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Comment nous avons perdu la Palestine
lundi 26 mai 2014 - Samir Sobhi
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Février 1948 - Abd al-Qadir al-Husayni entouré de combattants palestiniens

La création d’Israël le 14 mai 1948 ajoute une couche de frustrations et de souffrances dans cette région agitée. La Déclaration Balfour du gouvernement britannique en 1917, qui promettait un « foyer national » aux juifs de Palestine, est généralement blâmée comme la cause de sa perte, mais ce n’était que le début d’une tragédie qui s’est jouée tout au long du siècle dernier, avec ses troubles religieux, sa ferveur nationaliste, ses diffamations racistes et l’extrême injustice qui résonne toujours au Moyen-Orient et bien au-delà.

Des fragments de cette tragédie ont été préservés pour nous par les photographes. L’une d’elle montre une femme palestinienne manifestant au Dôme du Rocher à Jérusalem pour protester contre les brutalités policières en 1933. D’autres montrent des combattants paramilitaires des deux côtés posant avec leurs fusils, des immigrants juifs échoués sur des bateaux, des réfugiés palestiniens expulsés de leurs terres, et de fiers israéliens célébrant des victoires qui n’ont fait que prolonger le conflit.

L’un des premiers affrontements se produisit à Jaffa en 1921, tuant des dizaines de personnes de part et d’autre. Une enquête ultérieure par la Commission britannique Haycraft montra que l’hostilité envers les juifs croissait au sein de la population arabe, qui soupçonnait les autorités du Mandat britannique de prendre parti pour les juifs, au détriment de la majorité arabe de la population. La Commission montra aussi, au sein de la population arabe, la croyance de plus en plus forte que le programme sioniste visait à accaparer les ressources du pays et à priver la population autochtone de ses moyens de subsistance. Les arabes qui ont parlé à la Commission se plaignaient que les immigrants juifs traitent les arabes avec arrogance et ne manifestaient aucun respect de leurs coutumes.

Il y eut des nouveaux affrontements à Jaffa en 1924, et les investigations montrèrent que les hostilités avaient éclaté quand des juifs se mirent à se moquer du code vestimentaire arabe.

En 1929, les affrontements intermittents s’étaient transformés en un soulèvement arabe complet. Il avait été provoqué par un incident au cours duquel les juifs avaient tenté de s’emparer du Mur des Lamentations, que les musulmans vénèrent comme ayant servi à attacher al-Bouraq, la monture du prophète Mahomet.

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En juillet 1948, arrestation de Palestiniens qui refusent d’être chassés de leurs terres

Les troubles débutèrent le 14 août 1929 quand des juifs brandissant des drapeaux sionistes et chantant des chants nationaux marchèrent en cortège dans les rues de Jérusalem. Arrivés au Mur, ils prononcèrent des discours affirmant leur droit de propriété sur la zone, en citant la tradition biblique. Cette manifestation a tétanisé la défiance musulmane et des émeutes ont éclaté dans différentes parties de la Palestine.

Au cours des 15 jours suivants, 109 juifs, 87 musulmans et 4 chrétiens ont perdu la vie. Les autorités britanniques condamnèrent à mort 20 arabes dont 3 seulement furent exécutés. Un juif fut condamné à mort pour avoir tué toute une famille arabe. Mais ce verdict fut commué en 10 années de prison. A dater de ce moment, la population arabe a eu pour credo que les Britanniques avaient l’intention de les vendre, et elle se mit à attaquer aussi des cibles britanniques.

En 1936, un cheikh soufi nommé Ezzeddin Al-Qassam fut tué au cours d’un affrontement avec des forces britanniques près de Hébron. Son nom est familier à ceux qui suivent les événements à Gaza, sous le nom des Brigades al-Qassam. Explorant d’autres tactiques de confrontation avec les Britanniques, les arabes appelèrent à une grève générale, ce qui créa un arrêt du travail dans tout le pays. Mais les tactiques de guérilla ne s’interrompirent pas, car beaucoup de jeunes Palestiniens armés de fusils et d’armes légères se réfugièrent dans les montagnes et se mirent à attaquer les camps juifs qui commençaient à proliférer.

Les autorités britanniques, confrontée à une résistance arabe croissante, mobilisa davantage de forces pour chasser les rebelles des zones montagneuses. Mais cela s’avéra tâche ardue, car les combattants palestiniens furent bientôt rejoints par des volontaires des pays voisins comme la Syrie et l’Irak – dont certains avaient été en service actif pendant la première Guerre Mondiale.

La résistance dispersée prit une allure plus organisée, les rebelles étant réunis sous le commandement de Fawzi Al-Qawuqji, un officier syrien né à Tripoli au Liban.

