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L’assassinat de 5 jeunes Palestiniens prouve que les négociations sont une sinistre plaisanterie
lundi 30 septembre 2013 - Budour Youssef Hassan
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28 août 2013 - Des militants dans Ramallah procèdent à un simulacre de funérailles pour protester contre la poursuite des négociations avec Israël et la coordination de l’Autorité palestinienne avec l’armée d’occupation - Photo : ActiveStills/Ahmad Al-Bazz

Parmi les cinq martyrs se trouvaient trois jeunes hommes palestiniens tués dans la matinée du 26 août dans le camp de réfugiés de Qalandiya, près de Ramallah.

Ce jour-là semble maintenant comme n’importe quel autre jour, un jour douloureux - même si distant - dont on se souvient, et la raison d’un chagrin indicible qui a détruit la vie de trois familles.

Cela ne devrait pas être normal que des soldats lourdement armés envahissent un camp de réfugiés à l’aube. Cela ne devrait pas être normal non plus qu’une armée d’occupation assassine trois Palestiniens non armés de sang-froid et blesse des dizaines d’autres civils, armés de rien d’autre que de pierres. La fréquence quotidienne à laquelle Israël procède à ces raids, cependant, rend routinier ce type de terreur et d’intimidation.

Israël commet tous ces crimes alors que l’auto-désignée Autorité palestinienne poursuit sans vergogne la sinistre plaisanterie de négociations de « paix » tout en collaborant en matière de répression avec l’occupation israélienne.

Réactions de pure forme

Pendant ce temps, les Palestiniens n’ont rien, si ce n’est des réactions de pure forme d’Abbas, et du bout des lèvres. Après chaque violation, il affirme que ces violations pourraient mettre en danger le futile processus de « paix ».

Les timides condamnations d’Israël par Abbas ne signifient rien pour les familles de Rubeen Zayid, Younis Jahjouh et Jihad Aslan, les trois jeunes Palestiniens tués par des soldats de l’occupation israélienne dans le camp de réfugiés de Qalandiya le 26 août .

Être le témoin des funérailles de trois martyrs n’est jamais facile, et encore moins écrire sur l’expérience vécue.

Comment peut-on décrire réellement la souffrance d’une mère qui vient de perdre son fils aîné ? Comment peut-on exprimer son soutien à une jeune femme dont le mari - et le père de son fils - a été tué sans avoir commis aucun crime, alors qu’il était simplement en route pour son travail et uniquement parce qu’il était un Palestinien ?

Comment peut-on rester objectif tout en écoutant une femme âgée, inconsolable, appelant son neveu tué pour qu’il revienne : « Jihad , mon amour, pourquoi m’as-tu quitté ? Qui va s’occuper de moi , maintenant qu’ils ont pris ta vie ? »

Comment est-il possible de décrire l’amertume de regarder la course des journalistes pour prendre des photos des femmes palestiniennes en pleurs, me rappelant ces lignes par Mahmoud Darwish : « Pour eux, ma blessure est devenue une sujet pour touristes qui aiment prendre des photos. »

Lignes parallèles ?

Et il n’existe aucune manière polie avec laquelle vous pouvez commenter le discours d’un officiel du Fatah qui a assisté aux funérailles et a déclaré dans son discours : « Nous croyons que les négociations et la résistance sont des lignes parallèles ».

Il y a des moments qui nous laissent complètement et totalement sans voix, incapables d’articuler la tempête d’émotions qui nous submergent. Et même s’il semble que les Palestiniens se sont accoutumés à la douleur après 65 ans d’une Nakba [ou catastrophe] qui se poursuit, rien n’autorise à normaliser le meurtre.

Jihad Aslan n’avait que 19 ans, mais il avait déjà vécu une vie de souffrance. Il avait été arrêté par l’occupation israélienne à l’âge de 15 ans, pour passer plusieurs années en prison, selon ses proches.

Il avait été blessé à la jambe par un tir des soldats israéliens juste après sa libération. Son arrestation et sa blessure impliquaient qu’il ne terminerait pas ses études secondaires ne ne trouverait pas d’emploi en raison d’une invalidité permanente au pied.

Quand le raid qui allait lui être fatal a commencé, il a fallu emporter deux de ses proches blessés dans une ambulance, avant que lui-même ne soit abattu et ne succombe plus tard à ses blessures dans un hôpital.

Pour beaucoup, l’histoire de Jihad n’a rien de spécial. Elle s’intègre tout simplement dans une autre statistique, juste un autre numéro dans les interminables listes de victimes du « conflit israélo-palestinien. » Son histoire, l’histoire de milliers de jeunes Palestiniens dont la vie a été détruite par une occupation impitoyable, n’a aucune valeur pour une « communauté internationale » dont la seule préoccupation est le maintien de la sécurité d’Israël.

Se souvenir est essentiel

Se souvenir de Jihad Aslan et des autres victimes de la colonisation d’Israël est essentiel, non seulement en raison des récents affrontements à Hébron et des campagnes d’arrestations qui ont suivi la mort de deux soldats israéliens la semaine dernière .

Le Département d’État américain a condamné les meurtres de soldats comme « du terrorisme », un mot qu’il n’a jamais utilisé pour décrire les meurtres et blessures qu’Israël inflige chaque jour aux civils palestiniens.

Cela reflète la pensée perverse qui domine dans de nombreux cercles « occidentaux » qui transforment l’agresseur colonial et son armée en victime, et la victime en agresseur .

Mais les Palestiniens, comme tous les peuples occupés et colonisés, ont le droit légitime de résister .

En 1970 , l’Assemblée générale des Nations Unies a affirmé « la légitimité de la lutte des peuples sous domination coloniale et étrangère qualifiée, comme disposant du droit à l’autodétermination et du droit de l’imposer par tous les moyens à leur disposition. » Jusqu’à ce que les Palestiniens soient libres , ce droit s’applique à eux aussi.

En aucun cas la mort de soldats de l’occupation armées peut être assimilée à la mort de personnes autochtones vivant sous occupation. Ces événements, cependant, ne font que mettre en évidence l’hypocrisie des puissances mondiales qui traitent la résistance comme un crime et l’occupation comme une routine.

Les événements récents à Hébron et les affrontements à Jénine et dans les camps de réfugiés de Qalandiya leur montrent avant tout que si une troisième Intifada doit éclater, elle commencera dans les camps de réfugiés ou à Hébron. Ces lieux sont pris pour cible par l’occupation israélienne en même temps que par son mandataire, l’Autorité palestinienne [de Ramallah], et ils seront toujours les premiers à se soulever.

* Budour Youssef Hassan est militante anarchiste palestinienne et diplômée en droit basé. Elle vit à Jérusalem sous occupation. Elle peut être suivie sur Twitter @Budour48

24 septembre 2013 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/conte...
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib