Fermer la page
www.info-palestine.net
Tunisie : « Le seul arbre encore debout dans une forêt dévastée ? »
jeudi 30 octobre 2014 - Middle East Eye
JPEG - 80 ko
Décompte des voix aux élections parlementaires du 27 octobre 2014 - Photo : AA

Les observateurs étrangers sur salué mardi le déroulement exemplaire des élections "libres" en Tunisie, après que les islamistes aient reconnu leur défaite lors d’un vote qui a suscité l’espoir d’une transition pacifique dans le berceau du ainsi-nommé Printemps arabe.

Le parti islamiste Ennahda, qui avait dirigé ce pays d’Afrique du Nord à la suite de la révolution de 2011, a félicité son rival laïque Nidaa Tounes qui sera le parti le plus représenté au parlement.

Ennahda a appelé ses partisans à célébrer la « démocratie », et des centaines de ses partisans se sont rassemblés devant son siège à Tunis malgré la défaite.

La Tunisie est le « seul arbre encore debout dans une forêt dévastée », a déclaré son premier dirigeant Rached Ghannouchi à la foule, faisant allusion à d’autres pays où les espoirs des soulèvements du Printemps arabe ont cédé la place à un conflit ou une nouvelle répression.

La mission d’observation de l’Union européenne a salué le déroulement de l’élection de dimanche, qui a eu lieu dans un contexte de sécurité renforcée en raison des craintes d’attaques extrémistes.

« Le peuple tunisien ont renforcé son attachement à la démocratie avec des élections crédibles et transparentes qui ont donné aux Tunisiens de toutes les tendances politiques la possibilité d’un vote libre », a déclaré le chef de la mission Annemie Neyts-Uytterbroeck lors d’une conférence de presse.

Manoeuvres politiques

Aucune des partis ne devant gagner une majorité absolue, les manoeuvres politiques ont commencé avant l’annonce des résultats complets, un réseau de petits partis ayant également présenté des candidats.

Le chef de Nidaa Tounes, Beji Caid Essebsi, âgé de 87 ans et vétéran de la politique tunisienne, a promis de former une coalition avec d’autres partis pour faire aller de l’avant le pays.

« Nous avons pris la décision à l’avance que Nidaa Tounes ne gouvernerait pas seul, même si nous avions gagné une majorité absolue », a déclaré Essebsi à la télévision Al Hiwar Al-Tounsi.

« Nous allons gouverner avec ceux plus proches de nous, avec la famille démocratique, pour ainsi dire, » a-t-il dit.

Pendant la campagne, il n’a pas exclu le partage du pouvoir avec les islamistes si nécessaire.

« Cela dépendra des résultats », a-t-il dit. « Une fois que les résultats seront définitifs, nous réfléchirons à cette question. »

Essebsi a également dit qu’il allait se présenter à l’élection présidentielle du 23 novembre, et est considéré comme un des candidats en tête.

Les organisateurs de l’élection ont jusqu’à jeudi pour annoncer les résultats. Les projections indiquent que Nidaa Tounes va gagner environ 80 des 217 sièges au Parlement, contre environ 70 pour Ennahda.

Dans le système électoral de la Tunisie, le parti qui remporte la majorité absolue se voit donner un mandat pour former un gouvernement de coalition.

« Fair-play »

Ghannouchi « félicite B Sebsi (Essebsi) pour la victoire de son parti, » a dit sa fille Soumaya sur Twitter.

La Presse de Tunisie, principal journal de langue française du pays, a félicité les islamistes pour leur « fair-play ».

« Qu’ils aient concédé la défaite et félicité leurs adversaires est réconfortant et rassurant dans un pays ... toujours à la recherche du point d’ancrage de traditions démocratiques, » a dit le journal.

Même avant les élections, Ennahda avait appelé à un gouvernement d’union nationale.

Ghannouchi a indiqué que le sens du compromis et de consensus était ce qui avait épargné à la Tunisie la violence dévastatrice qui a brisé d’autres pays du Printemps arabe comme la Libye, la Syrie et le Yémen.

« Quel que soit celui qui arrive en tête, Nidaa ou Ennahda, l’essentiel est que la Tunisie a besoin d’un gouvernement d’union nationale, d’un consensus politique, » a-t-il déclaré à la chaîne de télévision Hannibal.

« C’est cela, la politique qui a épargné au pays ce que subissent les autres pays du printemps arabe. »

Ennahda n’a pas encore désigné son propre candidat à l’élection présidentielle, en gardant ses options ouvertes sur qui il soutiendrait.

Un policier et six militants présumés ont été tués lorsque la police a assiégé puis pris d’assaut une maison dans la banlieue de Tunis la semaine dernière.

Alors que la Tunisie est considérée comme une lueur d’espoir par rapport à d’autres pays du Printemps arabe, la transition a été mise à l’épreuve par les attaques des militants et par les mouvements sociaux.

La pauvreté et le chômage, qui ont été des facteurs clés dans le déclenchement de la révolution en 2011, sont toujours omniprésents et la campagne électorale a été centrée sur comment combattre la pauvreté et l’insécurité.

lire également :

- Élections en Tunisie : l’épouvantail islamique - 10 novembre 2011
- Tunisie : analyse de la victoire du parti Al-Nahda - 8 novembre 2011
- Tunisie : al-Nahda déclaré vainqueur des élections à l’Assemblée constituante - 28 octobre 2011
- Le Printemps Arabe remet à jour les priorités au Moyen-Orient - 20 août 2011
- Tunisie : les défis d’aujourd’hui - 4 février 2011

28 octobre 2014 - Middle East Eye - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.middleeasteye.net/news/t...
Traduction : Info-Palestine.eu