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Il n’y a rien de positif à attendre de la visite d’Obama en Palestine occupée
lundi 4 mars 2013 - Khaled Amayreh
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Véritables fer de lance de la colonisation sioniste en Palestine occupée, les colons juifs ultra-violents et au racisme anti-arabe viscéral, dictent aujourd’hui leur loi à toute la politique israélienne - Photo : Getty

Alors que l’administration Obama fait pression sur Israël et l’Autorité palestinienne (AP de Ramallah) pour reprendre des pourparlers de paix actuellement inexistants, les responsables et porte-parole des deux côtés voient peu de possibilités d’un retour à un soit-disant processus de paix que de nombreux observateurs estiment tout à fait mort.

La visite en Israël-Palestine du président Obama et de son secrétaire d’État Kerry est prévue en mars dans ce qui pourrait bien être la dernière chance de sauver la vision de deux États.

Les réalités sur le terrain montrent que les obstacles entravant un éventuel processus de paix restent les mêmes, avec principalement la constante expansion des colonies juives et le refus catégorique d’Israël de mettre fin à son occupation militaire des territoires palestiniens, dont la Cisjordanie et Jérusalem-Est.

Cette semaine, Netanyahu a réitéré sa volonté de blocage dans le conflit avec les Palestiniens, en disant que la Jérusalem-Est arabe resterait sous contrôle israélien dans le cadre de tout futur accord de paix.

Il a également réaffirmé que toute entité palestinienne aurait l’obligation de répondre aux besoins de sécurité d’Israël, en permettant à l’État hébreu d’avoir un contrôle effectif sur les passages frontaliers ainsi que d’avoir le dernier mot en matière de sécurité et de relations extérieures.

Netanyahu a également répété la litanie que les Palestiniens devaient reconnaître Israël comme un « État juif » [ou en d’autres termes « ethniquement pur » - N.d.T]. Le terme « État juif », qui peut paraître innocent pour les non-initiés, est un euphémisme pour donner à Israël le droit de se débarrasser de plus d’un million de non-Juifs (à savoir les Palestiniens) de nationalité israélienne, en les expulsant par exemple vers un futur État palestinien.

« Arriver la paix avec cet homme [Netanyahou], avec un tel état d’esprit, c’est tout à fait impossible. Il nous offre une entité Mickey Mouse sous contrôle israélien et il attend de la communauté internationale qu’elle le félicite et prenne cela comme un signe de bonne volonté », a déclaré Yasser Abed Rabbo, un des responsables de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP).

Abed Rabbo a ajouté : « si c’est ce qu’il va dire à Obama, alors la reprise de pourparlers de paix sera totalement dénuée de sens. »

Le responsable de l’OLP, qui était interviewé sur Radio Palestine mardi, a dit être pessimiste en raison du fait que les dirigeants israéliens ont continué à user de faux-fuyants, de tromperie et d’une fausse représentation des faits, comme modus operandi pour un processus de paix.

« Nous avons entendu ces mensonges mille fois. Si Israël refuse de reconnaître le principe d’un retrait sur la base dues frontières du 4 juin 1967, il est inutile et vain de parler d’un véritable processus de paix. »

Un autre responsable de l’OLP, Saleh Raafat, du Parti Feda, a également écarté toute possibilité de progrès dans le processus de paix.

« Il faudrait un miracle pour qu’Obama réussisse dans sa médiation. En fait, c’est se moquer de la réalité que d’appeler ’médiation’ l’initiative américaine, compte tenu de l’alliance ombilical entre les États-Unis et Israël. »

« Obama ne fera pas pression sur Israël jusqu’au point de les forcer à abandonner les territoires occupés et à reconnaître la légitimité des droits des Palestiniens. »

Lundi dernier, Netanyahu a déclaré qu’il rencontrerait les Palestiniens à n’importe quel moment et à n’importe quel endroit. Une déclaration qui laisse toutefois les responsables Palestiniens sceptiques car ils savent que ces propos ne sont que pure propagande abjecte visant à donner aux Américains une bonne image de Netanyahu.

Le leadership Palestinien qui, de manière générale, ne fonde pas de grands espoirs sur la prochaine visite d’Obama en Israël et en Palestine, semble prêt à tout pour impliquer à nouveau les Américains, dans l’espoir de faire bouger un processus de paix stagnant au Moyen Orient.

