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Abbas tente de sauver la face
jeudi 24 juillet 2014 - Orouba Othman
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Président d’opérette d’une Autorité fantoche totalement dépendante de l’occupant israélien, Abbas veut à tout prix conserver une chance d’avoir un minimum d’avenir politique en Palestine

Gaza - Un regard sur les événements dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, suffit pour comprendre pourquoi les dirigeants de l’Autorité palestinienne ont été obligés de faire une brusque volte-face, si l’on se réfère à leurs positions précédentes. Il y a eu deux manifestations dans la ville : la première a réuni des milliers de personnes venues soutenir les Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, tandis que l’autre a réuni quelques dizaines de manifestants venus exprimer leur soutien au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Face à cette nouvelle réalité imposée par les factions de la Résistance, l’Autorité palestinienne avait deux options : se retirer dans les limites du processus de paix et dénoncer la Résistance, mais alors devenir un paria dans la rue palestinienne ; ou changer son discours habituel et contenir la colère populaire en s’impliquant dans un accord conclu entre la Résistance et Israël - ce qui aiderait l’Autorité palestinienne à résoudre la crise de confiance qu’elle subit avec le public palestinien et mettrait fin à sa marginalisation, en particulier au niveau des initiatives pour un cezz-le-feu impliquant des parties arabes et régionales.

Depuis mardi, il semble que l’Autorité palestinienne est encline à retenir la deuxième option.

Mais il est également important de prêter attention à certaines arrière-pensées, parce que certains membres de l’Autorité palestinienne sont sans doute fixés sur la question de savoir qui succédera un jour à Abbas. Cela les a incités à adopter un discours plus proche de celui de la Résistance, qui touche émotionnellement le public palestinien. On constate que les dirigeants de l’Autorité palestinienne n’ont pas vraiment évolué de façon graduelle dans leur critique ou sous-estimation des factions combattantes, et ils sont passés de façon soudaine d’une extrême à l’autre.

Ce changement est apparu dans le basculement complet de leur discours politique, l’Autorité palestinienne adoptant une rhétorique radicalement différente de ses postures antérieures. Même les dirigeants de l’Autorité palestinienne connus pour leur hostilité viscérale à l’égard du Hamas ont atténué leurs critiques du Mouvement de la résistance islamique et de son programme.

IL serait inexact de décrire cette volte-face comme un phénomène individuel. Clairement, c’est le résultat d’une décision commune concoctée dans des réunions à huis clos entre les dirigeants de l’Autorité palestinienne, peut-être par crainte de troubles à grande échelle dans la Cisjordanie occupée qui deviendrait alors incontrôlable en raison de la couardise de l’Autorité dans la première semaine de la guerre sur Gaza, en particulier avant le massacre d’Al-Shujayeh.

Il y a peu, l’Autorité palestinienne accusait le Hamas d’être responsable de l’escalade, tout en défendant « le droit à la légitime défense » de l’ennemi israélien, comme le faisait Riad Malki, le ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de réconciliation. Le secrétaire général de la présidence, Tayeb Abdul-Rahim, a également fait une apparition sur la télévision Al-Awda la semaine dernière pour fustiger le Hamas. Abdul Rahim disait : « L’ouverture d’un front pour combattre Israël est fait pour marquer des points [politiques] contre le président », ajoutant que « l’escalade militaire du Hamas a pour but d’embarrasser l’Autorité palestinienne ainsi que l’Égypte. »

Lorsque la Résistance a pris la décision de rejeter l’initiative égypto-israélienne de cessez-le-feu, certains dirigeants de Ramallah se sont déchaînés contre le Hamas, lui reprochant l’effusion de sang à Gaza. Mais après que ces dirigeants aient réalisé que la Résistance se tenait fermement ancrée au sol et disposait d’une position de force, l’Autorité palestinienne a commencé à sentir la faiblesse de sa position et a voulu apaiser le public palestinien en adoptant un discours louant la Résistance.

Cette nouvelle orientation a été à l’initiative de l’un des principaux normalisateurs avec l’ennemi, le secrétaire du Comité exécutif de l’OLP, Yasser Abed Rabbo, apparu à la télévision palestinienne à plusieurs reprises avec un discours de réconciliation envers les aspirations et les objectifs de la Résistance. Le lundi, Abed Rabbo disait : « Gaza ne parraine pas le terrorisme. C’est un bouclier durable contre l’occupation israélienne ... Malheur à nous, Palestiniens si Gaza est vaincu. »

Il poursuivait : « Les exigences de Gaza pour lever le siège sont celles de tout le peuple palestinien, et pas seulement d’une faction particulière », soulignant que ni le Hamas ni ses armes ne doivent être blâmés pour ce qui se passe, mais que « c’est le criminel Israël » qui doit être blâmé à la place.

De même, le conseiller du président pour les affaires religieuses, Mahmoud Habash, qui avait toujours vilipendé le Hamas et l’avait accusé d’être subordonné au programme des Frères musulmans, a adopté un discours pro-Résistance en proclamant : « Toutes les demandes de la Résistance sont légitimes. » Il a également dit : « Les roquettes ont atteint Tel-Aviv, et Israël doit s’attendre à plus. »

Mais le membre du Comité central du Fatah Jamal Muheisen, nie cette interprétation des discours du Fatah. S’adressant à Al-Akhbar, il dit : « Le Fatah et la position de l’Autorité palestinienne sont sans ambiguïté. Dès le départ, nous avons dénoncé l’assaut sur ​​Gaza et dénoncer l’occupant comme le responsable de l’escalade qui a commencé à Hébron ».

Il a ajouté, « Il n’y a pas de changement dans notre discours, mais chaque phase a ses propres circonstances et messages, nécessitant différentes batailles que ce soit à travers la résistance armée ou populaire. Maintenant, précisément, il n’y a aucune alternative à l’appui du lancement de roquettes pour arrêter l’agression ».

Muheisen a poursuivi : « Gaza nous a tous unis dans la même tranchée, car notre peuple tout entier est pris dans la guillotine israélienne, ce qui exige l’unification du discours de l’Autorité palestinienne et de toutes les factions de Gaza pour notre défense et la dénonciation de l’occupation. »

Cependant, on ne peut ignorer dans ce contexte le fait que l’Autorité palestinienne n’a pas appelé à une Intifada en Cisjordanie, et qu’elle poursuit sa coordination sécuritaire avec Israël , empêchant les manifestants d’atteindre les colonies. L’analyste politique Adel Samara a expliqué cela en disant que le changement dans le discours infléchi par Abed Rabbo « n’est qu’une tentative de tirer profit de la situation et de se placer à la pointe de la combat, même si l’Autorité palestinienne n’est en rien impliquée. »

Il a continué : « Abed Rabbo s’oppose au mouvement national, mais il semble que ce leadership comprend qu’il est dans le pétrin, tout le monde se ralliant autour de la Résistance. Cette décision a donc été prise afin de préserver une certaine position et améliorer chances pour Abbas de rester au pouvoir ».

Qu’en est-il de l’ambition de ces dirigeants qui veulent devenir des acteurs majeurs dans les accords pour une trêve ? Samara explique alors : « L’Autorité palestinienne veut une participation dans un nouvel accord, sans aucun effort réel ni même de rôle. C’est l’opportunisme politique auquel nous sommes tant habitués, à tel point qu’il est devenu une école avec ses propres racines et règles en Palestine ».

23 juillet 2014 - Al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.eu - al-Mukhtar