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Avec les rafles en Cisjordanie, Israël a doublé le nombre de prisonniers « administratifs »
lundi 23 juin 2014 - Charlie Hoyle
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Nervis des troupes d’occupation kidnappant un jeune Palestinien - Photo : Press TV

Ce lundi, 104 ordres de détention administrative ont été confirmés par le groupe de défense des prisonniers Addameer, et ce nombre devrait augmenter considérablement au cours des prochains jours.

L’organisation avait enregistré 77 ordres de détention administrative depuis jeudi dernier, 27 de plus ayant confirmés ce lundi, a déclaré à Ma’an un coordinateur des avocats.

La plupart des ordres de détention, d’une durée de trois à six mois, ont été émis par un juge du tribunal militaire d’Ofer sur les recommandations du Shin Bet israélien, la majorité des détenus étant affiliés au Hamas et au Jihad islamique (la résistance palestinienne).

Tous les condamnés ont été arrêtés dans le cadre d’une opération de kidnapping à grande échelle par les forces israéliennes en Cisjordanie, au cours de laquelle 471 Palestiniens, dont 11 parlementaires, ont été enlevés dans plus de 400 raids ciblés sur des maisons et des organisations de la société civile.

« Depuis la disparition des colons, nous avons vu une forme claire de punition collective, non seulement avec des arrestations, mais avec des raids, des assassinats, des blessures, etc, » a déclaré à Ma’an Gavan Kelly, coordinateur international de défense d’Addameer.

Israël utilise la disparition des trois jeunes colons comme un prétexte pour écraser le Hamas, dit encore Kelly, notant que l’opération de grande envergure a lieu quelques semaines seulement après qu’un gouvernement palestinien d’union nationale ait été annoncé et quelques mois avant la date prévue des élections palestiniennes.

« Quand on considère tout ce qui se passe, si Israël prétend que les arrestations sont liées aux colons disparus, c’est un non-sens », a-t-il ajouté.

Environ un quart des 471 Palestiniens kidnappés depuis la semaine dernière ont été condamnés à la détention administrative, et Addameer s’attend à ce qu’encore plus d’ordres militaires de détention sans jugement soient émis dans la semaine à venir.

« Nous nous attendons à ce que cela continue, nous ne voyons pas cela se terminer bientôt. C’est pourquoi nous faisons appel à une pression internationale sur Israël. »

Ce dimanche, les organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, ont envoyé une lettre aux responsables de la sécurité d’Israël et à la direction militaire pour exiger qu’ils s’abstiennent de « punir collectivement » la population palestinienne et de violer ses « droits fondamentaux ».

Détentions sans procès « en masse » tandis que les grévistes de la faim poursuivent leur mouvement de protestation

Addameer a déclaré que le recours systématique à la détention administrative dans la campagne d’arrestations en cours est « alarmante » étant donné le nombre de prisonniers en grève de la faim pour protester contre cette politique.

L’émission des ordres de détention administrative « en masse » depuis la disparition des trois jeunes colons est « en violation directe des paramètres stricts établis par le droit international », a indiqué l’organisation, exhortant la communauté internationale à condamner immédiatement « les arrestations arbitraires et la campagne de détention. »

Depuis le 24 avril, quelque 125 prisonniers palestiniens ont refusé toute nourriture dans le cadre de la plus longue grève de la faim dans l’histoire palestinienne, contre la politique d’Israël d’incarcérer les Palestiniens indéfiniment sans inculpation ni jugement.

Au cours des deux dernières années, les grèves de la faim des prisonniers palestiniens ont posé un défi constant à la politique d’Israël de la détention sans procès, et pas un seul jour ne passe depuis 2011 sans qu’au moins un prisonnier palestinien ne soit en grève de la faim.

Plus de 50 prisonniers libérés dans l’accord d’échange de 2011 contre le soldat israélien Gilad Shalit, ont été arrêtés à nouveau dans la campagne d’enlèvements actuelle, et sept ont vu leur libération annulée, ce qui signifie que leurs condamnations précédentes à long terme pourraient être rétablies dès cette semaine.

L’ordre militaire 186 qui a été introduit en 2009, permet à un comité militaire israélien de condamner à nouveau les prisonniers libérés dans des opérations d’échanges, sur la base de preuves restant secrètes, ce qui est susceptible d’être utilisé contre les personnes kidnappés à nouveau dans les rafles actuelles.

Kelly dit qu’Israël utilise la détention administrative comme sa « seule option » dans la campagne de la détention en cours, sans « qu’aucune preuve » ne soit divulguée concernant les accusations à l’encontre des prisonniers.

« La campagne en cours prouve simplement qu’Israël préparait quelque chose comme ça il y a longtemps avec l’introduction de l’article 186 », a ajouté Kelly.

Commentant l’utilisation de la détention administrative au cours des 10 derniers jours, les organisations de défense des droits de l’homme ont déclaré dans une lettre qu ’« il est difficile de ne pas se demander s’il existe réellement une nécessité militaire qui impose la détention rapide et sans procès de dizaines et dizaines de personnes. »

Plus de 5300 Palestiniens sont actuellement détenus dans les prisons israéliennes. Parmi ceux-ci, un peu moins de 200 étaient détenus en détention administrative avant que les ordres les plus récents n’aient été émis.

23 juin 2014 - Ma’an News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/eng/ViewDet...
Traduction : Info-Palestine.eu