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Les Palestiniens « doublement réfugiés » luttent pour survivre à Gaza
mardi 3 juin 2014 - Khaled Alashqar
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Alaa Barakat et sa famille sont entrés à Gaza par les tunnels - Photo : Al-Jazeera/Ashkar

Des réfugiés palestiniens ont fui la guerre en Syrie pour se retrouver dans la bande de Gaza, où il sont confrontés à de nouveaux défis.

Gaza-Ville, Palestine - « La mort est partout. Les projectiles n’arrêtent pas de pleuvoir … Nous avons pu fuir le camp par miracle ... ».

C’est ainsi que le réfugié palestinien Alaa Barakat décrit ses derniers moments passés à Yarmouk, dans le camp de réfugiés à Damas, en décembre 2012. Il y vivait avec sa femme et deux enfants, âgés de trois ans et cinq mois. Le camp de Yarmouk, qui abritait naguère plus de 160.000 réfugiés palestiniens, a été bombardé par les forces loyales au régime du président syrien Bashar al-Assad et a subi de nombreuses confrontations armées entre l’armée syrienne et des groupes d’opposition armés.

Le siège du camp imposé par le gouvernement a entraîné de graves pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments, déclenchant une crise humanitaire. Quelque 18.000 Palestiniens et plusieurs familles syriennes sont toujours dans ce camp aujourd’hui.

Barakat et ses enfants ont fui de Damas vers Le Caire, puis vers le nord du Sinaï près de la frontière avec la bande de Gaza. Il a payé 150$ pour entrer à Gaza peu après, via les tunnels souterrains. La famille est arrivée à Gaza avec seulement leurs vêtements sur le dos. L’épouse de Barakat, Eman, citoyenne syrienne, les a rejoints à Gaza trois mois plus tard après s’être assuré un permis des autorités syriennes.

« Rien ne peut décrire les sentiments d’une personne quand il faut endurer à nouveau la douleur et la souffrance. J’ai commencé ma vie d’enfant dans un camp de réfugiés en Syrie. Je reviens à Gaza aujourd’hui pour vivre la dure vie de réfugié une fois de plus, avec mes enfants » dit Barakat.

Plus de 250 familles (jusqu’à 1.500 personnes) venues de Syrie vivent à présent dans la bande de Gaza. 34 % des familles de réfugiés sont syrienness, les autres sont des réfugiés palestiniens qui vivaient en Syrie, selon Ali al-Khatib, qui dirige l’unité des personnes revenant de Syrie au Ministère des Affaires sociales à Gaza.

Des dizaines d’entre eux sont des étudiants universitaires qui ne peuvent poursuivre leurs études à cause des contraintes financières et des frais d’inscription à Gaza. En moyenne un semestre à l’Université al-Azhar à Gaza coûte 450$.

Gaza compte déjà 1,7 millions de Palestiniens, dont plus de la moitié sont des réfugiés palestiniens.

La famille de Barakat vit maintenant dans le camp de réfugiés de Jabaliya dans le nord de la bande de Gaza. Ils reçoivent une assistance alimentaire restreinte de l’UNRWA (l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), qui leur alloue également 125$ par mois pour le loyer.

« L’UNRWA remplit son rôle envers les familles de réfugiés. Nous leur fournissons des rations de nourriture, des services sanitaires et éducatifs, plus une somme de 125$ comme allocation de logement pour s’assurer un abri » dit à al-Jazeera Adnan Abou Hasna, porte-parole de l’UNRWA.

Souffrant du siège sévère imposé par Israël et l’Egypte, les gens de Gaza comptaient fortement sur les tunnels souterrains entre Gaza et l’Egypte pour les mouvements de marchandises et de matériaux de construction voire le passage de personnes. Mais depuis la chute de l’ex-président Morsi en Egypte, la plupart de ces tunnels ont été détruits.

Cela a terriblement aggravé la situation, provoquant un quasi arrêt de l’économie et du commerce et faisant monter le chômage à des sommets inégalés. Le taux de chômage à Gaza est passé de 32,5 % au troisième trimestre de 2013 à 38,5$ au quatrième trimestre de 2013.

Les offres d’emploi sont très rares pour les nouveaux réfugiés de Syrie. Atef al-Emawi, un réfugié syrien, président de Comité de suivi pour les Réfugiés de Syrie à Gaza, un groupe qui travaille en liaison avec différents départements du gouvernement local, dit à al-Jazeera que seuls 15 réfugiés ont pu trouver un emploi à temps plein à Gaza.
« Nous ne voulons pas être un fardeau supplémentaire pour Gaza qui a déjà bien assez de problèmes. Nous avons besoin de vrais emplois pour devenir productifs dans la société ».

Le Premier Ministre palestinien Ismaël Haniyeh, chef du gouvernement Hamas à Gaza, a promis de fournir un emploi à un membre de chaque famille et un logement à chaque famille à Cheikh Hamad Ville, dans le sud de la bande de Gaza. Les maisons sont construites avec des fonds qatari.

Al-Khatib dit que le gouvernement de Gaza a payé 60.000$ d’allocations de loyer pour les réfugiés de Syrie qui vivent maintenant à Gaza. Ce montant a couvert les frais de 31 logements pour 11 mois.

Le Ministre gazaoui aux affaires Sociales, Mohammed al-Riqib, déclare que le gouvernement Hamas ne fait pas de distinction entre réfugiés palestiniens et syriens. « Le gouvernement de Gaza, malgré les conditions difficiles, a adopté des programmes complets de soutien aux réfugiés, et il continuera de les soutenir avec toutes les possibilités qui lui sont disponibles ».

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Abou Thaer al-Shami, réfugié syrien à Gaza, travaille à plein temps dans une pâtisserie à Khan Younis, gagnant 20 $ par jour - Photo : Al Jazeera/Ashkar

« Nous, en tant que réfugiés à Gaza, nous avons souhaité la bienvenue aux nouveaux arrivants. Qu’ils soient palestiniens ou syriens, ce sont des réfugiés qui ont tout laissé derrière eux pour fuir la mort et la guerre » dit à Al-Jazeera Samir Ghonaim, 36 ans, qui réside à Rafah au sud de Gaza.

Abou Thaer al-Shami est un citoyen syrien qui a fui à Gaza quand le soulèvement syrien a commencé, en 2011. « Nous avons fui la guerre et nous sommes arrivés dans le blocus » dit-il, expliquant qu’il a perdu le contact avec sa mère ses frères et d’autres parents restés en Syrie.

Al-Shami confectionnait des friandises et des desserts au camp de Yarmouk depuis 10 ans. A Gaza, il a trouvé un emploi dans une pâtisserie de Khan Younis, où il continue à travailler à plein temps, pour 20$ par jour.

« En dépit du bon accueil que m’ont donné les gens de Gaza, je n’arrive pas à surmonter le fait que j’ai dû fuir ma maison et que je suis devenu un réfugié. J’attends avec impatience le moment où je pourrai retourner dans mon pays, auprès de ma famille, en Syrie ».

Lire également :

- Détresse des réfugiés palestiniens de Syrie - 27 décembre 2013
- Gaza : un blocus de plus en plus dur - 9 décembre 2013

28 mai 2014 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.aljazeera.com/news/middl...
Traduction : Info-Palestine.eu - AMM