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Pour John Kerry, tout se vend et tout s’achète, y compris les droits des Palestiniens
lundi 3 juin 2013 - Saleh Al-Naami
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(De g. à d.) Kerry, larbin et petit télégraphiste des Israéliens, Pérès, criminel de guerre notoire, et Abbas, parfait dans le rôle du collaborateur complaisant... et dont le fiston fait de juteuses affaires avec Israël.

On retiendra du Forum Economique Mondial, tenu en Jordanie dimanche, les tweets des journalistes israéliens qui accompagnaient Shimon Pérès. Ces tweets raillaient l’initiative du Secrétaire d État des États-Unis John Kerry, pour la reprise des négociations entre Israël et l’autorité palestinienne (AP). La plupart des journalistes israéliens s’amusaient du fait que John Kerry ait entièrement épousé la position du premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.

Selon les médias israéliens et palestiniens, Kerry a proposé des « avantages » économiques pour convaincre l’ex-président Mahmoud Abbas de revenir à la table des négociations sans conditions préalables. En pratique, la proposition implique que les palestiniens devront cesser d’appeler au gel des constructions dans les colonies et à la fin de lajudaïsation systématique de Jérusalem.

Ils devront aussi, arrêter de demander à Israël de reconnaitre un État palestinien dans les frontières d’avant 1967. En retour, Kerry offre de développer les gisements de gaz naturel au large de Gaza et les mines de potassium au nord de la Mer Morte, il offre également d’améliorer les infrastructures de la Zone C, en Cisjordanie.

Il est à noter qu’Israël s’oppose aux investissements palestiniens dans la Zone C et au nord de la Mer Morte. Les responsables israéliens craignent que le plan économique proposé n’oblige Israël à céder le contrôle de certaines parties de la Zone C aux Palestiniens.

Selon le journal israélien Yedioth Ahronoth, les politiciens israéliens n’ont exprimé aucune objection à ce que les Palestiniens développent des gisements de gaz naturel au large de la côte de Gaza, ou qu’ils puissent utiliser cette source d’énergie pour remplacer leur importation d’électricité depuis Israël. Selon ce journal, le plan économique est partie intégrante du plan politique qu’essaie de mettre en place John Kerry. Le plan a pour but de fournir aux palestiniens l’infrastructure adéquate afin qu’ils ne comptent plus sur Israël pour leur alimentation en eau et en énergie.

Le projet étatsunien pour le développement des ressources de gaz naturel comprend un plan de construction d’une centrale électrique à Jénine, d’une capacité de 600 mégawatts, donc de quoi alimenter en électricité toute la Cisjordanie. Actuellement, Gaza possède une centrale électrique Diesel construite par les européens, bien qu’initialement conçue pour tourner au gaz naturel. Le plan Kerry implique également la construction unestation d’épuration à Gaza, afin de renforcer l’autonomie des Palestiniens pour leur alimentation en eau et en électricité.

Il est à rappeler qu’Israël s’est toujours opposé au développement du gisement de gaz naturel découvert il y a dix ans au large de Gaza, par peur que le bénéfice ne soit utilisé pour soutenir la « terreur ».

Le plan Kerry vise à accroître le revenu national de l’Autorité de Ramallah de 50 %, de réduire le chômage de 60 % et d’augmenter les salaires de 50 % en l’espace de 3 ans.

Les fuites détaillées dans la presse israélienne suggèrent que les responsables étasuniens auraient discuté de ce plan avec les Israéliens avant de se souvenir de l’existence des Palestiniens.

Kerry a demandé au représentant du Quartet International (ONU, UE, USA et Russie) Tony Blair, de discuter des modalités pratiques dudit plan avec le gouvernement israélien. Par conséquent, Blair a rencontré le ministre israélien des affaires stratégiques, Yuval Steinitz, afin de discuter des moyens nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord Économique de Paris et à la construction d’un pipeline de Haïfa à Jénine.

