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Affrontements et violences policières à la Journée de Jérusalem
samedi 11 mai 2013 - Sam Gilbert – Palestine Monitor
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La violence perpétrée contre les Palestiniens dans leur propre ville de Jérusalem est jugée comme nécessaire pour la réalisation d’une Jérusalem exclusivement juive - Photo : Eugene Peress.

Les manifestants palestiniens s’étaient rassemblés devant la porte de Damas ce mercredi 8 mai, alors que des groupes de jeunes israéliens exubérants marchaient vers la vieille ville de Jérusalem. Ces manifestations étaient une réponse à la « Journée de Jérusalem », qui célèbre la réunification de Jérusalem avec Israël après la guerre de 1967. Pour les Palestiniens, la Journée de Jérusalem marque le début d’une occupation qui dure et d’une campagne de colonisation de Jérusalem-Est qui se poursuit encore aujourd’hui.

En début d’après-midi, des groupes à la fois de Palestiniens et d’Israéliens s’étaient rassemblés devant la porte de Damas, se renvoyant des mots et des slogans les uns aux autres. Quand on a questionné jeune Palestinien sur ce que disaient les Israéliens, il a répondu simplement : « Je comprends tout, mais tout ça ne m’apprend rien ». La police est intervenue périodiquement tout au long de l’après-midi, souvent pour créer une zone tampon entre les deux groupes.

Ce qui a commencé comme un échange animé entre les deux groupes a rapidement tourné à la violence quand la police et les soldats israéliens ont commencé à repousser les manifestants palestiniens loin derrière la Porte pour tenter de sécuriser le périmètre au profit de la marche juive dans la vieille ville.

Au cours de cette première poussée, les Palestiniens locaux et le personnel de presse ont été violemment agressés par la police et les forces militaires israéliennes alors qu’ils tentaient de s’éloigner de la Porte. Beaucoup ont été matraqués et emmenés les menottes aux poignets, tandis que d’autres ont été frappés alors qu’ils essayaient de s’esquiver par les escaliers et de filer par les rues. Une femme a subi un étranglement et été frappée à coups de pied pendant qu’elle était traînée vers le haut des escaliers. Un homme a été jeté à terre et frappé dans le ventre à coups de crosse de fusil, par la suite il a été pris en charge par les paramédicaux des urgences. Beaucoup de ceux qui sont tombés se sont pris une volée de coups de pieds par la police, ce qui montre bien l’intensité de la violence de la police israélienne présente tout au long de la journée.

Les forces israéliennes ont continué leur chasse aux manifestants au-delà de la rue qui conduit à la gare routière de Jérusalem-Est, utilisant des chevaux et des engins antiémeute pour repousser les gens hors de la vieille ville tout en érigeant des barrières métalliques pour en interdire l’entrée. Vers 17 h, la police a organisé un périmètre autour de la vieille ville, poussant tous les Palestiniens hors de la vue des marcheurs (israéliens). Les manifestations se sont poursuivies près de la gare routière, les manifestants chantant « Palestine libre » et « Nous n’avons pas peur d’Israël  ».

Une fois les choses calmées, un jeune homme, nommé Ahmed, a parlé de ce qui s’était passé aujourd’hui. « La Journée de Jérusalem de cette année ressemble beaucoup à celle de l’année dernière et sera probablement la même pour les années à venir. Mais nous avons répondu à ces actions, même si cela signifie nous faire tabasser par la police et harceler par les colons. C’est tout ce que nous pouvons faire. »

La nouvelle Jérusalem

Cette célébration de l’ « unité » par les Israéliens est un affront direct aux Palestiniens à Jérusalem-Est qui ont dû regarder les foules de juifs israéliens se répandre à travers leur quartier dans une déclaration symbolique de leur réclamation exclusive de la vieille ville.

La célébration de cette fête controversée est particulièrement troublante quand on l’ajoute à l’expansion des colonies et aux expulsions de Palestiniens dans Jérusalem-Est qui ont lieu depuis 1967 et qui se sont poursuivies cette année.

Il est clair que cette fête n’est pas purement et simplement symbolique, mais qu’elle reflète la politique israélienne inchangée à l’égard de Jérusalem-Est. Une déclaration du gouvernement israélien de 2002 spécifie : « Il n’y a pas de Jérusalem-Ouest ni de Jérusalem-Est, mais seulement une ville sainte juive unifiée  ». Et dans les jours précédant la Journée de Jérusalem, le maire israélien de la ville sainte, Nir Barkat, affirmait que « les Palestiniens n’auront jamais de souveraineté sur la ville sainte », que « c’était dans l’ADN de Jérusalem d’être sous la "seule domination juive", et que la pression de la communauté internationale pour l’arrêt des constructions dans le territoire occupé était "illégale" ».

La séparation de Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie et les constructions qui se poursuivent débouchent sur une tentative méthodique de concrétiser cette rhétorique. La violence perpétrée contre les Palestiniens dans leur propre cité aujourd’hui est jugée comme nécessité pour la réalisation d’une Jérusalem juive.

Vers la fin de la journée, un jeune Israélien, nommé Jacob, a raconté ce que cette fête signifiait pour lui. Il a dit simplement, « Cette journée représente notre revendication éternelle pour Jérusalem, de faire de Jérusalem une ville exclusivement juive, comme elle devrait l’être. »

9 mai 2013 - Palestine Monitor - Traduction : Info-Palestine