Dans cette perspective, l’ex-président Mahmoud Abbas dépêchera cette semaine à Washington le chef des négociateurs Palestiniens, Saeb Erekat afin de demander à l’administration Obama de relancer le processus de paix.

Cependant, compte tenu de l’intransigeance israélienne, il y a des doutes quant au consentement des parties au sujet des « propositions de conciliation » que les Américains soumettront.

De plus, les perspectives globales seraient encore plus sombres si l’on ajoute à la situation actuelle les considérations politiques intérieures des États-Unis, notamment l’influence pesante et démesurée du lobby juif sur le Congrès américain.

Grèves de la faim

Pendant ce temps, Israël continue de réagir avec une dure et totale indifférence envers l’actuelle agonie des grévistes de la faim Palestiniens qui protestent contre leur incarcération illégale dans les prisons israéliennes et dans les camps de détention.

Parmi ces détenus à l’article de la mort, Samer Issawi. D’après son avocat, l’état de santé de l’homme de 35 ans s’est manifestement détérioré depuis qu’il a commencé une grève de la faim intermittente qui dépasse aujourd’hui les 200 jours. Des sources médicales plus au fait de la situation de Samer ont rapporté que le prisonnier souffre actuellement de problèmes de santé irréversibles, ayant notamment atteint ses nerfs et ses organes vitaux.

C’est pourquoi, sa famille craint qu’il ne meure d’un instant à l’autre. « Les Israéliens sont plus que sadiques, plus qu’insensibles ; ce sont des criminels déclarés, » atteste Sherine, la sœur de Samer.

Elle ajoute : « L’appel que nous lançons n’est pas destiné aux autorités israéliennes : nous savons qu’ils n’ont ni cœur ni sentiments pour libérer mon frère. Par contre, nous nous adressons aux citoyens d’honneur, aux hommes et aux femmes de conscience à travers les quatre coins du monde afin de faire pression sur Israël pour qu’il libère Samer et ses codétenus. »

Par ailleurs, Sherine ne manque pas de condamner « le jeu sadique d’Israël avec sa famille. » Elle accuse : « Ils attendent la dernière minute ou la dernière heure pour qu’ils le transfèrent à l’hôpital. Ainsi, ils lancent un message clair et sans équivoque à tous les jeuneurs Palestiniens et à leurs familles, comme ça, si quelqu’un pense entamer une grève de la faim, l’agonie ou la mort lui serait réservée avant même que ses revendications ne soient satisfaites, voire jamais. »

Pour rappel, Samer Issawi qui a été arrêté il y a plus de sept mois, n’avait commis aucun acte de violence.

La seule accusation qu’Israël a formulée contre lui consiste à une soi-disant violation des termes et modalités de sa libération entrant dans le cadre de l’accord Shalit signé il y a deux ans et au cours duquel, Israël avait libéré des centaines de prisonniers Palestiniens en échange du soldat Shalit, capturé en 2006 par le Hamas. La violation présumée était en fait le déplacement de Samer en Cisjordanie pour rendre visite à un ami.

Le deuxième cas connu est celui de Ayman Sharawneh. Originaire de la ville de Dura, Ayman est également à deux doigts de la mort à cause de sa grève de la faim, choisie pour protester contre sa détention illégale.

Le troisième cas est celui de Dirar Abu Sisi qui souffre dans les prisons israéliennes de « douleurs physiques et psychologiques aiguës. » Son avocat a même confirmé que le prisonnier a été nourri d’aliments avariés et malsains, offerts par les gardiens des prisons israéliennes.

Pour rappel, Dirar Abu Sisi est ingénieur en mécanique et a été kidnappé, il y a deux ans, par les agents israéliens du Shin Bet en Ukraine. Israël l’accuse d’avoir une main dans la fabrication de missiles dans la Bande de Gaza, une accusation que l’ingénieur nie avec véhémence.

Face à cette situation, les responsables Palestiniens ont averti le côté israélien en soulignant que la mort de n’importe quel prisonnier enflammerait toute la région et déclencherait un nouveau soulèvement que même l’Autorité Palestinienne ne saura ni réprimer, ni calmer.

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28 février 2013 - Al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/News/151...
Traduction : Info-Palestine.eu - CZ & Nour