaque réfugié inscrit recevant une carte de bons alimentaires qui est complétée avec de l’argent chaque mois.

Le PAM a indiqué qu’il lui fallait 64 millions de dollars (51 millions d’euros) pour financer son programme de bons alimentaires pour le seul mois de décembre et que « de nombreux engagements des donateurs sont restés lettre morte. »

Le défaut d’aide humanitaire a provoqué de l’amertume et de la déception parmi de nombreux réfugiés

Dans toute la région, les réfugiés syriens sont confrontés à des tensions croissantes avec les communautés d’accueil, en colère à cause des pressions que l’afflux de réfugiés a placées sur des ressources locales déjà rares.

Le manque de nourriture va « causer encore plus de tensions, d’instabilité et d’insécurité dans les pays d’accueil voisins, » a déclaré la directrice exécutive du PAM Ertharin Cousin, dans un communiqué publié mardi.

L’annonce du PAM est la dernière nouvelle dans une série d’interruptions dans les aides, annoncées par les agences et les ONG qui aident plus de trois millions de réfugiés syriens.

Ces organisations disent que les promesses de financement se sont pas tenues, et que la « lassitude des donateurs » commence à se faire sentir, près de quatre ans après que le conflit en Syrie ait commencé avec des manifestations anti-gouvernementales en mars 2011.

En conséquence, le PAM a lancé une campagne dans les médias sociaux mercredi afin de recueillir les 64 millions de dollars nécessaires pour aider à nourrir près de 1,7 millions de réfugiés, puisque les donateurs n’ont pas honoré leurs promesses de financement.

« Nous disons aux gens : ’Même un dollar peut faire une différence. Pour vous, ce n’est qu’un dollar, pour eux c’est une bouée de sauvetage’ », a déclaré Ertharin Cousin dans un communiqué.

« Tout ce qu’il faut, c’est un dollar pour 64 millions de personnes, » dit-elle.

Il est à noter que la Chambre des représentants aux États-Unis a adopté ce jeudi un projet de loi pour 584,2 milliards de dollars de dépenses annuelles pour la défense. Ces dépenses comprennent le financement d’urgence pour les opérations militaires contre l’État islamique d’Irak et de Syrie (ISIS), ainsi que le regroupement, la formation et l’équipement des soi-disant rebelles syriens « modérés ». Mais il n’y a pas un dollar d’aide humanitaire pour les réfugiés syriens....

Les seuls dépenses annuelles votées pour la défense américaine pourraient financer l’aide humanitaire du PAM pour les réfugiés syriens pendant plus de 7 siècles.

5 décembre 2014 - Al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.eu