La révolution ne prit fin que lorsque les rois du Hedjaz, d’Irak et de Transjordanie ainsi que l’émir du Yémen demandèrent aux rebelles de cesser les hostilités et de laisser une chance à la diplomatie. Il apparut rapidement que les efforts diplomatiques n’avaient pas plus de succès que les moyens militaires, préparant la voie à d’autres affrontements et à davantage de méfiance.

Partition de la Palestine

Le 29 novembre 1947 l’ONU décida que la Palestine serait divisée entre les populations juive et arabe. A la grande horreur des arabes, qui rejetèrent l’accord, ils ne reçurent que 43 % de la Palestine originale sous Mandat britannique. Les juifs, dont beaucoup étaient des arrivants de fraîche date venus d’Europe, reçurent 56 % du pays. Jérusalem, ainsi en décida l’ONU, devrait être une ville internationale ouverte à tous mais gérée par une administration indépendante.

Les juifs saluèrent la décision mais le ressentiment arabe était tel que des affrontements éclatèrent presque immédiatement après la décision de partition. Le 12 avril 1948, la Ligue Arabe décida d’envoyer des armées arabes en Palestine dès le départ des Britanniques le 15 mai. Israël fut créé le soir du 14 mai 1948. Il fut reconnu quelques minutes après par le président des USA Harry Truman. Trois jours plus tard, l’Union Soviétique reconnaissait le nouvel État.

Le 26 mai 1948 le dirigeant israélien David Ben Gourion ordonnait la création des Forces de Défense Israéliennes. Les scènes qui suivent sont celles des troubles et des déportations, car la guerre qui se déploya échoua à donner aux arabes non seulement les parties de la Palestine qu’ils avaient refusé de céder aux juifs mais également d’autres territoires.

L’Égypte envoya 10 000 soldats, dont 5 brigades d’infanterie et 1 brigade mécanisée. Elles appuyaient l’armée de l’air avec des bombardiers récemment transformés à partir d’avions de transport par un officier innovateur appelé Abdel-Hamid Mahmoud. Ils furent rejoints par 4500 soldats de Transjordanie, 2500 d’Irak, 1.800 de Syrie et 2 brigades d’infanterie du Liban.

Quand la guerre éclata, le roi Ibn Saoud d’Arabie envoya une unité qui fut transportée par air sur le front égyptien et participa à l’action à Beit Hanoun, juste au nord de Gaza.

Les armées arabes s’opposèrent à une force israélienne composée d’abord de 45.000 combattants de a Haganah. Au début de la guerre, ceux-ci furent rejoints pas 30 000 volontaires juifs de Palestine et 20.000 d’Europe.

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1948 – Un Hotchkiss H-39 israélien, fourni par la France en juin, sur une décision du 16 mars 1948

L’armée jordanienne franchit le Jourdain et arriva en Palestine le 16 mai 1948, puis mena trois batailles majeures, à Bab al-Oued, Latroun et Jénine. Les Jordaniens réussirent à prendre le contrôle de parties de Jérusalem et de ce qui devint la Cisjordanie. Au moment de la fin des hostilités, le 7 janvier 19949, Israël s’était emparé de la plus grande partie du Néguev, et une grande section de l’armée égyptienne était assiégée à Falloujah . Parmi les prisonniers du siège se trouvaient Gamal Abdel-Nasser et Abdel-Hakim Amer, respectivement futur président et chef de l’armée en Égypte. Leur frustration quant à l’échec militaire de 1948 les incita à constituer le Mouvement des Officiers Libres qui réussit, 4 années plus tard, à renverser le régime monarchique égyptien.

Après les combats, les négociations s’ouvrirent à Rhodes sous médiation onusienne. L’Egypte, la Jordanie, la Syrie et e Liban signèrent 4 Traités d’armistice avec Israël entre le 24 février 1948 et le 20 juillet 1949. C’est dans ces Traités que les frontières ad hoc israéliennes, souvent évoquées comme « la Ligne Verte », furent fixées pour la première fois. Ce sont les frontières dont les négociateurs arabes essaient depuis deux décennies qu’Israël se retire, abandonnant les territoires accaparés lors de guerres ultérieures, avec un succès tout relatif.

Le 7 mars 19949, le Conseil de Sécurité de l’ONU recommandait l’admission d’Israël en tant que membre à part entière de l’ONU. Le 12 mai, l’Assemblée Générale l’entérinait et Israël devenait membre de l’Organisation des Nations Unies.

13 mai 2014 - al-Ahran Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/News/621...
Traduction : Info-Palestine.eu - AMM