Il est ainsi bien clair qu’on exige des Palestiniens d’aller à la table des négociations sans conditions préalables tandis les Israéliens fixent leurs propres conditions.

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a déclaré que tout règlement politique du conflit doit impliquer la reconnaissance de la « judéité » d’Israël par les Palestiniens ainsi que la mise en place des mesures de sécurité pour protéger Israël.

L’exigence faite aux Palestiniens de reconnaitre la « judéité » d’Israël est une question épineuse. Si les Palestiniens acceptent, ils devront céder leur droit au retour. De plus, ils consentiront à l’avance à chaque tentative d’Israël d’affirmer sa « judéité », sous la forme d’accaparement de plus de terres par exemple.

Kelly doit prendre conscience que le président Abbas ne peut revenir sur sa promesse de ne pas tenir de nouveaux pourparlers tant que la colonisation et la judaïsation ne sont pas arrêtées.

L’ancien premier ministre Yossi Beilin a présenté une explication intéressante à propos de « l’audace » de Kerry dans la proposition de ce plan. Selon lui, Kerry croit que la situation actuelle dans la région est similaire à ce qu’elle était lorsque l’Irak a envahi le Koweït. La guerre en Syrie et l’immixtion iranienne ont causé un tel désaccord dans la région, qu’il sera facile de pousser les pays du Golfe et la Jordanie à presser les Palestiniens à accepter les négociations sans conditions. Il est également facile de pousser ces pays du Golfe à financer les projets proposés par Kerry.

En d’autres termes, on attend des pays du Golfe et de la Jordanie qu’ils brandissent la carotte et le bâton face aux Palestiniens. Si les Palestiniens refusent de coopérer, les pays du Golfe auront juste à les menacer d’arrêter leur aide financière.

Yasser Abd Rabbu, secrétaire du comité exécutif de l’organisation de Libération de la Palestine (OLP), a déclaré que l’initiative de Kerry est loin d’être définitive. L’initiative « n’est pas achevée elle est en cours et je ne peux pas dire qu’il y a une initiative ou des idées toutes faites en ce moment ». Abd Rabbu a rejeté l’éventualité de négociations démarrant à la mi-juin. Ce serait « trop tôt. »

Il a exprimé l’espoir que Kerry montre une prise de « position nouvelle et viable au lieu de l’éternel défilé d’émissaires que les États-Unis envoient dans la région depuis de longues années ». Abd Rabbu a ajouté qu’il était nécessaire de « donner des garanties sérieuses et valables afin que les négociations soient un succès ».

Le responsable de l’OLP a rejeté une déclaration du Secrétaire aux Affaires Étrangères britannique William Hague selon lesquelles, les négociations commenceraient « au milieu du mois prochain ». Il a précisé ; « je ne suis pas d’accord avec cette prévision même si elle provient du Secrétaire aux Affaires Étrangères ».

Selon Abd Rabbu, « Israël essaie de sortir de la difficulté de la situation actuelle ». Il accuse les Israéliens de « vouloir dépeindre les Palestiniens comme étant ceux qui refusent de négocier ». On n’offre pas grand-chose aux Palestiniens pour les convaincre, a-t-il noté, pas même l’arrêt de l’expansion des colonies.

L’ex-président Abbas a déclaré lors du Forum Économique Mondial qu’il était déterminé à assurer la sécurité d’Israël. Il s’est même vanté que l’Autorité de Ramallah a laissé repartir 96 soldats israéliens et colons entrés « par erreur » dans les territoires de l’AP.

Il est encore trop tôt pour apprécier les perspectives de négociations de Kerry. Jusqu’à présent, ce n’est qu’aux Palestiniens qu’on demande de faire des concessions.

En bref, les américains exigent d’Abbas de prendre l’argent et d’oublier tout le pays.

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29 mai 2013 - al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/News/278...
Traduction : Info-Palestine.eu - Fadhma Nsoumer