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Qui a gagné la guerre à Gaza ?
vendredi 29 août 2014 - Samah Sabawi
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Un combattant des Brigades Izzedine al-Qassam, l’aile militaire du Hamas, lors d’un rassemblement le 27 août dans la ville de Gaza pour célébrer un cessez-le que le mouvement a salué comme une victoire pour la résistance - Photo : APA/Ali Jadallah

Partout on discute interminablement pour savoir qui a gagné la guerre de Gaza. Les termes du cessez-le feu montrent qu’aucun des deux camps n’a obtenu ce qu’il voulait. Quels ont donc été les gains et les pertes, et qui est le vainqueur, pour autant qu’il y en ait un ?

Le Hamas a atteint ses objectifs de dissuasion ; il a fait preuve d’une capacité de résistance et d’une force incroyables en dépit de son armement primitif. Il a réussi à forcer Israël à alléger le blocus en laissant passer les marchandises, l’aide humanitaire, et le matériel de reconstruction, en rétrécissant la zone de sécurité pour permettre aux fermiers palestiniens d’accéder à leurs terres, et en étendant la zone de pèche à 9.6 km des côtes.

L’Égypte semble avoir accepté d’ouvrir le poste-frontière de Rafah à condition que le président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, le gère. Mais le principal gain du Hamas à tous égards, est l’augmentation du soutien et de l’admiration des Palestiniens, quelle que soit leur appartenance, qui fait du Hamas l’épicentre de la résistance palestinienne. On ne sait évidemment pas si leur popularité durera ni combien de temps ils en bénéficieront.

Par contre, le Hamas n’a pas réussi à obtenir la levée complète du siège, ni le port et l’aéroport que les Palestiniens réclamaient, ni la libération des prisonniers palestiniens. De plus énormément de gens ont perdu la vie à Gaza : 2 142 personnes ont été tuées par Israël - des civils pour la plupart - dont plus de 490 enfants. 540 000 personnes ont été déplacées du fait qu’Israël a délibérément détruit les maisons et les immeubles d’habitation. Les infrastructures et l’économie sont en ruines et presque la moitié de la ville est réduite à l’état de cendres.

Le Hamas a aussi été critiqué par des organisations des droits humains et par des observateurs internationaux pour avoir tiré des roquettes au hasard sur Israël et pour les exécutions sans procès de personnes accusées de collaboration avec l’ennemi.

Du côté israélien, il s’avère que la quatrième puissance militaire au monde n’a pas réussi à mener à bien son opération militaire au sol à Gaza, et n’a pas atteint son objectif avoué de renverser le Hamas - ni même de l’affaiblir.

Nous ne saurons jamais si Israël a vraiment détruit tous les tunnels comme il le prétend. Israël n’a pas réussi à anéantir l’accord d’unité entre le Fatah et le Hamas. Il a perdu la guerre de la communication quand les images de sa brutale agression de Gaza ont fait le tour du monde. Il a perdu 69 personnes presque toutes des soldats. En échange de toutes ces pertes, Israël a obtenu du Hamas qu’il cesse de tirer des roquettes sur Israël - une chose qu’il avait déjà obtenue plusieurs fois déjà, sans avoir besoin de faire une pareille démonstration de barbarie.

En fait, Israël a obtenu fort peu de résultats à part celui de rallonger encore la liste des ses crimes de guerre contre les Palestiniens.

Même si nous sommes évidemment très heureux que les deux camps soient parvenus à un accord et que les bombes aient cessé de tomber, il faut être conscient que le cessez-le-feu n’est qu’un sparadrap sur une jambe de bois. La politique israélienne de nettoyage ethnique et de dépossession du peuple palestinien, qui s’est mise en place il y a plus de 67 ans, se poursuit aujourd’hui à vive allure, en toute impunité. Pendant plus de 50 jours, nous avons assisté à Gaza, à toutes sortes de violations israéliennes du droit international, à l’assassinat par Israël de centaines de personnes et à la destruction des moyens de subsistance de toute une population, sans que personne ne proteste vraiment.

Les Palestiniens, ont été abandonnés à leur triste sort sous l’œil nonchalant de la communauté internationale.

Les choses doivent changer en profondeur, et elles sont d’ailleurs en train de changer. Si quelqu’un doit crier victoire, c’est d’abord et avant tout le peuple palestinien de Gaza qui a montré une patience, une endurance et un sens du sacrifice exceptionnels dans sa lutte pour la liberté.

A un moindre degré, c’est aussi la victoire des gens qui dans le monde ont une conscience : de ceux qui ont fait passer leur sens de la justice avant leur appartenance tribale en disant : « Pas en notre nom », à ceux qui ont sont sortis des rangs de leurs partis pour dire « Nous sommes avec vous » – tous des membres du mouvement international de solidarité avec les Palestiniens venant de tous les horizons.

C’est aussi la victoire des millions de gens qui ont manifesté dans le monde, ceux qui ont mené des actions créatives dans les ports, ont écrit des messages sur les pancartes, ont déroulé le drapeau palestinien sur des ponts et ceux qui l’ont projeté sur l’édifice du Parlement. C’est la victoire de ceux qui ont occupé les toits des usines d’armement et de ceux qui ont dansé dans des flash mobs dans les centres commerciaux. C’est la victoire du mouvement Boycott Désinvestissements et Sanctions qui a vu s’envoler le nombre des artistes, universitaires, politiciens et syndicats qui le soutiennent.

Alors qui a gagné la guerre à Gaza ? Eh bien... c’est la cause palestinienne !

28 août 2014 - Middle East Eye - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.middleeasteye.net/column...
Traduction : Info-Palestine.eu - Dominique Muselet