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Les parcs d’attractions de Gaza ouvrent leurs portes pour divertir les enfants victimes des guerres
jeudi 27 juin 2013 - Abeer Ayyoub - Al Monitor
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Le 11 avril 2013, une fille palestinienne sur la balançoire d’un parc d’attraction, construit sur le terrain d’une ancienne colonie israélienne au centre de la Bande de Gaza. (Photo by REUTERS/Mohammed Salem)

Le parc a été inauguré il y a trois ans par Al-Nour, une ONG affiliée au Hamas. Mais avant, il était un lieu dont se servaient les enfants de la colonie israélienne de Netzarim avant qu’elle ne soit évacuée en 2005 par le gouvernement de l’ancien Premier Ministre Ariel Sharon.

A l’instar de toutes les colonies juives de Gaza, l’emplacement du parc n’était plus qu’un amas de décombres. Aujourd’hui, ce terrain vague abrite un grand complexe destiné aux orphelins Palestiniens, sans pour autant exclure les autres enfants Palestiniens et leurs familles qui y accèdent pour la modique somme de $1.50 pour chaque personne âgée de plus de 10 ans.

Le directeur du complexe, Nabil Nassar, affirme que le parc a spécialement été conçu pour cibler une catégorie bien précise des enfants, à savoir ceux ayant perdu un membre de la famille suite à une agression israélienne, engendrant par voie de conséquence la perte de toute source de revenu.

« Le parc a atteint son objectif depuis le premier jour. Il nous est même arrivé de ne pas trouver de places pour satisfaire tous les clients bien que le complexe soit grand et spacieux, » explique Nassar à Al-Monitor.

Les enfants ciblés appartiennent à la catégorie dont les pères, les mères ou bien les frères et sœurs avaient été victimes d’Israël. Cependant, l’accès gratuit n’est plus pris en considération lorsque la mère, le père ou les frères ayant perdu le conjoint se remarient.

Ceci étant, le complexe n’applique pas cette règle à la lettre étant donné le taux alarmant de la pauvreté qui sévit à Gaza. Nassar affirme que certaines familles pauvres, venues chercher à se divertir, prétendent appartenir à la catégorie privilégiée du parc. Néanmoins, les gardiens ferment les yeux et les autorisent à entrer gratuitement.

« Nous sommes une organisation à but non lucratif ; gagner de l’argent n’est pas notre objectif principal, » souligne Nassar qui précise : « Les prix des tickets suffisent à peine à couvrir les coûts de la maintenance. Nous dépendons essentiellement des dons. »

Selon Nassar, le budget du complexe est estimé à $5 millions, en plus de nouvelles installations qui sont ajoutées chaque année. Pour l’année prochaine, les fondateurs envisagent d’introduire un restaurant et une salle des fêtes qui peut également être utilisée gratuitement par la catégorie de familles ciblées.

Les gardes du complexe sont responsables de l’enregistrement des noms des groupes concernés quand ceux-ci se présentent à l’entrée, mais l’administration envisage de délivrer des cartes d’accès pour faciliter ce travail.

Le parc d’attractions de 80 000 mètres carrés dispose d’un large champ ouvert, d’un grand lac, de deux piscines et d’une zone de divertissement. Mais c’est à peine suffisant pour accueillir les milliers de visiteurs qui viennent chaque jour.

La célèbre station balnéaire ouvre de 8 heures à une heure de l’après-midi chaque jour pour les personnes individuelles, les familles et les visites préparées par des organisations et des camps.

En tant qu’établissement fondé par une ONG affiliée au Hamas, il n’est pas surprenant de ressentir une atmosphère islamique plutôt conservatrice dans la station. Un grand panneau avec des instructions précises vous accueille à l’entrée. La première recommandation est de respecter la morale islamique, la seconde interdit l’entrée aux femmes sans hijab, et la troisième interdit à quiconque de fumer le narguilé.

Fatima, âgée de 32 ans et qui a perdu son mari il y a 13 ans lorsque sa voiture a été frappée par un avion israélien, a déclaré que le parc est un soulagement pour elle et ses trois enfants, et elle s’inquiète plus de savoir où pouvoir les divertir.

« Cela ne nous coûte rien quand nous venons ici. C’est exactement comme les endroits chics que mes enfants voient à la télévision. Ils semblent contents, comme tous les enfants dans le monde », remarque Fatima.

Ayman al-Aloul, un journaliste venu avec ses six enfants, déclare qu’il ne savait pas que le parc a été spécialement conçu pour profiter aux enfants de Palestiniens victimes d’Israël. Il trouve que c’est un endroit idéal pour tout le monde, en ajoutant : « L’endroit est tranquille, sans risque et et dispose de toutes les installations dont j’ai besoin pour mes enfants. »

Malgré cette offre, moins de la moitié des clients appartiennent aux familles prioritaires, car le parc d’attractions est l’un des rares endroits populaires à Gaza où les familles peuvent échapper à la misère des réalités politiques et économiques.

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Abeer Ayyoub est un contributrice à Al-Monitor Palestine Pulse. Elle est diplômée de l’Université islamique de Gaza avec un baccalauréat en littérature anglaise. Après des travaux de recherche sur les droits de l’homme, elle est devenue journaliste dont le travail a également paru dans Al Masry Al-Youm, Al Jazeera et Haaretz. Sur Twitter : @ Abeerayyoub

De la même auteure :

- Gaza risque de devoir fermer ses élevages de poissons - 5 juin 2013
- Le Hamas renforce la séparation des sexes dans le système scolaire palestinien - 13 avril 2013

25 juin 2013 - Al Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-Palestine.eu - CZ & Niha