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Israël cible les « cellules du Hezbollah » au Nigeria
jeudi 4 juillet 2013 - Al-Akhbar
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Des gradés de l’armée nigérienne près des munitions saisies chez des membres présumés du Hezbollah après un raid.
(photo Reuters - sur le Jerusalem Post)




Mi-mai, Mustafa Fawwaz, 49 ans, libanais vivant dans le nord du Nigeria, se rend à l’Amigo Mall, un centre commercial dont il est copropriétaire avec son frère Fawzi. Quelques heures plus tard, la police investit son supermarché et le met en état d’arrestation.

Quelques jours plus tard, un autre Libanais, Ahmad Tahini, 48 ans, est arrêté à l’aéroport international Kano, au Nigeria, avant de prendre son avion pour Beyrouth. Le 26 mai, la police arrête Talal Rawda, 51 ans, à son domicile, ainsi qu’un autre Libanais, Hussein Noureddine.

La police nigérienne prétend que ces quatre hommes font partie d’une « cellule du Hezbollah  », avec pour preuve la présence d’un dépôt d’armes à l’intérieur d’une maison à Kano.

Après 40 jours de détention, Nourreddine est libéré. Le tribunal accuse les trois autres Libanais de commettre des « crimes liés au terrorisme » et « de fournir une aide directe à un groupe terroriste  ». L’acte d’accusation précise : « Vous avez avoué que vous apparteniez à la branche armée du Hezbollah, qui est une organisation terroriste internationale. Vous avez par conséquent commis un crime ».

Fausses accusations

La principale accusation qui a conduit à l’arrestation de ces hommes les relie à une cache d’armes contestable. Les armes trouvées par la police sont vieilles et rouillées, ayant manifestement été conservées dans des conditions inappropriées.

Les trois Libanais sont accusés de terrorisme en vertu de leur appartenance au Hezbollah, alors même que le gouvernement nigérien ne considère pas ce parti comme une organisation terroriste. Une source proche des accusés indique que la maison où les armes ont été trouvées appartenait initialement à un ancien général qui avait participé activement à la guerre civile nigérienne… il y a quarante ans. Il dément que les hommes puissent être liés d’une manière ou d’une autre à ces armes ou à une quelconque activité armée. L’avocat de la défense va donc demander au tribunal le 8 juillet, date de l’audience, d’abandonner toutes les charges.

Comme d’habitude, Israël est mêlé à ce fiasco. Un responsable de la sécurité israélienne a déclaré au journal Western, « la cellule de sécurité qui a été arrêtée s’inscrit dans une campagne chiite de terrorisme qui a pris pour cible l’Occident et Israël  ». Il est intéressant de noter que le dirigeant israélien ne limite pas ses accusations au Hezbollah mais englobe l’ensemble de la secte chiite.

Mais peut-être que la meilleure preuve de l’ingérence israélienne dans l’enquête vient d’une source proche des détenus qui prétend qu’une équipe du Mossad a été autorisée à interroger les accusés et à enquêter sur eux.

Objectifs israéliens

Israël a toujours porté une attention particulière sur le Nigeria, après avoir signé plusieurs accords commerciaux et industriels avec le pays africain. Pourtant, depuis 2006, les visites au Nigeria des présidents et dirigeants de la sécurité israéliens se sont axées plus sur la signature d’accords sécuritaires et la finalisation de marchés d’armes. Selon des spécialistes nigérians, les relations étroites du Mossad avec les agences de sécurité nigériennes ne sont en aucune façon dissimulées.

Israël espère réaliser plusieurs objectifs avec ces accusations. Il cherche à faire pression sur l’opinion publique internationale, et spécialement européenne, pour classer le Hezbollah, ou au moins sa branche soi-disant armée, comme groupe terroriste (1). Un autre objectif est de créer des fissures dans le Hezbollah par de fausses accusations contre des hommes d’affaires libanais et la fermeture de leurs entreprises.

Les États-Unis et Israël ont des façons différentes de cibler les Libanais en Afrique. Alors que le département du Trésor des USA accuse les Libanais de soutenir des organisations terroristes, Israël agit de concert avec les agences de sécurité africaines pour fabriquer des accusations.



(1) Note de la traduction :

lire notamment : La France souhaite que la branche militaire du Hezbollah, un mouvement chiite libanais, soit inscrite sur la liste des groupes terroristes de l’Union européenne



Lire aussi l’article de Gilles Munier : Les visages mal cachés de l’« Israélafrique »

2 juillet 2013 - Al Akhbar - traduction : Info-Palestine/JPP