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Vivre dans les ruines du quartier de Shejaiya - Photos
mercredi 10 septembre 2014 - Anne Paq
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Hamde Atef depuis le rez-de-chaussée de sa maison détruite, nous dit : « Nous avons peur d’une nouvelle guerre, mais nous ne partirons pas. » - Photo : MEE/Anne Paq

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Les membres de la famille de Hamde Atef se réunissent autour d’un feu dans la nuit, au rez de chaussée de la moitié restante de leur maison de 4 étages, détruite dans l’une des zones les plus ravagées de Shejaiya, un quartier à l’est de la ville de Gaza. Ce quartier a été attaqué lourdement et brutalement par les forces israéliennes au cours de la dernière offensive.

Au total, selon OCHA, 18 000 logements dans la bande de Gaza ont été détruits ou gravement endommagés, laissant environ 108 000 Palestiniens sans abri. Quelques jours après la trêve, certaines familles sont encore à parcourir les décombres de ce qui reste de leur lieu de vie, cherchant en vain tout objet de quelque valeur qu’ils ont dû laisser derrière eux. Le niveau de dévastation est énorme, et la réhabilitation complète du territoire prendra des années, voire des décennies. Les Palestiniens ne sont tout simplement pas suffisamment équipés pour faire efficacement face à ce niveau écrasant de destruction.

Pour la famille Atef, le feu est la seule source de lumière, à l’exception des téléphones mobiles et des bougies. Leur maison avec tous les autres bâtiments dans cette même zone n’a ni approvisionnement en eau ni en électricité. Malgré ces terribles conditions de vie, la famille refuse de quitter ce qui reste de leur maison. Ils n’ont nulle part où aller et aucun d’argent pour louer ailleurs. La famille se compose de 50 membres au total, dont 15 enfants. Hamde, un père de huit enfants, ne veut pas vivre ailleurs. Il a gardé de bons souvenirs du moment où il a lui-même construit sa maison, il y a une trentaine d’années : « nous sommes habitués à vivre ici, dans Shejaiya. Nous avons grandi ici. Nous ne voulons pas partir. »

Hamde rappelle la nuit horrible où ils ont été forcés de fuir. Il était dans la salle de bain quand son téléphone portable a sonné. Son fils a répondu à l’appel de l’armée israélienne d’occupation avertissant qu’ils allaient bombarder le bâtiment adjacent et leur ordonnant d’évacuer immédiatement et de ne pas revenir avant la fin de la guerre. Le moment de confusion initiale où il a entendu des gens crier a cédé la place à la panique et Hamde a eu à peine le temps de récupérer ses enfants et de se précipiter hors de la maison, vêtu seulement de son short. À peine 10 minutes plus tard, la maison de leur voisin a été réduite à néant par une frappe aérienne, tuant une femme de 80 ans, Hijazia Helou qui avait refusé de quitter sa maison.

Hamde et sa famille ont trouvé refuge chez des parents et sont revenus avec la coordination du Comité international de la Croix-Rouge, mais pour retrouver leur maison à moitié détruite. Ils sont alors retournés chez leurs parents, mais ne pouvaient pas y rester plus longtemps. L’attaque sur Shejaiya s’est intensifiée au cours des jours qui ont suivi. Au cours d’une nuit de bombardements particulièrement intenses qui ont précédé l’invasion au sol, une fois de plus ils ont dû fuir et ont trouvé refuge dans une école. En raison de la surpopulation dans cette école, la famille a été forcée de se séparer et de chercher refuge chez divers parents et amis.

Pendant un cessez-le feu, les hommes se sont aventurés dans le quartier pour vérifier l’état des maisons, mais une fois de plus ils en ont été chassés car Israël a rompu le cessez-le feu et le bombardement a repris. Enfin, ils sont revenus le premier jour de la longue trêve d’un mois et se sont installés dans la moitié de la maison encore debout, au mépris de l’offensive israélienne qui a ensuite repris.

Malgré tout ce qu’ils ont enduré et leurs craintes que les bombardements puissent reprendre, ils jurent qu’ils vont rester dans leur maison, même transformée en coquille vide : « c’est notre maison ». Hamde avait investi non seulement ses économies, mais son cœur dans ce bâtiment, son domicile. Comme pour beaucoup, sa maison est plus que juste un endroit pour dormir, cela a été l’œuvre d’une vie.

Lorsqu’on lui demande s’il pense recevoir une aide rapide pour reconstruire, Hamde exprime des doutes : « nous nous attendons à recevoir de l’aide, oui. Mais le problème est que chaque partie va s’occuper de ses propres partisans. Nous ne sommes pas affiliés à qui que ce soit et nous sommes inquiets que personne ne vienne nous voir ».

Ce n’est pas la première évacuation de cette famille. En 2008, lors de l’Opération Plomb Durci, tout le monde est parti, sauf Hamde qui est resté avec sa nouvelle épouse. La maison a subi des dommages mineurs, mais cela n’était rien comparé aux effets de cette dernière offensive israélienne.

Il est très probable que Gaza soit une fois de plus la cible d’attaques car il ne semble pas y avoir une solution politique à long terme en vue.

Alors que le feu s’éteint doucement, la maison se retrouve plongée dans une obscurité totale et la famille de Hamde se prépare pour une autre nuit en se demandant quand et même s’ils ne seront jamais en mesure de restaurer leur maison et leur vie.

8 septembre 2014 - Middle East Eye - Vous pouvez consulter cet article à :
http://middleeasteye.net/news/life-...
Traduction : Info-Palestine.eu